Chapitre 8
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Chapitre 8
Je m’allonge sur mon canapé-lit, épuisée par une nouvelle journée passée à jongler entre mon travail de transcription et mes vidéos. À peine ai-je fermé les yeux que le poids de la fatigue me plonge dans un rêve étrange, oppressant.
La lumière stroboscopique clignote violemment, perçant l’obscurité comme des éclats de verre. Les basses grondent, puissantes et menaçantes, résonnant dans ma poitrine comme un coup de tonnerre. Une marée humaine me presse de tous les côtés, une masse compacte et inarrêtable. Les visages autour de moi sont flous, indistincts, mais le logo de Crimson Shadow apparaît soudain, comme une ombre maudite, projeté sur une bannière suspendue au-dessus de la scène. Le bruit des instruments s’efface brusquement, remplacé par un cri perçant qui glace le sang.
Puis, tout bascule. Une structure métallique au-dessus de la scène vacille et s’effondre dans la foule. Le chaos éclate, un ouragan de cris et de mouvements désordonnés. Quelqu’un me pousse, et je perds l’équilibre. Mon corps heurte le sol avec violence, piétiné par la panique ambiante. Les sons se brouillent, mes propres hurlements se perdent dans le vacarme. Je veux crier à l’aide, mais ma voix est étouffée par la clameur de la foule et par ma peur.
Et c’est alors que tout change. Jaxon apparaît soudain dans cette marée humaine, son visage clair, presque lumineux, contrastant avec le chaos autour de moi. Il fend la foule comme un héros sorti d’un rêve, écartant les gens d’un geste ferme. Son regard est fixé sur moi. Il tend la main, et je la saisis. Sa poigne est forte, réconfortante. Il me relève et m’entraîne loin de la scène, loin du tumulte. Je veux lui parler, mais les mots se perdent, aspirés par l’écho assourdissant des basses.
Je me réveille en sursaut, tremblante, mes mains crispées sur les draps. Ma respiration est saccadée, mon cœur bat si fort qu’il semble vouloir exploser. Je reste figée, encore prisonnière des derniers fragments de ce cauchemar. La douleur familière dans ma hanche revient, poignante, m’ancrant brutalement dans la réalité. Ce n’était qu’un rêve, mais ses images hantent encore mes pensées. Jaxon, là pour me sauver ? Cela n’a aucun sens, j’ai fait ce rêve des centaines de fois, et cette finalité n’a jamais existé.
Je me redresse et me recroqueville sur le canapé-lit, le souffle encore court. Le sommeil a définitivement déserté le navire, me laissant seule avec mes pensées troublées. L’écran de mon téléphone s’allume, révélant une avalanche de notifications. Des messages, des mentions, des tweets... Je les supprime sans même les lire. Je me sens bien trop vulnérable pour affronter qui que ce soit ce soir.
Un an s’est écoulé depuis l’incident, et pourtant, le poids de ce jour continue de m’écraser. Une douleur sourde à la hanche accompagne chaque mouvement, un rappel physique constant que cette nuit-là a changé ma vie à jamais.
Je traîne ma jambe jusqu’à l’ordinateur, le clic mécanique de la souris rompant le silence. Sans réfléchir, je tape "Crimson Shadow" dans la barre de recherche. Les résultats affluent, révélant l’étendue de leur succès actuel. Leur dernier album est en tête des charts, et leurs dates de tournée affichent complet à travers le monde. Je fais défiler les articles récents, lisant en diagonale. Il n’y a plus aucune mention des frasques de Damian Stones. Il semble que le leader du groupe ait réussi à soigner son alcoolisme et à maîtriser ses accès de colère.
Mes doigts se figent sur le clavier en découvrant une information : Crimson Shadow est en tournée avec Shadow Reign en 2025. Mon cœur rate un battement. Une date commune. L’idée que Jaxon puisse se retrouver dans le même espace que Damian me tord l’estomac.
Je continue mes recherches, malgré la boule qui se forme dans ma gorge, et tombe finalement sur un article relatant l’incident. Les images et les mots me ramènent brutalement à cette nuit fatidique. Je vois à nouveau cette structure s’effondrer, j’entends les cris, je jressens la foule incontrôlable.
Et puis, je lis les déclarations de Damian Stones, imprimées noir sur blanc :
"Crimson Shadow n’est pas responsable. Vous allez à un concert de metal, vous devez vous attendre à être chahuté par la foule. Si cette fille est trop fragile, elle n'a qu’à pas venir voir Crimson Shadow sur scène."
Ces mots me glacent encore le sang. L’arrogance, l’absence totale d’empathie. Comme si la douleur de ses fans, ma douleur, n’avait jamais eu d’importance.
Je pousse un soupir tremblant et détourne les yeux de l’écran. Mon cœur est lourd, écrasé par un mélange de colère, de tristesse et d'impuissance. La pièce est plongée dans un silence oppressant, interrompu seulement par le bourdonnement de l’ordinateur. Damian Stones peut bien essayer de se racheter, mais certaines cicatrices ne guérissent jamais.
J’ouvre Twitter par réflexe, espérant distraire mon esprit, mais à peine la page chargée, je tombe sur une avalanche de tweets de fans de Crimson Shadow. Damian Stones est décrit comme un génie de la musique, un maître incontesté du metal. Un génie, peut-être. Mais certainement pas en humanité.
La colère et l’injustice montent en moi. Comment peuvent-ils l’idolâtrer alors qu’il a si peu de considération pour ceux qui l’ont porté au sommet ? Mon souffle se raccourcit. Une boule d’angoisse me serre la poitrine, et mes mains commencent à trembler.
D’un geste brusque, je referme mon ordinateur, comme si cela pouvait éteindre l’incendie qui brûle en moi. Mais c’est déjà trop tard. Je sens la panique s’infiltrer, m’envahir. Mon cœur bat à un rythme effréné, incontrôlable, et l’air semble manquer dans mes poumons. Je plaque mes mains sur mes genoux, essayant de stabiliser ma respiration.
Inspire. Expire.
Mais rien n’y fait. Les souvenirs, les bruits, les cris reviennent en force, s’imposant à moi comme une vague dévastatrice. Mon corps se fige, paralysé par la peur, et une larme roule sur ma joue avant que je ne puisse l’arrêter.
Et si Jaxon n’était pas si différent de Damian Stones ? Et s’il avait, lui aussi, aussi peu de considération pour ses fans une fois les projecteurs éteints ?