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La musique extraordinaire de Philippe Cohen Solal : la petite histoire Gotan Project

La musique extraordinaire de Philippe Cohen Solal : la petite histoire Gotan Project

Publicado el 25, abr, 2025 Actualizado 25, abr, 2025 Música
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La musique extraordinaire de Philippe Cohen Solal : la petite histoire Gotan Project

Publication originale écrite en anglais par l'écrivaine Claudia Moscovici

Traduction en français par Matthieu Binder & dissémination créative par Alexandre Leforestier


En 1999, le musicien français Philippe Cohen Solal a cofondé le groupe de tango novateur Gotan Project, avec l'Argentin Eduardo Makaroff et le Suisse Christoph H. Muller. Ensemble, ils ont révolutionné la musique de tango argentin, la rendant fraîche et contemporaine grâce à des remixes électroniques, des dubbing, des beats, des breaks et de nombreuses collaborations fructueuses avec d'autres musiciens de premier plan. Le nom du groupe lui-même est une anagramme du mot « tango », dont l'ordre des deux syllabes a été inversé pour donner Gotan. Les albums de The Gotan Project, La Revancha del Tango (2001), Lunatico (2006) et Tango 3.0 (2010), ont atteint une renommée internationale et se sont vendus à plus de trois millions d'exemplaires.


Quelques-unes des meilleures chansons de ces trois albums, telles que « Diferente » (2006) et « La Gloria » (2010), sont parfaitement complétées par des vidéoclips artistiques, qui sont eux-mêmes des œuvres d'art. « Diferente » met en scène une rencontre amoureuse manquée entre une jeune femme et un jeune homme, que l'on voit parfois, habillés différemment, danser ensemble, comme dans une autre réalité — peut-être leur imagination. La touche surréaliste de la vidéo est amplifiée par un jeu de miroirs kaléidoscopiques, qui dédoublent le couple dans plusieurs scènes hypnotiques qui s'accordent à merveille avec la mélodie et les paroles lyriques de la chanson. Quelques séquences intercalées mettant en scène la jeune femme dans une robe rouge frappante se promenant dans la ville ajoutent une touche cinématographique supplémentaire.


Le vidéoclip de « La Gloria » incorpore également des tropes surréalistes, mais dans un style différent. Il met en scène un jeune athlète sur un ring de boxe, parfois doublé, qui exécute parfaitement une danse contemporaine. Des séquences de mouvements inversés, comme lorsque le jeune homme saisit une poignée de sable, qui semble se rassembler dans sa main, ajoutent une dimension onirique à la vidéo musicale. La musique du tango est parfaitement ponctuée par la voix du légendaire commentateur de football argentin Victor Hugo Morales, qui prononce les noms des membres du Gotan Project et s'exclame « Gooootan ! » au lieu de « Gooooal ! », comme s'il annonçait le début d'un match. En arrière-plan, une jeune femme vêtue d'une robe blanche lumineuse avec des ailes et portant une courte coiffure au carré, apparaît en trois exemplaires sur une balançoire, comme une vision obsédante d'une flapper angélique du passé. À la fin de la vidéo, les images éthérées des trois cofondateurs du Gotan Project, tous vêtus de costumes sombres à rayures et de chapeaux fedora, apparaissent brièvement pour se dissiper progressivement sous nos yeux.


Alors que peu de musiciens peuvent surpasser un tel succès mondial, la carrière musicale de Philippe Cohen Solal est devenue tout à fait extraordinaire depuis qu'il a quitté le Gotan Project en 2010, tant par sa qualité artistique, chaque album étant un joyau en soi, que par sa variété de styles et le large éventail de ses collaborations avec des musiciens internationaux de grand renom. S'éloignant le plus possible de la musique de tango associée au Gotan Project, Solal a travaillé en 2007 avec plusieurs musiciens américains à Nashville, dans le Tennessee, sur l'album de country et de bluegrass Moonshine Sessions. Ce disque authentique comprend des chansons de Jim Lauderdale, Lucas Reynolds, Shawn Camp, Sam Bush et Melonie Cannon ; la musique de Troy Johnson & The Bluegrass Band ; Ronnie Bowman ; une surprenante reprise country de l'emblématique « Dancing Queen » d'ABBA chantée par Melonie Cannon ; le jazz éclectique et la musique électronique de Ben Horn ; la musique country plus traditionnelle de Joy Lynn White, avec en point d'orgue une chanson idyllique et unique dédiée à sa fille, « Luna's song », interprétée par Robag Verlan-Lanu, qui combine harmonieusement la saveur méridionale de la musique country avec un rythme tribal énergique et jeune.


Philippe Cohen Solal a fait suivre cet album américain de l'album lyrique nettement plus français Paradis Artificiel(s) (2018). Pour la première fois dans sa carrière musicale, Solal chante ses propres chansons, traduisant en musique avec une facilité miraculeuse plusieurs des poèmes les plus célèbres de Charles Baudelaire tirés des Fleurs du Mal (1857) ainsi que le traité du poète sur les effets créatifs du haschisch et de l'opium, Les Paradis Artificiels (1860). En tant que spécialiste de la littérature et de la poésie françaises du XIXe siècle, je suis peut-être quelque peu partiale, mais je pense qu'il s'agit du meilleur album de Solal et de sa plus grande réussite créatrice. Il est en effet exceptionnellement difficile de traduire la poésie de Charles Baudelaire - et de lui rendre justice - dans n'importe quelle langue, en particulier dans la langue radicalement différente qu'est la musique. Baudelaire est l'un des plus grands poètes du XIXe siècle : il a modernisé la poésie romantique de Victor Hugo ou d'Alphone de Lamartine pour en faire une poésie moderne, mélodieuse et aux multiples facettes, qui reste tout à fait d'actualité, tout comme le personnage plus grand que nature qu'est ce poète lui-même. Solitaire mais flâneur et dandy ; timide et silencieux mais confiant dans son génie poétique ; souvent solipsiste mais aspirant à la compagnie d'autres écrivains, artistes, femmes et foules ; pécheur invétéré plongé dans les bas-fonds du Paris bohème mais esthète, Charles Baudelaire a incarné les contradictions de la modernité qu'il a dépeintes dans ses œuvres. Dans les poèmes de son chef-d'œuvre, Les Fleurs du Mal, rien n’est désuet ; chaque mot, analogie, symbole et phrase semblent si parfaitement choisis qu'ils sont pratiquement intraduisibles. Je crois que là où les traducteurs littéraires de la poésie de Baudelaire dans d'innombrables langues ont échoué, Philippe Cohen Solal a réussi musicalement dans son extraordinaire album lyrique, Paradis Artificiel(s).


Il commence par la chanson « Le club de hachichins », une référence, comme le titre de l'album lui-même, à l'œuvre non fictionnelle de Baudelaire Les Paradis Artificiels (1860), qui dépeint les cinq années d'exploration, avec l'aide du docteur Jacques-Joseph Moreau, des effets du haschisch consommé par lui et une coterie d'amis littéraires célèbres, parfois rejoints par leurs maîtresses, au « Club de Haschischins » situé dans l'hôtel de Lauzun à Paris. Parmi ses amis haschischins, on trouve un véritable Who's Who des écrivains et poètes les plus célèbres du dix-neuvième siècle, dont Victor Hugo, Alexandre Dumas, Gérard de Nerval, Honoré de Balzac et Théophile Gautier. Dans ce livre, à l'instar du précurseur littéraire auquel il fait référence, les Confessions d'un mangeur d'opium anglais (1821) de Thomas De Quincey, Baudelaire vise à étudier les effets du haschisch et de l'opium sur la créativité humaine. Bien que l'auteur offre de nombreuses descriptions séduisantes et fantasmagoriques des multiples facettes de l'expérience de ces drogues et d'autres formes d'intoxication, comme Gautier et d'autres écrivains, il conclut finalement que l'expérience de l'influence des drogues (et de l'alcool) entrave l'autonomie et la lucidité nécessaires à l'expression artistique et littéraire la plus complète.


Tout en faisant une allusion évidente au club de Baudelaire, la première chanson de Solal sur l'album Paradis Artificiel(s), « Le club des hachichins », raconte l'histoire de l'ordre médiéval des Assassins ismaéliens Nizari (1090-1275), parfois appelé les Hashashins, fondé par Hasan al-Sabbah dans les montagnes de Perse. La légende veut qu'Al-Sabbah ait incité de jeunes hommes, en partie par l'intoxication au haschisch, à lui obéir sans réserve et à assassiner les dirigeants musulmans et chrétiens qu'il considérait comme une menace. Certains historiens contemporains ont récemment révisé ce récit, d'abord transmis par les croisés occidentaux, puis par Marco Polo (qui en a fourni la chronique la plus célèbre) et, quelques siècles plus tard, par les orientalistes du XIXe siècle (dont le baron Silvestre de Sacy, qui a souligné le lien étymologique entre « Haschisch » et « Assassins »). Certains historiens révisionnistes décrivent aujourd'hui le fondateur de l'ordre, Hasan al-Sabbah, non pas tant comme un chef de secte attirant de jeunes hommes vers le meurtre, mais comme un chef éclairé connaissant bien le Coran, les mathématiques et l'astronomie, qui rassemblait une armée de disciples au château d'Alamut et commandait des assassinats ciblés afin de protéger son groupe de ses ennemis et rivaux. (Voir une discussion intéressante à propos de cette historiographie révisée sur le subreddit Ask the Historian, https://www.reddit.com/r/AskHistorians/comments/1t30i5/how_efficacious_was_hassani_sabbahs_order_of/?rdt=61315).


Quelle que soit l’opinion que l’on adopte à ce sujet, la légende des Haschichins est tout à fait fascinante, et leur histoire intrigante est brillamment capturée par la chanson de Solal « Le club des hachichins », qui est partiellement parlée et envoûtante. Dans la deuxième chanson, « Le Parfum », Solal met en valeur son talent de chanteur dans une magnifique interprétation musicale de l'enivrant poème du même nom de Baudelaire. Dans la chanson suivante, il traduit littéralement en portugais le poème sensuel de Baudelaire, « Parfum Exotique », en collaboration avec le musicien canadien Samito qui interprète une version rythmée et pleine d'entrain du poème. La chanson « L'invitation au voyage », basée sur le poème le plus célèbre de Baudelaire, combine un chœur féminin séduisant avec une musique nostalgique et psychédélique, tout en synchronisant une expérience riche et multisensorielle.


L'album suivant de Solal, Mind Food (2020), a été longuement mûri, lancé vingt ans après sa conception initiale. À l'origine, il s'agissait de la musique d'un film imaginaire, lui-même inspiré par la superproduction populaire sur le monde de l'art, L'Affaire Thomas Crown, avec Steve McQueen et Faye Dunaway en 1969 et remaniée en 1999 avec Pierce Brosnan et Rene Russo. Deux décennies plus tard, ces chansons ont été rassemblées dans un album réfléchi et sincère. « Living's worth loving », l'une de ses chansons les plus émouvantes, interprétée à l'origine par David et Robin Batteaux en 1973, est ici magnifiquement interprétée par Gabriela Arnon, une jeune chanteuse new-yorkaise installée à Paris. L'album comprend également une version instrumentale de cette chanson par le pianiste français Christophe Chassol, ainsi qu'une version jazz par Solal lui-même. La chanson « The Signs » fait également l'objet de plusieurs interprétations sur cet album. La première est une chanson entraînante et rétro interprétée par Nivo, suivie d'une version au piano interprétée à nouveau par Chassol, et d'une troisième par le musicien et auteur-compositeur gallois Green Gartside, qui chante également « Inverno ».


Philippe Cohen Solal n'est pas seulement un musicien de talent. Il est avant tout un artiste et un intellectuel aux dimensions multiples, qui puise son inspiration dans la poésie, la littérature, l'histoire, la philosophie et les arts visuels. Son album Outsider (2021) rend hommage à l'artiste « outsider » de Chicago Henry Darger (1892-1973), dont l'épopée illustrée sur un monde détruit par la guerre, The Story of the Vivian Girls (1972), n'a été découverte qu'après sa mort et donc publiée à titre posthume. Dans cette œuvre, Darger dépeint la vie de sept petites filles prises au milieu d'un violent conflit, inspiré de la guerre civile américaine (1861-65). L'artiste décrit visuellement la façon dont ces enfants innocents ont été réduits en esclavage et les souffrances qu'ils ont endurées en tant que victimes de la guerre. À la fin, le bien l'emporte sur le mal et les filles sont libérées. Dans cet album captivant aux accents rétro, Solal capture l'essence de l'art outsider de Darger, évoquant non seulement l'époque de la guerre civile, mais aussi, du moins à mes oreilles, certaines comédies musicales rock de la contre-culture des années 1960, telles que Hair (1968).


Son album solo de 2023, Tango Y Tango, renvoie aux années de collaboration avec Makaroff et Muller, en reprenant des chansons classiques de tango et en les rendant fraîches et contemporaines grâce aux rythmes électroniques qui caractérisent la musique du Gotan Project. L'album comprend la chanson mélancolique « Hasta Siempre Amor », magnifiquement interprétée par sa collaboratrice de longue date Cristina Vilallonga. À mon avis, la chanson qui se démarque le plus ici est « Non, Non (La Chanson de Jeanne) », interprétée par la chanteuse et actrice française Rebecca Marder, avec une musique instrumentale de tango en arrière-plan et des paroles sulfureuses, qui rappellent, dans leur désaveu des sentiments amoureux évidents, le célèbre « Je t'aime...moi non plus » (1969) de Serge Gainsbourg et Jane Birkin.


Le dernier album de Solal, 75010, est inspiré par la diversité ethnique et culturelle de l'endroit où il vit : le 10e arrondissement de Paris, un quartier artistique et cosmopolite. Il comprend un mélange hybride de chansons, allant du mélange de hip hop, de pop et de rap de « Soleil, Etoile », chanté par Jodie Coste, qui célèbre la tolérance et l'unité de l'humanité ainsi que la diversité culturelle, à l'exotique « Elmas », chanté dans sa langue maternelle par la pop star turque Uzay Hepari, en passant par la position critique d' « Ici, c'est tout » ; à la position critique d' « Ici, c'est comme ça », où le musicien franco-américain Charlelie Couture chante les aspects négatifs de la culture et de la bureaucratie françaises ; à une fantastique reprise du classique Kashmir de Led Zeppelin ; à la chanson « Dans la nuit », qui met en scène l'actrice française Judith Chemla, et qui se termine par l'air mélancolique « It's time to say goodbye », interprété par le trio vocal français Alfa Martians.

Pour moi, le point culminant de cet album est la chanson en persan « Zan Zendegi Azad », qui signifie « Femme, Vie, Liberté », d'une beauté envoûtante et inspirante, qui fait allusion aux courageuses manifestations féministes en Iran déclenchées par la mort de Mahsa Amini en 2022 et qui est interprétée de manière poignante par la chanteuse franco-iranienne Ariana Vafadari (de formation classique). Le mélange harmonieux de genres, de langues et de cultures aussi divers dans cet album offre un témoignage musical éloquent de l'énergie multiculturelle passionnante de Paris.


Pour avoir une telle envergure artistique et un immense succès musical dans sa carrière, il faut une grande curiosité intellectuelle, de la créativité, ainsi que le bénéfice d'une riche expérience de vie. Influencé par une multitude de cultures et trouvant force et inspiration dans sa vie familiale ainsi que dans son amour constant de la musique, Solal apporte à chaque album une passion créative profonde et intense. Sa carrière impressionnante et durable témoigne de sa capacité d'adaptation, de sa résilience et de son authenticité. Solal a commencé sa carrière dans les années 1980 et au début des années 1990 en tant que producteur de chansons commerciales, travaillant pour plusieurs grands studios de musique, notamment Polydor Records, où il a lancé l'album Raft qui s'est vendu à 650 000 exemplaires ; Mercury Music Studio, où il a lancé la carrière de la chanteuse pop Zazie, et Virgin Records, où il a été directeur musical. En fin de compte, ce parcours plus conventionnel ne l'a pas comblé. Après avoir quitté les grandes maisons de disques et s'être lancé dans une brève mais catastrophique collaboration avec un autre musicien, il a changé de direction. En 1995, il lance sa propre maison de disques, Ya Basta ! qui, par son nom même, signale de manière provocante qu'il n'est plus dirigé par d'autres et qu'il suivra désormais son propre chemin artistique dans la vie. Au cours de son extraordinaire parcours musical qui s'étend sur trois décennies, Philippe Cohen Solal a su mettre à profit sa liberté de création, sa curiosité inébranlable, ses collaborations fructueuses avec de grands musiciens internationaux et, surtout, son extraordinaire talent pour explorer des styles musicaux radicalement différents, faisant de chacun de ses albums un succès retentissant.




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