Du confinement au parfum exotique avec Baudelaire
En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 28 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Du confinement au parfum exotique avec Baudelaire
Rappelez-vous ce vers de Baudelaire, « Et l’espérance comme une chauve-souris s’en va battant les murs de son aile timide en se cognant la tête à des plafonds pourris ». Tout au début de la crise, la chauve-souris a été prise comme bouc émissaire, responsable des émissions du virus, ce terrible « Ennemi », qui sévit actuellement sur notre pauvre navire au-dessus duquel « le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ».
L’univers est souvent sombre chez ce « prince des nuées », « Roi d’un pays pluvieux » qu’est Baudelaire… Mais, à sa façon, en cette période de confinement, il nous montre l’exemple. La « chambre » dans laquelle il se réfugie peut être aussi bien « chambre à spleen » que « chambre à air ». Elle est de toute manière, comme le montre l’un de ses « Poèmes en prose », « double », parce que transfigurée. À la fois menacée par les spectres, et les « Angoisses despotiques », ce « peuple muet d’infâmes araignées vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux » et sublimée par les splendeurs de la Beauté et les lueurs des « Phares ».
Baudelaire a toujours été ainsi, dès son adolescence, un poète du confinement. Envoyé à dix-huit ans vers les Indes sur un cargo, ce voyageur immobile se planquait dans la soute pour laisser fleurir les fruits de son imagination. Pendant que les « hommes d’équipage » s’agitaient sur le pont du navire « glissant sur les gouffres amers », lui, dans l’indolence, contemplait le ciel. Ainsi, dans le poème qu’il a tiré de cette expérience, la « chauve-souris » se métamorphose en « albatros » aux « grandes ailes blanches ».
Il se peut bien qu’il ait ainsi voulu représenter la double aspiration qu’il y a dans l’homme, l’ange et la bête, le pire et le meilleur. Mais aussi cette double capacité à mettre à son navire, soit un « plafond pourri », soit « Ordre et beauté, luxe, calme et volupté », « musique comme une mer » et « parfum d’huile de coco, de musc et de benjouin ».
Et au bout du voyage, lorsque ce fichu « plafond pourri » aura volé en éclats, il faudra bien espérer pour l’homme d’équipage qui ne connaît encore que les « brûle-gueule », qu’il accoste avec le poète dans une « ile paresseuse où la nature donne des arbres singuliers et des fruits savoureux ». La planète et les tableaux parisiens s’en porteront mieux.