Tohu-bohu
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Tohu-bohu
Dans cette ville de vacarme
J’ai poursuivi partout ta trace
Espérant revivre le charme
De nos anciens désirs voraces
Bousculée par la foule énorme
De Barcelone la Broyeuse
Je croyais voir chez tous les hommes
Ta discrète allure charmeuse
Un vent si chaud qu’il est liquide
Coulait sur les fronts pleins de fièvre
Fouettant de son souffle fétide
Comme des langues de vipères
Les bouches froides des boutiques
Faisaient des trous glacés dans l’air
Piquant de coups cryogéniques
Les corps souffrant de l’atmosphère
Puis par le biais du virtuel
Alors que j’avais renoncé
Tu me donnais de tes nouvelles
Jetant un trouble sur la clarté
Flânant seule dans les rues pleines
D’un ramdam fauve et fatiguant
Je songeais à l’immense peine
De n’avoir pu te voir avant
J’ai jadis déjà entendu
Que sous les coups de l’amour fou
Malgré bien des raisons têtues
Les lois se brisent sous son joug
Dans l’abominable boucan
De la Catalane bohème
Se balançaient fébrilement
Les deux penchants de mon dilemme
Trouver dans ce tuant tapage
La force noble d’oublier
La nostalgie de ton image
Paraissait hors de ma portée
Un hôtel aux mille yeux noirs
Sur l’avenue Laietana
Jugeait d’un drôle de regard
Le paradoxe de mon choix
Que l’on jette la pierre à celle
Qui hélas voit bouleversé
L’ordre des choses naturelles
Pour avoir osé trop aimer !
Les tentations irrésistibles
De ces cités tentaculaires
Rendent simplement impossibles
La moindre objection salutaire
Vers les toits des rouges arènes
Je suis montée par l’escalier
Mécanique et la pensée pleine
D’appréhensions bien fondées
Tout en gravissant l’acier
De ce bâtiment circulaire
Mes doutes et mes peurs rassemblés
Faisaient un vrai raffut d’enfer
J’ai marché chancelante et nue...
Jusqu’à ce café bleu et blanc...
Et j’entendais le grand chahut...
De mon cœur fou d’espoir battant…