Départ (Paris - Tokyo)
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Départ (Paris - Tokyo)
18h40. Nous avons surmonté le dernier obstacle important qui nous sépare du pays de Pikachu : le RER Troyes-Paris. Ses mystiques et multiples mésaventures (Parmi les raisons à l'origine d'un retard ou d'une annulation d'un RER Troyes-Paris au cours de l'histoire, on compte entre autres : une canicule ayant conduit à une surchauffe, un suicidé sur les voies, un oubli de locomotive.) ne nous ont pas touchés cette fois. Le chauffeur a fait une annonce spéciale pour marquer le tout dernier trajet de la locomotive diesel qui nous tractait. Elle totalisait ce jour-là 10 000 000 de kilomètres.
Après s'être acheté des sandwiches (Les Belettes Sauvages sont une catégorie de belettes bien particulières qui ne disent pas non à du pain frais, des tomates et un peu de salade.) on fait le trajet à pied jusque gare du nord, dans la foule et les odeurs nauséabondes propres à notre grande capitale. Finalement, mon sac est plus lourd que ce que j'imaginais. Je préfère pourtant voyager léger.
Les sandwiches sont dévorés dans le RER B vers Charles-De-Gaule. On a eu un train direct, quasiment vide. Les Parisiens prennent celui qui fait tous les arrêts pour rentrer chez eux. On donne une petite pièce au musicien qui vient de nous jouer un morceau d'accordéon pendant le trajet (Le même musicien que dans tous les métros et tous les RER de toutes les capitales européennes. Il est partout). C'est la première fois que je prends ce train. L'aéroport est très excentré, à une quarantaine de minutes de gare du nord.
La seule fois où j'avais pris l'avion, j'étais toute petite, alors je n'en ai quasiment aucun souvenir (Je me rappelle seulement que c'était dans le cadre d'un voyage à Malte organisé par l'entreprise où travaille ma mère, qui a peur en avion, et qu'une histoire de moteur qui ne marche pas nous avait fait prendre pas mal de retard, et avait dû faire pas mal flipper ma mère, je présume, puisqu'elle avait déjà peur de l'avion même sans ça). Par conséquent, je ne savais pas à quoi ressemble un aéroport. En fait, c'est une sorte de grosse gare avec plusieurs étapes pour arriver sur le quai : impression d'étiquette, pesée de bagage, sas de vérification du passeport biométrique, train jusqu'à la porte d'embarquement, vérification des bagages cabine et de sa personne au rayon et enfin, accès aux boutiques du quai.
Guillaume dit "Paris-Budapest, c'était pas aussi long". En tout, il s'est passé une heure entre notre entrée à l'aéroport et le moment où on s'est tranquillement assis en attendant notre avion. Mais c'est plutôt bien indiqué, et il y a du personnel dans tous les endroits un peu grands et louches où on ne sait pas trop où on va. J'espère que Haneda sera aussi bien et qu'on retrouvera notre sac à dos de 3.3 kilogrammes hors format catégorie trop léger pour le tapis, supposé rejoindre l'avion par un autre chemin que le tapis, soit un genre de chariot ; contrôlé par un humain.
Comme on est censé être là au moins une heure avant l'embarquement (conseil d'Air France), il y a aux alentours plein de trucs pour s'occuper : des PS4, des PC, des boissons et de la nourriture, et même un salon de massage pour détendre les futurs passagés inquiétés à l'idée de se crasher prochainement (Une initiative parfaite pour ma mère. Je ne sais pas si ça existait déjà à l'époque de Malte, ça ne me dit rien). Sur les sièges proches de nous, il y a des gens qui lisent, des gens sur leur téléphone (dont Guillaume), des gens sur leur PC, un mec qui dort allongé sur trois sièges, des gens sur leur tablette, et une japonaise avec un carré court frange de japonaise. Guillaume a eu l'idée d'emmener une petite liseuse, alors on commence ensemble "La huitième couleur" de Terry Pratchett.
L'embarquement, c'est le bordel. Moi, j'ai pris une place côté hublot, Guillaume est à côté de moi, et à sa gauche il y un japonais quarante ou cinquantenaire en costume. Moi, j'aime bien être côté hublot, parce que je peux regarder les nuages et j'ai le contrôle du pare-soleil. Très important le contrôle du pare-soleil. Guillaume, le hublot, il aime pas trop ça (Rapport à une histoire d'accident de hublot cassé ayant tué une personne, un jour, au cours de l'histoire de l'humanité). La classe éco, c'est pas ouf. On est dans des sièges tous petits. Au moins, ils sont confortables et on a des coussins, même s'ils sont tous petits aussi.
L'avion descend à 18h10 heure de Tokyo, par un beau coucher de soleil. Quand il passe sous les nuages, on a une belle vue sur tout le paysage : rivières, lacs, routes qui serpentent entre les petites villes. Bientôt, on aperçoit la mer avec les avancées artificielles planes et carrées qui me rappellent les Pays-Bas et leur absence de côte assez similaire. D'en haut, Tokyo a l'air minuscule, comme une aire de petites briques Lego juxtaposées qui s'étalent sur tout l'horizon.
L'avion finit par se poser. Voilà, on est au Japon.