Bienvenue Mister Chance (Being There)
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Bienvenue Mister Chance (Being There)
Hal Ashby (1979)
"Bienvenue Mister Chance" n'est pas qu'une satire grinçante sur l'inanité du pouvoir et des médias. C'est avant tout une fable philosophique qui fait penser à la conclusion du Candide de Voltaire, "cultivons notre jardin" à ceci près que le Candide de l'histoire est également l'idiot autiste qui depuis des temps immémoriaux remet sur le droit chemin une société qui a perdu le nord. Chance (Peter SELLERS dans son dernier grand rôle) est donc une sorte de "bouffon du roi" moderne. Elevé à l'abri du monde dont il ne connaît que le reflet déformé par les écrans de télévision, il lui oppose un esprit et un corps impénétrables à la manière de Buster KEATON ou de certaines figures du cinéma de Robert BRESSON. Une vraie muraille devant laquelle hommes et femmes viennent se casser les dents. Il est assez jouissif de voir le contraste entre la simplicité de Chance qui n'a aucun mystère pour la gouvernante noire qui l'a élevé et le considère comme un attardé mental et l'incapacité des plus hautes instances soi-disant supérieures à le déchiffrer. Avocats, médias, politiques, médecins et services de renseignements se perdent en conjectures à son sujet, l'homme sorti de nulle part et détaché de tout n'offrant aucune prise à leurs efforts pour le cerner. Par conséquent il devient objet de fascination, voire d'adulation. Tout le monde y projette ses désirs, ses fantasmes. Le moindre de ses (rares) mots devient parole d'évangile ou prophétie. En se contentant d'exister (le titre en VO est "Being There") pour le seul bonheur de voir pousser ses plantes, Chance "Gardener" remet le monde sur des bases qu'il n'aurait jamais dû quitter. Pas étonnant qu'il marche sur l'eau: C'est un ange (comme "Tistou les pouces verts"). On appréciera particulièrement son avènement au son d'un "Ainsi parlait Zarathoustra" étrangement remixé. Car si le dépassement de l'homme par l'homme a 4 ans d'âge mental, c'est que quelque chose cloche quelque part.