CHAPITRE 5
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CHAPITRE 5
Des jours passaient, ainsi que des nuits. Monique arrivait enfin à se débarrasser des pensées indélébiles de son mari raté même s’il lui en restait encore quelques-unes qui ne pourraient l’échapper.
– Ma fille, appela un jour Adora, sa daronne, tu es encore très jeune et je voudrais que tu entreprennes une activité. Qu’en penses-tu à propos ?
La jeune femme poussa un long soupire et, le regard enfouit dans celui de sa mère, elle répondit :
– Maman, j’y ai aussi pensé mais franchement, je ne sais quoi entreprendre.
– Sinon c’était ma mère qui me disait quelque chose quand elle était vivante : une femme vertueuse se bat pour deux choses.
– Et quelles en sont ces deux ? s’enquit Monique.
– La première des choses pour laquelle elle se bat est son gagne-pain. Avec ça, même son homme de foyer la respecte et la considère que tout.
Un moment de silence vint aplanir les lieux.
– C’est vrai, maman, je partage son avis. Et quelle en est la deuxième ?
– Après le gagne-pain, vient ensuite l’homme de sa vie.
– Vraiment, ma grand-mère serait une personne domptée de sagesses. Mais maman, et voilà que moi je ne m’étais pas battue en premier pour mon gagne-pain.
– C’est en cela qu’on dit que les conséquences corrigent mieux que les conseils. Quand les voisins me parlaient de toi et de ton soi-disant mari dans ce pays et que je te criais dessus, si tu avais dû m’écouter, tu ne serais pas l’objet de ses emmerdements aujourd’hui ! Si tu m’avais écoutée dans le temps, je crois que tu aurais déjà décroché ton BAC comme Camelle, ta copine de tous les temps ! Voilà maintenant tu as tout perdu.
Ce rappel que venait de lui faire sa mère, la plongea dans une lourde nostalgie que Monique finit par regretter.
– Pourquoi est-ce que tu pleures ? Mieux te taire parce qu’on ne rattrape plus le temps passé.
À cette tirade, Monique s’agenouilla entre les jambes de sa mère et d’une voix abattue, commença à la supplier.
– Maman, daigne me pardonner s’il te plaît ; je ne savais pas que ça me rattraperait un jour.
– La vie est basée sur les lois du karma et quoique l’on fasse, tôt ou tard, il y a son prix. Ton père, paix à son âme, promettait te mettre dans le corps armé tout comme tes deux frères aînés. Mais à défaut de ton entêtement, il t’avait ignorée jouir de ta liberté ! Voilà enfin là où tu t’es retrouvée.
Monique, devant les déclarations de sa mère, n’arrivait plus à contenir pendant une seconde ses larmes qui lui ruisselaient le long des joues.
– Dans le temps, ajoutait la mère, lorsque je te menaçais et t’interdisais la compagnie de ce vaurien, tu me gardais rancune à longueur de journée et parfois, pendant des semaines comme si je tenais à te priver de ton précieux diamant. Alors que je faisais tout ça pour ton bien parce que je sais de quoi sont capables les hommes ; peu d’entre eux tiennent leur promesse ; voilà que tu en as été victime.
– Tcho, maman, je te demande pardon, dit-elle, tout le visage maculé de larmes.
– Je t’ai déjà pardonnée ! Ce qu’il faut tout simplement savoir est que quand un parent reproche quelque chose à son enfant, pour éviter les éventuels risques, l’enfant a le devoir d’écouter ses parents puisqu’ils sont ses demi-dieux et savent comment l’épargner des dangers de la vie. Observe un peu Bintou, ta grande sœur. Elle a été dotée par son mari et les membres de sa belle-famille ! Imagine depuis qu’elle est partie, est-ce que tu l’as jamais vue revenir dans cette maison ? Elle ne reviendra jamais parce que son mari connaît sa valeur et la traite comme un ballon d’or ! Son mari ne va jamais oser lui faire du mal car, nous lui avions confiée notre fille sous un prétexte. Mais toi, parce que ton père et moi insistions que jamais tu n’allais pas te marier sitôt tant que tu n’aurais terminé tes études, alors tu as fui pour aller le joindre ! Maintenant, où es-tu revenue à présent ? N’est-ce pas la même demeure d’où tu t’étais enfuie ? Tu sais ma fille, en notre temps, les choses ne s’étaient pas passées telles qu’elles se passent aujourd’hui ! Nous, en notre temps, on n’avait jamais désobéi à nos parents. On ne faisait rien qui allait contre leur volonté. Il faut que les parents soient fiers du mari qu’a choisi leur fille. Toi-même imagine un peu, depuis que tu es partie, penses-tu que ton idiot d’Armel nous a une seule fois rendu visite dans cette maison ? Même à la mort de ton père, tous les deux autres maris de tes sœurs étaient présents, mais lui non ! Tout simplement parce qu’il a trouvé une femme née d’un arbre et qui n’a aucun parent.
Pendant que maman Monique exprimait son désarroi et son mécontentement, Monique ne faisait que pleurer. Elle avait le visage plein de larmes telle une personne qui regrettait avec grande amertume, un acte très horrible. On dirait que la mère, de par ses paroles, lui infligeait des coups qui lui faisaient très mal.
En réalité, la mère lui avait pardonné mais elle se rappelait encore de tout à chaque fois qu’elle fermait les yeux.
Et c’est normal d’ailleurs. Il est souvent difficile d’oublier certaines choses même si ce sont des actes déjà pardonnés.
Monique, quant à elle, ne cessait de pleurer. Les larmes lui coulaient fortement.
– Mieux vaut te taire que de pleurer parce que tu nous as trop énervés dans cette maison.
Certes, malgré tous les soulagements que lui léguait sa mère, Monique reconnaissait enfin d’avoir profondément blessé ses parents dont la mère en l’occurrence.
– Maman, appela-t-elle tout désespérée, pard...pardonne-moi s’il te plaît ; je ne savais pas que tout ceci allait arriver ou me rattraper.
– Moi, je t’ai déjà pardonnée, franchement ! Quant à ton père, je ne sais pas. Il est vrai que ton père n’est plus de ce monde, sache que tu as aussi ta part au nombre des raisons qui lui ont rendu la vie invivable. Tu lui as donné trop de soucis, il faut que je te l’avoue aujourd’hui.
À ces paroles, Monique eut envie de s’étrangler. Et comme pour rejeter le tort sur Armel, elle commença par chuchoter. De ses chuchotements, on pouvait l’entendre dire :
– Armel, je ne te pardonnerai jamais ! Jamais tu n’auras la paix dans ta vie. Si c’est bien toi qui m’as privé de ma virginité, jamais tu n’auras la paix dans ta vie. Cette maison que nous avions prise du temps à construire ensemble, tôt ou tard, tu la vendras et tu finiras par déambuler de rue en rue. Compte sur ma ferme volonté.