Paris touchée.

Paris martyrisée, Paris outragée.les parents se démissionner Paris

Paris battu par les flots, mais qui ne sombre pas.

Massacre à Paris.

Plus de 120 innocents tués.

Un concert de musique, un match de foot, la terrasse d'un café.

La France attaquée une fois de plus sur son territoire.

Tout un symbole.

Symbole d'un Occident à la fois riche, puissant, dominateur, qu'on peut quand même atteindre.

Symbole d'un pays pleinement engagé militairement contre le terrorisme, tant au Proche-Orient qu'en Afrique, qui en subit à nouveau les représailles.

Symbole d'un pays porteur de certaines valeurs et d'une vision du monde dont on ne veut pas.

Symbole pour dire au monde que n'importe qui, n'importe où peut être atteint par cette guerre dont l'Irak et la Syrie ne sont que la face visible de l'affrontement.

Face à cela, nous opposons nos propres symboles.

Tel le Je suis Charlie qui défendait la liberté d'expression, une Tour Eiffel en forme de Peace ;

Le Bleu, Blanc, Rouge de la France, notre patrie.

La Marianne qui pleure, symbole de notre démocratie.

Telle une image fédératrice qui pourrait représenter notre sentiment partagé, qui nous unisse dans le rejet unanime de ce à quoi nous assistons.

Dans l'horreur nous faisons front commun. Cet élan de solidarité en France et partout dans le monde me touche. Plus que n'importe où dans le monde, quand un attentat touche la France, le monde pleure. Il ne s'agit pas de les comparer ou de s'en offusquer. Mais notre pays pour le monde entier représente un symbole. La patrie des philosophes et des Droits de l'Homme. Une terre de démocratie, de culture et porteuse de valeurs que l'on voudrait universelles. Le pays défenseur de Liberté, Egalité, Fraternité.

Cette image que le monde nous renvoie est superbe. En sommes nous toujours à la hauteur ? Sachons être intelligents, sachons en être dignes. Ne rentrons pas comme un certain Bush au lendemain du 11 septembre dans une vision d'un "Empire du Mal" à détruire. C'est cette vision caricaturale et hollywoodienne du monde qui a amené la situation telle qu'elle est aujourd'hui au Proche-Orient. C'est sur les ruines de l'Irak que Daesh a trouvé son terreau fertile.

Sachons derrière cette attaque abjecte discerner toute la complexité de la situation, pour y trouver les réponses les plus appropriées possibles. Non il ne s'agit pas d'une guerre de religion. Non nous ne sommes pas entrés dans une guerre de civilisations.

Nous sommes touchés par un extrémisme qui se veut hégémonique et qui ne tolère aucune divergence d'opinion, à l'extérieur comme au sein même de l'Islam. Un extrémisme nourri par les frustrations d'une domination occidentale du monde arabe depuis les accords de Sykes Picot à la fin de la première guerre mondiale, defaisant l'Empire Ottoman, Occident qui représente l'ennemi à abattre, mais extrémisme qui est loin de représenter l'ensemble du monde musulman. Un extrémisme dont les victimes au quotidien sont avant tout des syriens, des irakiens, des kurdes, des libanais, des maliens, des nigérians, des nigériens, des libyens, des tchadiens, des civils innocents là aussi. Tel que le montre le film Timbuktu.

Le monde musulman dans sa grande majorité appelle peut-être à une meilleure répartition des cartes ; mais il n'appelle certainement pas à nous détruire.

Notre pays a été meurtri, mais il doit conserver les valeurs dont il est porteur. Dialogue, Tolérance, Démocratie, Laicité, Respect de la pluralité des opinions des croyances et des modes de vie, Reflexion, Critique constructive et Autocritique, Pensée complexe....

Sachons nous retrouver dans ces valeurs et derrière ces symboles qui nous unissent. Mais sachons au delà de ces symboles montrer notre discernement et notre grandeur, et ne pas limiter notre vision du monde à une caricature.