La légende du Yeun Elez
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La légende du Yeun Elez
La légende du Yeun Elez, par Juliette Norel
Au creux des terres ensorcelantes de la Bretagne, dont Gabriel et Éléonore redécouvraient au fil des pages l’immensité de la magie, se trouve un lieu empreint de mystère et de légendes, un endroit où le murmure des vents et des marées transporte les échos de récits anciens : le Yeun Elez.
Impatients de s’imprégner de l’énergie mystique de ce lieu énigmatique, nos conteurs décidèrent un jour sans soleil de partir en randonnée là où les pages du livre les guidaient, au cœur des Monts d’Arrée. En cette contrée, où les légendes s'incarnent et vibrent au rythme des croyances populaires, le Yeun Elez se dresse comme un pont entre le monde des vivants et celui des esprits. Là, les âmes tourmentées trouvent leur destin, et les vivants cherchent à apaiser les ténèbres intérieures qui les poursuivent.
L’ouvrage raconte qu’ici, dans ce marécage enveloppé de brume, les âmes maudites, qui hantaient les vivants, étaient rejetées en enfer. Pour cela, un prêtre exorciste transformait le revenant en chien noir. À la tombée de la nuit, l’homme d’église vêtu de son étole sacrée, accompagnait l'incarnation démoniaque jusqu'au cœur du Yeun Elez. Là, au milieu des marécages, il passait son étole autour du cou du chien et le précipitait dans le marais du Youdig, supposé être l'entrée du royaume des ténèbres.
Ce rituel, empreint d'une gravité presque sacrificielle, avait également une fonction cathartique pour les vivants. Il apportait une libération profonde en les débarrassant des esprits tourmentés qui hantaient leur existence quotidienne.
En arrivant sur place, Gabriel et Eléonore contemplent d’abord une mer d'herbes folles et de roseaux, ondulant sous la caresse du vent. Ils se laissent bercer par leurs murmures se mêlant à ceux des esprits qui peuplent les songes des poètes, musardent le long des sentiers, au gré du vent et de leur inspiration buissonnière. Midi est au zénith, et pourtant, un voile de brume blanche embrasse le paysage, rendant chaque pas incertain, chaque ombre évoquant une silhouette échappée des récits d'antan. Les arbres noueux et séculaires, témoins silencieux de mille histoires oubliées, tendent leurs bras vers le ciel en un geste d’éternelle prière silencieuse.
Les marais, miroitant sous le pâle soleil, se parent de reflets argentés, créant l'illusion d'une autre dimension. Parfois, le chant mélancolique d'un oiseau solitaire perce le silence sacré et dépose du bout de ses plumes une note de douceur à la mélancolie du paysage. L'eau sombre et tranquille dissimule parfaitement ses secrets, invitant à la contemplation et à la médiation.
Les heures passent, nappées de solennité et de mysticisme, le jour décline, les laissant bredouilles de découvertes, mais riches de ces heures douces glanées en cette bulle hors du temps.
Le soir descend, serpente parmi les herbes folles, le Yeun Elez se pare de nuances bleutées et mauves, tandis que la lumière du crépuscule dessine des ombres mouvantes sur la surface des étangs. Les légendes semblent alors doucement reprendre vie, et l'on croirait voir, au détour d'un sentier, le reflet fugace d'un ancien prêtre exorciste ou l'éclat doré d'une étole sacrée.
La nuit est presque d’encre lorsque Gabriel et Éléonore s'apprêtent à retourner sur leurs pas pour regagner leur voiture lorsqu’un bruit sourd se fait entendre, suivi d'un grognement effrayant. De nulle part, un chien noir surgit, ses yeux étincelant d'une lueur surnaturelle. Ses babines suantes de bave révèlent des crocs menaçants. Pris de panique, nos conteurs se mettent à courir, leurs cœurs battants à tout rompre.
Le molosse couleur ébène les prend en chasse, ses pas lourds résonnant derrière eux, chaque souffle se rapprochant davantage. Gabriel et Éléonore, guidés par la peur et l'adrénaline, dévalent les sentiers sinueux, cherchant désespérément un refuge. La brume s'épaissit, rendant leur fuite encore plus incertaine.
À un moment, Gabriel attrape Eléonore par le poignet et la fait bifurquer brusquement à un détour de sentier, espérant semer leur poursuivant. Ils s'arrêtent enfin, haletants, cherchant des yeux le chien noir. Mais à leur grande surprise, il s'est volatilisé. Pas de traces, pas de bruit, rien que le silence oppressant des marais.
L’esprit encore tourmenté par cette apparition, Gabriel et Éléonore échangent un regard où se mêlent incompréhension et soulagement. Ce qu'ils ont vécu ce soir-là restera à jamais gravé dans leur mémoire, une énigme de plus ajoutée aux légendes du Yeun Elez. Les marais, désormais plongés dans l’obscurité, semblent presque les observer avec un sourire narquois. Leurs sombres secrets restent, aujourd'hui encore, ensevelis sous le miroir opaque de leurs eaux troubles.
La légende du Yeun Elez, par Jean-Christophe Mojard
Le Youdig du Yeun Elez
Sous les nuages épais, quand s’étirent les ombres,
Le Yeun Elez étend ses profonds marécages ;
Insondables et fangeux, au milieu des bocages,
Ils serpentent en secret vers un abîme sombre.
C’est en ces terres hostiles, où les morts interfèrent
Que le prêtre exorciste s’en va fouler la bourbe,
Pour gagner le Youdig et sa mouvante tourbe,
Et renvoyer les âmes aussi noires que l’enfer.
Alors, si par un soir enveloppé de brume,
Tu croises un religieux, accompagné d’un chien
À la robe de suie, une étole pour lien,
Reste bien à l’écart, cache-toi d’une grume,
Car les âmes damnées pourraient prendre ton corps,
Au lieu de retourner dans les tourments des morts.
Note
Illustration réalisée sous Seelab IA, retravaillée sous Affinity