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The Bookshop (Isabel Coixet, 2017)

The Bookshop (Isabel Coixet, 2017)

Publicado el 30, abr., 2020 Actualizado 28, feb., 2021 Cultura
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The Bookshop (Isabel Coixet, 2017)

Ne pas se fier aux apparences: en dépit de son titre, de son casting, de sa géographie, de son style, il ne s'agit pas d'un film britannique. Le trouble n'en est que plus grand. Comme l'américain James Ivory, l'espagnole Isabelle Coixet a fait sien l'ADN du film historique british: tempo contemplatif, grande part laissée aux silences, non-dits et sous-entendus, cruauté feutrée, extrême pudeur dans l'expression des sentiments.

L'intrigue du film est très simple à résumer. A la fin des années 50, Florence Green, une veuve passionnée de littérature (Emily MORTIMER) décide de s'installer dans la Old House de la petite ville de Harborough pour y ouvrir une librairie. Mais elle se heurte immédiatement à l'hostilité des notables locaux et en particulier de Violet Gamart (Patricia CLARKSON) qui la considère comme un inacceptable corps étranger qu'elle ne peut contrôler. Elle lui fait donc une guerre d'usure dans laquelle les forces sont déséquilibrées. Violet est une femme de pouvoir, au cœur d'un réseau d'influences alors que Florence est une solitaire dont la puissance est intérieure et non pas sociale ou politique. Pas étonnant qu'en dehors de la petite fille qui l'aide à la boutique son seul allié soit l'ermite misanthrope du village, Edmund Brundish (Bill NIGHY absolument magnifique) qui vit reclus et passe ses journées à lire. Un écorché vif qui par le biais de la lecture trouve en Florence une âme sœur. Mais ces âmes sensibles n'ont pas leur place à Harborough (en ont-elles une quelque part d'ailleurs?). La bourgade fonctionne de façon communautariste et l'emprise des bourgeois sur le reste des habitants y est très forte. La différence y est bannie.

"Là ou l'on brûle des livres, on brûle aussi des hommes" disait Heinrich Heine en 1823. Cette maxime se vérifie dans le film, l'allusion à "Farenheit 451" de Ray Bradbury n'y est certainement pas fortuite, pas plus que celle à "Lolita" de Nabokov. La répression de l'esprit va de pair avec celle du corps. Tous les personnages sont de grands frustrés qui pallient leur souffrance soit en s'échappant hors du monde réel, soit en écrasant les autres. La rencontre d'Edmund et de Florence sur la plage ou le premier fait comprendre à la seconde qu'il va sortir de son silence pour la défendre est d'une grande intensité. Il en va de même du long moment silencieux ou Violet Gamart savoure de le tenir entre ses griffes et d'avoir le pouvoir de le broyer. 

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