Chapitre 5
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Chapitre 5
Je saisis si rapidement mon téléphone qu’il m’échappe des mains. Jaxon ne m’avait pas oubliée. Un mélange de soulagement et d’hésitation s’empare de moi. L’ado de quinze ans est de retour, pensé-je avec un sourire à peine perceptible.
Je tape rapidement une réponse, cherchant à rester décontractée :
Oh cool ! J’ai vu votre post, pas trop fatigué ?
Sa réponse arrive plus vite que je ne l’attendais, mais ce n’est pas un message. Mon écran s’illumine avec une notification d’appel Instagram. Je reste figée une seconde, prise au dépourvu, avant de glisser mon doigt pour décrocher.
L’image s’affiche et je suis immédiatement confrontée à son visage, en gros plan. Jaxon Ryder, dans toute sa splendeur, est là, à l’autre bout du fil, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Pendant une seconde, je suis captivée par ses tatouages qui se dessinent sur son cou. Ils sont sombres et intrigants.
— Salut, Avy ! J’espère que je ne te dérange pas, lance-t-il avec un sourire désarmant, sa voix pleine d’enthousiasme.
Je ravale ma surprise et réponds en me forçant à paraître calme :
— Non, pas du tout ! Ça va ?
Mais en réalité, mon esprit est déjà en ébullition. Je devrais vraiment penser à m’apprêter à l’avenir. Jaxon semble capable d’appeler à n’importe quel moment, peu importe si je suis présentable ou non. À ce rythme, il va finir par connaître toute ma collection de pyjamas… Heureusement, aujourd’hui, je porte un tee-shirt de Bad Omens, et il est encore en bon état.
Mon regard se détourne vers mon reflet. Mes yeux verts ressortent assez bien sur mon visage pâle, presque porcelaine, encadré par mes cheveux noir de jais. Ça ira pour cette fois, me dis-je, même si je ne peux m’empêcher de sentir une légère pointe d’insécurité.
— Bad Omens ? Super groupe, lance-t-il, comme s’il lisait dans mes pensées. Tu les as déjà vus sur scène ?
— J’ai déjà eu l’occasion, oui. Ils sont passés à New York en septembre de l’année dernière.
Je me mords intérieurement la lèvre. Merde... Pourquoi je lui ai dit que je vivais à New York ? Mon cerveau s’emballe déjà, moi qui tenait à mon anonymat… Trop tard maintenant.
— New York, hein ? La vie est sympa là-bas ?
Je hausse les épaules. Bien que j’y vive maintenant, je ne suis pas originaire de New York. J’ai grandi à Nashville, dans le Tennessee. Mais… disons que ma relation compliquée avec mes parents m’a poussée à tout quitter pour recommencer ailleurs.
— La scène metal est plutôt émergente ici. Bon, alors, raconte-moi ! Comment s’est passé l’enregistrement ?
— Tu sais garder un secret, rit-il.
J’acquiesce en silence, curieuse de ce qu’il va dire.
— On a un album prévu pour 2025. Ça fait des mois qu’on bosse sur l’écriture. Je me suis occupé de la plupart des titres, mais il y en a un qu’Hannah a écrit.
Il continue, me parlant avec passion du thème de l’album et de l’importance qu’a eu pour Hannah d’écrire un morceau sur un sujet qui la touche profondément. Ses mots résonnent, et je devine que cet album sera spécial, empreint d’une sincérité rare.
— Alors, quel est le thème principal ? demandai-je, intriguée.
Jaxon prend une profonde inspiration, comme s’il pesait ses mots.
— L’album s’appelle Fractured Truths. C’est un voyage à travers les morceaux de nous-mêmes qu’on perd, qu’on recolle ou qu’on réinvente au fil de la vie. Chaque titre explore une facette différente de ce thème.
Il s’arrête un instant, cherchant comment formuler la suite.
— Il y a des morceaux qui parlent de se reconstruire après un échec, comme Shattered Reflections. D’autres explorent des souvenirs douloureux, mais nécessaires, comme Echoes of Yesterday.
Je sens une certaine émotion dans sa voix, mais il reste détendu.
— Et la chanson d’Hannah ? Elle a choisi quel angle ?
Un sourire étire ses lèvres, mais ses yeux prennent une lueur plus grave.
— Elle a écrit Diverging Roads. C’est... une sorte de lettre à elle-même, sur le fait d’accepter qu’on ne peut pas toujours suivre les chemins qu’on pensait devoir emprunter. Ça parle de ses choix personnels, de ses sacrifices... et un peu de ses regrets.
Je reste silencieuse un instant, touchée par la profondeur de ses paroles. Shadow Reign semble mettre à nu des émotions brutes et sincères dans cet album.
— Waouh... Ça a l’air incroyablement personnel. Vous n’avez pas peur que ce soit... trop ?
— Si, bien sûr, dit-il doucement. Mais c’est ça qui rend l’album authentique. On a toujours voulu que notre musique soit un exutoire, autant pour nous que pour ceux qui l’écoutent.
Il marque une pause, puis poursuit avec enthousiasme :
— Il y a aussi des morceaux plus lourds et plus rageurs, comme Breaking Chains. C’est une explosion, un cri de libération. C’est un peu notre façon de dire qu’il faut briser tout ce qui nous retient.
Je souris en l’écoutant. Son enthousiasme est contagieux, et je m’imagine déjà à quel point cet album pourrait être puissant.
— Et toi, Jaxon ? Quel titre as-tu écrit qui te tient le plus à cœur ?
Son sourire devient plus discret, presque timide.
— Scars and Stories. Je l’ai écrit en pensant à toutes les cicatrices qu’on porte, visibles ou non, et aux histoires qu’elles racontent. C’est un mélange de douleur et d’espoir.
Je ne peux m’empêcher de ressentir une connexion profonde avec ses paroles. Jaxon semble être bien plus que ce qu’il laisse paraître sur les photos et les réseaux.
— Cet album va toucher tellement de gens, dis-je sincèrement.
— J’espère, murmure-t-il. C’est tout ce qu’on veut : que les gens ressentent quelque chose de vrai en l’écoutant.
Un silence confortable s’installe entre nous, rempli d’admiration et de respect. Je comprends un peu mieux pourquoi Shadow Reign a tant d'impact : leur musique ne se contente pas d’être technique ou puissante, elle est aussi profondément humaine.
— Assez parlé de moi et de ma musique. Tu m’intrigues, Avy...
— C’est... Avery, dis-je, la voix un peu plus basse.
— Je sais, mais j’avais envie de me démarquer des autres, rétorque-t-il avec un grand sourire.
J’hésite un instant. Bien qu’il me semble être animé de bonnes intentions, je ne connais pas Jaxon. Mon anonymat est important pour moi.
— Oh, moi, tu sais... , dis-je, évasive. Il n’y a rien d’intéressant à dire. Je ne suis qu’une simple fille dans un monde de brutalité.
— J’ai vu que tu postais quelques vidéos, c’est cool.
— Ouais, je crée du contenu pour mettre en avant la scène metal new-yorkaise. Ça permet à chacun de découvrir des groupes qu’ils n’auraient pas eu idée d’aller écouter.
Le silence s'installe un instant, comme si chacun de nous pesait les mots échangés. D'un côté, je suis soulagée qu'il soit de retour, qu'il m'ait contactée, mais de l'autre, une part de moi hésite toujours à m'investir émotionnellement. Après tout, il vit à des milliers de kilomètres, et je ne sais pas ce qu’il attend de moi.
— Bon, je dois y aller, je me suis déjà étendu sur la conversation, lance Jaxon, son sourire toujours visible à l'écran. Mais on se reparle bientôt ?
— Bien sûr, dis-je, un peu plus calme. À bientôt, Jaxon.
Je raccroche, mais je ne peux m’empêcher de me perdre dans mes pensées. Je pose mon téléphone, la chambre plongée dans l’obscurité presque totale. À la fois apaisée et nerveuse, je repense à notre échange.