Coeur anthracite
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Coeur anthracite
Intime déception de la femme planquée derrière sa plume
Tu sais, j’ai le cœur anthracite, parfois.
J’aimerais tellement qu’il soit grenadine.
C’est ma faute, depuis petite, j’ai appris à ne pas pleurer.
Pour me convaincre que je suis un cygne, majestueux, inébranlable, j’ourle mes yeux de charbon
pour endiguer les flots qui menacent souvent de les inonder.
C’est à l’intérieur que ça ruisselle, c’est mon cœur qui s’ennuage.
De l’extérieur, rien ne se voit, alors forcément ça endurcit.
Juliette est forte, on peut y aller.
On peut charger,
Lui faire porter nos angoisses, nos peurs, nos lâchetés.
À l’extérieur, peu de gens connaissent mes “aventures littéraires”, à part celles et ceux que je considère comme ma famille de cœur.
Alors hier, j’ai essayé de parler, à celui qui partage un peu ma vie et surtout mon lit.
Je me suis racontée comme… probablement jamais auparavant.
J’ai récolté le silence d’abord, comme si je n’avais pas parlé.
Puis, au bout d’une éternité, me voyant renfrognée, il m’a posé deux ou trois questions mielleuses et offert un sourire presque narquois, celui qu’on réserve aux enfants qui racontent leurs dernières lubies ou leurs souhaits aux étoiles.
À ce moment-là, je l’ai détesté.
Et me suis maudite d’avoir baissé la garde et lui avoir permis, ainsi, de me blesser.
Je ne sais pas à quoi je m’attendais.
Ça m’a renvoyé à l’enfant que j’étais jadis et qui sommeille quelque part.
Il faudra que j’aille la retrouver un soir, pour lui dire qu’en fait,
Elle a le droit de pleurer....
Juliette