Lundi prochain débutera la COP21 à Paris. Rendez-vous avec l'Histoire attendu. Je ne vais pas vous en retracer l'historique ni les enjeux, je pense que les médias vont se charger allègrement de cela, avec un nouvel os à ronger pour tourner la page des attentats avant de préparer celle de Noël. Pour un rappel clair, synthétique, et didactique, je vous recommande une fois de plus une de mes émissions préférées, l'édition du dessous des cartes consacrée à cette question :

Les politiques ont donc rendez-vous avec l'Histoire, et on attend d'eux qu'ils soient à la hauteur des enjeux : le risque climatique est le premier risque qui menace l'équilibre de notre planète, bien avant le risque terroriste. Mais au lieu de se consacrer à ce show médiatique qui nous attend, projecteurs et caméras braquées sur tous les chefs d'Etat qui vont défiler à Paris, j'aimerai qu'on inverse la caméra de nos téléphones, et qu'on fasse chacun cette véritable introspection :

Dans quelles mesures mes actions et mon mode de vie participent au réchauffement climatique, et dans quelles mesures je peux moi aussi à mon niveau réduire mon impact sur la planète ?

Car il est bien beau de critiquer les élites et désigner des coupables pour tant d'inertie, mais la première des choses à faire dans une démarche concernée et honnête est de nettoyer devant sa porte, et d'être soi-même à la hauteur des beaux discours qu'on aimerait voir appliqués.

Même si nous ne représentons qu'un grain de sable sur la plage, c'est la multiplicité de nos actions et de nos modes de consommation qui a amené à la situation plus que critique que nous connaissons aujourd'hui. C'est donc aussi par la multiplicité de nos prises de conscience et de nos changements de comportement que l'on peut espérer un infléchissement des orientations que nous prenons, individuellement et collectivement. De simple spectateur nous devons passer à acteur. De consommateur nous devons devenir consomm'acteur. Cela intervient à chaque instant dans notre vie. De favoriser la marche, le covoiturage ou les transports en communs, de consommer moins de viande, notamment de bœuf, de privilégier les fruits et légumes de saison, les produits de proximité, de veiller à ne pas gaspiller inutilement l'eau ou l'électricité, à son travail comme chez soi, de favoriser le recyclage, la récupération de biens dans des brocantes, Emmaüs, des magasins de trocs, plutôt que de toujours vouloir acheter neuf et de jeter ce dont on ne veut plus, de ramener ses piles, ses ampoules, ses produits électroménagers cassés ; de toutes ces démarches multiples que l'on connaît mais que l'on oublie souvent de faire, par négligence, insouciance, facilité, manque de temps et de volonté. Notre pouvoir personnel est infime, notre pouvoir collectif est immense.

Au delà de nos préoccupations quotidiennes, nous avons une responsabilité collective. Notre société de consommation nous offre l'accès à tout un tas de choses, mais sachons en être un peu responsables. Ici au Tchad, quand je rentre du travail avec ma bouteille d'eau à la main, c'est au moins dix personnes qui souhaitent l'acquérir. Nous passons notre temps à nous offusquer et à revendiquer nos droits, mais nous devrions aussi et avant tout nous rappeler que la contre-partie c'est que nous avons des devoirs.

On ne nous demande pas (encore) de changer radicalement nos modes de vie ; on nous demande de prendre conscience tout un chacun de notre impact sur la planète et de consommer de manière responsable et non outrancière. Après, ceux qui veulent être les pionniers de démarches plus ambitieuses ou innovantes, installer des panneaux solaires, circuler avec une voiture électrique, militer contre toutes les entreprises qui ne vont pas dans le sens d'un développement durable, se fédérer pour financer une éolienne, adhérer à une amap ou participer à des jardins de ville, sont les bienvenus et auront certainement une longueur d'avance pour demain. Notre devoir est de ne pas fermer les yeux ou tourner la tête, et notre ignorance est de notre propre responsabilité à l'heure où tant d'informations sur le sujet sont disponibles.

Ce qui est valable pour l'écologie l'est aussi pour tous les autres maux de notre société que nous décrions. Nous avons un devoir de nous informer d'où vient tout ce que nous consommons et dans quelles conditions il a été produit. Nous devrions exiger cette connaissance et utiliser ce pouvoir d'action pour réorienter les choix des entreprises vers où bon nous semble. Pour promouvoir un développement plus juste, plus équitable, plus moral, plus durable. Des conditions d'élevage des animaux destinés à la consommation, des conditions de travail des personnes qui fabriquent nos jouets et nos vêtements, de la politique sociale et respectueuse de ses employés des entreprises... On a connu l'essor des labels Bio, Commerce Equitable, Développement Durable et on devrait exiger qu'ils se multiplient et qu'ils deviennent la norme. On ne peut continuer de déplorer le chômage, les fermetures d'entreprises et les délocalisations, d'avoir des hauts le cœur quand on regarde un reportage sur l'industrie du porc ou sur des élevage de poules en batterie, et ne pas faire le lien quand on est devant l'étalage au supermarché. On ne peut se lamenter des attentats terroristes dans nos pays et refuser de voir que la politique extérieure de l'Occident et notamment de la France au Moyen Orient et en Afrique en a fait précisément le nid.

Je n'appelle pas à la culpabilité mais à la prise de conscience de nos responsabilités, de nos devoirs, et de nos pouvoirs d'action, si infimes individuellement, si puissants collectivement. C'est cela qui pourrait redonner un peu de sens au mot de démocratie (étymologiquement : le pouvoir au peuple) dont nous nous galvaudons tant, mais qui n'est plus qu'une chimère déclinée autour d'un vote tous les cinq ans, et dont nous nous déresponsabilisons le reste du temps pour ne faire que consommer des droits et des produits. En ces temps de choix cruciaux climatiques, j'en appelle à l'implication de chacun à son niveau, pour redonner un nouvel élan aux orientations de notre société et espérer aller vers le chemin de la démocratie participative.

NB : Ci joint quelques liens, non exhaustifs. Je ne me souviens pas de tout ce que j'ai pu voir circuler. Là encore, vos suggestions sont les bienvenues, mettez les en commentaires !