De la petite fille du Poudlard Express à la jeune femme d’Outlander
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De la petite fille du Poudlard Express à la jeune femme d’Outlander
C’était le noir du ciel qui l’avait tout de suite attirée. Les petites routes sinueuses filant sous ce noir onctueux qui contrastait tellement avec le bleu nickel des revues touristiques qu’elle avait feuilletées chez le coiffeur. Ça, c’était bon pour avant le confinement. Mais l’été arrivait, les dernières semaines avaient été exécrables. Et elle n’était pas retournée chez son coiffeur.
Elle se disait, sous ses cheveux en bataille, qu’elle avait besoin d’autre chose. Que le grand beau temps et la chaleur des pays du sud finiraient par l’ennuyer et qu’au fond, un peu de douche écossaise lui procurerait autant de bien que sa portion de ciel bleu, de sable chaud et de corps dans les vagues. Paraît que la brume et la pluie, ça régénère la peau.
Et puis elle avait vu des films, des séries mettant en scène les pays du nord et elle s’était mise à rêver à la Scandinavie, la Norvège, les îles Shetland, l’Écosse. Pourtant, elle n’avait rien d’une guerrière viking. Gracile avec ses yeux clairs en amande et ses allures de danseuse, elle se sentait sentimentale et exaltée. Petite, quand elle avait vu Harry Potter, elle avait flashé sur le miroir des lochs bleus entourés de montagnes. Et le train des songes l’avait amenée, par le fabuleux viaduc, au pays des sortilèges. Poudlard Express. « Le stream train », entre Glasgow et Mallaig, face à l’immense archipel des îles Hébrides. Un coup de baguette magique et des noms inconnus et sonores s’étaient mis à voltiger dans sa tête : Skye, Iona, Jura, Mull, Lewis, Harris…
Au printemps, pendant les longues journées de confinement obligatoire, elle s’était embarquée dans la série « Outlander ». La beauté des paysages, le charme des personnages, le romantisme de la saison 1 qu’elle avait revue dix fois, l’avaient résolue à prendre un vol pour Inverness, la ville pas loin de laquelle Claire, l’héroïne, remonte dans le temps. Sa tête résonnait encore de la chanson du générique, « Sweet bonnie boat like a bird on the wind, over the sea to Skye… ».
Maintenant qu’elle allait partir, elle rêvait d’un bel Écossais en kilt, si possible un Écossais du clan Fraser, comme Jamie, le héros du feuilleton. Certes, elle ne passerait pas à travers les pierres de Craigh na dun. Elle ne s’en sentait pas le courage… Mais, le verre de whisky à la main (un bon Talisker de l’île de Skye) elle aurait toutes les audaces…