Désarmez les toboggans, vérifiez la porte opposée
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Désarmez les toboggans, vérifiez la porte opposée
PNC à vos postes, désarmez les toboggans, vérifiez la porte opposée, préparez-vous au décollage... C'est en ces termes abscons que le chef de cabine s'adresse au personnel navigant commercial sous l'ordre du commandant de bord, sous nos yeux et dans nos oreilles, ébahis et curieuses, de simples passagers du moment.
Témoins d'une manoeuvre professionnelle aussi simple qu'impossible pour ceux qui ne seraient pas habilités pour l'exercice du métier de voler et de revenir vivant. Inhabilités. Témoins sans plus. Fans comme moi peut-être. J'adore ce théâtre à ciel ouvert. Cette série sans intrigue. Cette chorégraphie que j'accueille volontiers sur mes genoux lorsque j'ai la chance d'occuper la sortie d'urgence. Un peu moins témoin alors, davantage invitée à l'événement. Je m'insère au plan de vol.
Plan de vol
C'est comme cela que je me suis sentie en rejoignant le personnel enseignant d'une des plus grandes écoles d'esthétique de Paris et de la France, indépendante. Les autres écoles sont aussi des instituts ou des fabricants tels, par exemple, Mary Cohr.
Ma mission est d'accompagner les étudiantes en BTS afin qu'elles réussissent et remportent le plus haut coefficient à l'épreuve de soutenance de leur projet professionnel qui doit se dérouler dans une "deuxième langue" : l'espagnol.
Cette mission est celle de l'accompagnement psychologique et de développement personnel que je déploie depuis douze ans, en individuel et en collectif. Tout est réuni dans ce nouveau cadre. Mais il est encore davantage que ce rôle de proximité. Il est un enrôlement collectif, un travail en équipe sur le terrain en lieu et place d'une intervention temporelle dans un planning, selon une succession d'intervenants qui se croisent peu.
Et le terrain est celui de l'école, à deux pas de la Place Vendôme, mais il est surtout celui de la cabine attenante au cockpit, là où les stewards et hôtesses se frottent entre eux et à la puissante machinerie de leurs moyens de service à bord, de communication et de rangement, escamotée derrière de multiples portes de placard et de tiroirs.
Parmi le personnel de cabine
La "salle des profs" de l'école d'esthétique de mes mercredi parisiens est la plus fidèle reproduction que je n'ai jamais rencontrée de la cabine du personnel. Il n'est qu'une fenêtre à gauche et des murs métalliques emplis de casiers, de placards et d'étagères codifiés. Chacune et chacun des intervenants occupent une place qu'elle et lui tiennent debout sur leurs deux pieds écartés, que l'on échange seulement de concert, nos mains confluant vers le café et l'évier.
Je retrouve mes collègues à la pause de midi : un lieu d'escale, un temps suspendu, un hub de correspondances, un pallier d'où nous attendons, sans le reconnaître vraiment, la puissance d'un retour.
Je commence cette mission. Le professeur de compta-gestion m'a été présenté comme notre plus ancien compagnon : personnel navigant depuis vingt ans. C'est lui qui a l'oreille la plus exercée : - ça y est ! Ils sont de retour.
Le bruissement semble pourtant être celui du vent de l'hiver.
Le professeur d'art le confirme. Le bruit des bottes dans l'escalier ne fait plus de doute en ces quelques secondes écoulées.
Chacun échange sa place, chacun reprend ses dossiers. Je suis nouvelle à la manoeuvre mais je m'y coule avec une aisance qui m'effraye de sa témérité.
Nous sommes à nos postes. Nous armons les toboggans et nous vérifions la porte opposée... Nous quittos notre terre ferme pour affronter les multiples rivages des salles de classe, ces ports de départ des générations futures qu'il nous est donner de former bien au delà de la technicité. Au plus près de leur urgence de vivre et d'aimer.
En formation continue
J'ai aimé accepter ce poste que je n'ai jamais demandé.
Puisque j'accompagne d'autres à saisir des opportunités ou à les bâtir de toutes pièces, comment aurais-je pu m'en protéger ?
Mes prestations de psychodyssées professionnelles se fondent, se forment et continuent de se former auprès de mes propres odyssées.
Ever mind est mon domaine des possibles et des leurs.