Hep Taxi !
En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 29 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Hep Taxi !
Ce soir, la réunion s’est éternisée, Eric, le boss a eu un empêchement, comme d’habitude, il est arrivé à l’heure où normalement tout le monde rentre chez lui. C’est comme ça, personne ne rechigne, la start-up est cool et prometteuse, Eric a réussi à lever des fonds, on va tout casser, ce n'est pas le moment de trainer des pieds, pas si près du but. Le temps de la collation, on s’est fait quelques parties de baby-foot, puis Eric nous a réuni au fond de l’open space et nous a, comme lui seul sait le faire, galvanisé. En sortant, j’aurais dévoré le monde.
Là, dans la rue, je suis trop excité pour rentrer chez moi en métro. J’hésite à lancer mon appli Uber, VTC ou taxi à l’ancienne ? C’est vrai que depuis, qu’ils ont été mis en concurrence, les taxis sont bien plus aimables et respectueux du client, comme quoi, le marché fait bien les choses. À l’angle de la rue, la pizzeria est bondée, je me faufile dans la jungle de Deliveroo qui s’impatiente devant l’entrée, scooters déglingués au ralenti, de peur qu’ils ne redémarrent plus et ruinent la soirée.
À peine sur le boulevard, je trouve un taxi. Le chauffeur est jovial, je lui donne mon adresse, il a un instant d’hésitation, puis démarre sans lancer le GPS, ce qui est bon signe, il connait la ville, il connait son métier. Au premier feu, il me demande confirmation sur le numéro de la rue. Oui, c’est bien au 5, il hésite un temps, ensuite se renfrogne. Quelque chose le perturbe, je sens qu’il réfléchit, qu’il fouille sa mémoire.
— Le 5 est juste après le pressing, avant une brasserie qui fait l’angle, tenue par des Chinois ?
— Oui, c’est ça, vous connaissez ?
Le chauffeur ne me répond pas tout de suite, son esprit est ailleurs, puis son visage dans le rétroviseur s’illumine.
— Et comment que je connais !
Il hésite, se retourne vers moi et me fait un clin d’œil.
— Si vous saviez… Je fais un métier singulier, j’en vois des vertes et des pas mûres dans mon taxi…
Je sens qu’il tourne autour du pot, au fond de lui, il a une furieuse envie de me raconter son histoire, mais il n’ose pas. De temps à autre, il me jette un regard hilare puis il remet ça dans le rétroviseur tout en gardant un œil sur la route. Il se décide enfin, je dois lui sembler digne de confiance, par ailleurs, entre hommes, on peut se raconter ses choses là. Il me relate enfin : dernièrement, il a pris dans son véhicule une bourgeoise, bien mise, qui avait tout ce qu’il fallait, là où il fallait, si je voyais ce qu’il voulait dire. Elle habitait au numéro 5, celle-ci l’a fait monter dans son appartement sous les toits et telle une furie s’est offerte à lui…
Depuis ce jour, je ne prends plus de taxis, j’habite avec ma femme l’unique appartement sous les toits du numéro 5.