Quelle est votre vision des réseaux sociaux aujourd’hui ? Y a-t-il de la place pour des réseaux sociaux de niche et pour des réseaux sociaux qui ne soient ni américains ni chinois ?

Ma vision est la suivante à l’aube 2025. Cela fait un quart de siècle que les réseaux sociaux sont arrivés en déclinant différents formats de contenus pour soi-disant divertir et informer les publics en créant de nouveaux usages numériques. Ils ont capté le temps d’attention des publics connectés et pas toujours de la bonne manière ! Mark Zuckerberg, Elon Musk et Zhang Yiming - fondateur de Tik Tok - ont mis au point des produits numériques dangereux en surfant sur les faiblesses psychiques humaines : le business de l’attention passe par le business de la tension ! 

Entre excuses de Mark Zuckerberg et phrases-chocs : au Sénat américain, l’audition des patrons de réseaux sociaux tourne au cirque politique - Article paru dans Le Monde le 1er février 2024. 

Ils participent à dévitaliser les cerveaux comme un dentiste dévitalise votre dent avant de l’arracher ! 

Le business numérique de l’attention et de la donnée - business parfois frauduleux avec la vente illicite de données et la propagation de faux contenus, combien de fois le groupe Facebook a t’il été condamné ? - s’est développé dans le monde entier à une vitesse folle sur tous les écrans avec différentes déclinaisons : ordinateur, smarphone, tablette, les objets connectés et cela s’accélère encore avec la démocratisation des IA. 

L’UE estime que Meta viole les règles sur les données personnelles de ses utilisateurs avec la publicité ciblée - Article paru dans Le Monde le 1er juillet 2024

Ce transfert de l’attention depuis les médias traditionnels d’hier vers les grands réseaux sociaux a paupérisé la presse écrite, la radio et la télévision. L’écroulement des revenus publicitaires participe à la paupérisation des médias et en même temps, les médias sont dépendants et esclaves des réseaux qui portent les audiences. Entre la mort et l’agonie, c’est difficile de choisir ou de survivre. D’ailleurs, les médias sont souvent devenus les danseuses des milliardaires pour servir des objectifs économiques ou politiques. J’enfonce une porte ouverte !

Au niveau sociétal, nous perdons du temps de vie - pourtant si précieux - sur les grands réseaux sociaux parce que nous sommes aussi confrontés au business des fake news qui rapporte tant d’argent aux vendeurs de pub que sont les réseaux sociaux eux-mêmes : ils ont leur propre régie publicitaire ! En tant qu’utilisateur, non seulement vous perdez votre temps mais vous détruisez peu à peu votre esprit critique et votre cerveau par des contenus de plus en plus courts et saccadés, stressants, angoissants, visuels, audiovisuels. Sexe, tuerie, agressions, accidents de la route, défis interdits, tout y passe pourvu que cela fasse du clic et de l’addiction.

X (ex-Twitter) autorise désormais officiellement les contenus pornographiques - Article paru dans Le Figaro le 3 juin 2024

Vous détruisez aussi vos liens sociaux parce que vous êtes collés à vos écrans : il suffit de regarder le comportement des gens dans le train, dans le bus et même autour de la table lors des rituels familliaux. Les gens ne se parlent plus. Ils sont dans leur bulle et cette bulle est fabriquée par des algorithmes opaques qui détruisent les liens entre les hommes et les femmes en créant des tensions et en incitant des réactions agressives et violentes autour de sujets sensibles dont la politique bien-sûr. Bref, vous vous pourrissez la vie et la santé ! 

Le cyber harcèlement est un fléau. Ce phénomène rapporte indirectement de l’argent aux dirigeants des réseaux sociaux qui encouragent la création de comptes anonymes et de contenus anonymes pour faire chanter les gens et alimenter le flot ! Pourtant, ce cyber harcèlement a des conséquences graves pouvant aller jusqu’à mort d’homme. A ce propos, Mark Zuckerberg était convoqué au Sénat américain fin janvier 2024 parce que son réseau social tue des gens selon plusieurs sénateurs américains, ce n’est pas moi qui le dit ! 

Il est tant d’ouvrir les yeux et les oreilles et de changer sérieusement nos comportements d’usage en prenant conscience de l’impact de nos addictions numériques.

Malheureusement, les acteurs politiques français - je suis français ! - entretiennent ce cercle vicieux et dangereux en utilisant les réseaux sociaux de manière beaucoup trop mercantile, réactive et pas assez responsable.

Ils ne sont d’ailleurs pas crédibles lorsqu’ils dénoncent les dérives des réseaux sociaux parce qu’ils passent leur temps à twitter et à diffuser des vidéos sur Tik Tok et Instagram des contenus qui n’élèvent pas toujours le débat public et l’éveil des plus jeunes. Ils devraient se tourner vers des solutions ETHIQUES, RESPONSABLES, TRANSPARENTES et FRANÇAISES. Et montrer l’exemple ! 

La question est simple et l’enjeu est à l’échelle des enjeux démocratiques en Europe en cette période élective : « souhaitons-nous rester dans un univers d’usage où il y a autant de dysfonctionnements, de problèmes et d’oppacité ou bien voulons-nous créer un nouveau type de réseaux sociaux, plus orienté sur l’humain en respectant son temps de vie, ce qu’il est, ses états émotifs, avec une vision de la détente et non pas de la tension ? ». 

Je suis bien évidemment dans l’optique de la détente et je considère que le modèle de l’économie de l’attention est à bout : certains jeunes en ont conscience ! 

C’est pourquoi, nous avons créé le réseau social - de confiance - Panodyssey : l’anti Tik Tok comme le dit BFM TV ! 

Pourriez-vous présenter votre réseau social Panodyssey pour l’expérience de lecture ? Quels sont les services collaboratifs que vous proposez et quel est votre modèle économique ?

Est-ce que face à Amazon et au Kindle, il existe un positionnement original que vous exploitez ?

Panodyssey est un réseau social éthique - de confiance - dédié à l’écriture et aux lecteurs passionnés : littérature, articles, créations visuelles de qualité sont mis en valeur dans un espace sans publicité. Tout est personnalisable, c’est l’utilisateur le patron, pas la machine ! 

Les internautes et les lecteurs téléchargent gratuitement l’application mobile Panodyssey depuis l’Apple Store ou Google Play Store. La grande librairie numérique Panodyssey propose un premier univers fiction dédié au divertissement et à la flânerie. Un second univers non-fiction est dédié à la publication d'articles et de blogging tous confondus. 

Dans chaque univers, nous avons différentes catégories comme la new romance, la fan fiction, l’aventure, la culture ou l’économie. Au total une centaine de catégories et à l’intérieur de chaque catégorie, il y a des rayons comme dans les grandes librairies et bibliothèques. Nous nous inspirons des systèmes de catégorisations des supermarchés numériques pour que chaque contenu soit bien rangé et correctement documenté : univers, catégorie, description des espaces de rangement que l’on appelle des Creative Rooms, auteurs… Nous créons grâce à notre technologie des métadonnées, ce qui permet de pouvoir voyager à l’intérieur de ces bibliothèques de façon intuitive et délicate. Ceci est très différenciant par rapport à la désorganisation totale et brutale des réseaux sociaux classiques où l’on assiste à un déferlement de contenus et de posts. Chez Panodyssey, le lecteur décide de ce qu’il veut lire en fonction de son rituel, de son contexte, de son envie du moment ! On peut lire des brèves dans le fil d’actualité avec un contenu totalement personnalisable ou des formats longs dans la grande bibliothèque, on peut facilement se créer des piles à lire pour ne rien oublier ! 

Nous avons créé une expérience de lecture et de découverte unique au monde en allant à la rencontre des auteurs, créateurs et éditeurs de contenu. En tant qu’entrepreneur et créateur de Qobuz en 2006, je m’inspire beaucoup de ce que nous avons inventé dans le streaming musical pour l’adapter au streaming littéraire…

Autre innovation Panodyssey : les créateurs de contenus souhaitant monétiser directement leurs contenus - comme les journalsites et pigistes indépendants - sans intermédiaire peuvent utiliser et personnaliser les outils de monétisation et collecter directement leurs revenus dans leur portefeuille sécurisé Panodyssey. Si vous connaissez les plateformes américaines Patreon ou Substack, c’est exactement ce que nous avons intégré dans les outils Panodyssey et en plus nous sommes moins chers qu’eux et français ! 

Concernant les chiffres, au cours des 12 derniers mois, 500 000 lecteurs sont venus lire des publications. Même si notre platefome est accessible en 5 langues - contre 2 pour Substack - notre public est pour le moment essentiellement francophone. On recense 2 000 auteurs ou marques certifiés ayant utilisé la plateforme pour publier des contenus et rappelons que 100 % des comptes sont certifiés sur Panodyssey ce qui représente un garantie d’authenticité : pas de faux commentaires, pas de fausses audiences, pas de faux contenus chez nous. 

Comment gagnons-nous notre vie ? Tout est gratuit et sans publicité chez Panodyssey mais si un créateur souhaite plus de visibilité en accédant à des services supplémentaires, il y a une offre payante : 199 € à vie. Celle-ci a été lancée l’an dernier et à la rentrée des classes prochaine, nous proposerons une nouvelle gamme d’offres pour les auteurs autoédités à prix accessible. 

Concernant la collaboration, elle est partout chez nous. Concrètement, notre éditeur web est collaboratif. C’est comme un Google Doc ! Vous invitez des contributeurs et vous leur donnez des droits d’accès. Par exemple, avant la publication d’un texte, vous invitez des bêta lecteurs pour avoir un retour sur votre texte prêt à publier.

Enfin, le livre numérique et le livre physique sont complémentaires à Panodyssey. Le cerveau ne fonctionne pas de la même façon lorsque nous lisons un livre ou un fichier numérique non connecté. Panodyssey apporte une autre dimension : nous encourageons les passionnés à se rencontrer, à créer ensemble en pleine interactivité. Cela permet de vivre des expériences numériques différentes et de découvrir des auteurs, des ouvrages, des projets d’une autre manière. Il s’agit de supports complémentaires qu’il ne faut pas opposer. 

Finalement, l’objectif pour l’auteur, l’éditeur, le libraire et Panodyssey est bien de vendre des livres en papier ! 

Enfin comment jugez-vous la création de contenu originale et humaine à l’heure du tsunami provoquée par l’IA générative ?

Le point de départ est clair, indiscutable, responsable et étthique : Panodyssey est le premier réseau social au monde à faire de la certification de comptes et de contenus un prérequis non négociable. Nous avons créé un espace numérique propre et authentique en respectant le créateur et son œuvre originale. La propriété intellectuelle n’est pas une cerise sur le gâteau ! 

L’IA est outil et cet outil est au bénéfice de la création si nous l’utilisons pour ce qu’il est ! Par exemple, un créateur peut facilement incarner visuellement des personnages grâce à la création des images. Ce travail visuel peut impacter le narratif du créateur et l’imaginaiure du lecteur. 

Bien entendu, il existe des « voleurs » et des petits malins qui vont créer des livres numériques de A à Z pour espérer les vendre sur des plateformes… Ces voleurs ont toujours existé et il faut faire le ménage comme nous avons fait le ménage avec les pirates du numérique dans la musique il y a 20 ans : les pirates et les faux, dehors ! 

Pour assurer un usage éthique de l’IA générative chez Panodyssey, nous travaillons en collaboration avec la Commission européenne et des acteurs clés dont Arte TV, l’ADAGP, l’ARCOM, la SACEM, (...) et même le Ministère de la Culture en France ! Nous allons prochainement lancer un nouvel outil innovant : une notice numérique de transparence IA & IP. 

L’objectif de cette notice est d’informer les publics et les acteurs de la création et de la technologie si une IA a été utilisée et laquelle pour tel ou tel contenu. Je suis sûr que Google va adorer, il nous adore déjà de toute façon… 

Enfin, s’agissant de notre actualité, nous lançons un grand concours d’écriture estival avec différents prix : new romance, roman, poèmes, IA créative… Quoi de mieux que de lire à la plage et d’interagir avec ses auteurs favoris ? Si cela vous amuse, nous vous invitons à participer à cette iniatiatve que nous avons mise au point avec de grands créateurs et artistes dont le baryton Jorge Chaminé et le musicien, auteur et compositeur - passionné d’IA - Benoit Carré. Plusieurs partenaires sont impliqués autour de ce jeu d’écriteure dont la plateforme Babélio, le Centre Européen de la Musique et un éditeur de livres. 

Rendez-vous ici sur Panodyssey pour en savoir plus !