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51. La Légende de Nil. Jean-Marc Ferry. Livre II, L'Utopie de Mohên, Chapitre VII, 2

51. La Légende de Nil. Jean-Marc Ferry. Livre II, L'Utopie de Mohên, Chapitre VII, 2

Publicado el 16, nov, 2023 Actualizado 16, nov, 2023 Cultura
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51. La Légende de Nil. Jean-Marc Ferry. Livre II, L'Utopie de Mohên, Chapitre VII, 2

 

 

Ce n’est pas un grand loup gris, mais un loup d’une autre espèce, trois fois plus petit et tirant vers le roux, qui accueillit Oramûn et Yvi à l’entrée Sud-Est du massif des Welten, et les accompagna jusqu’au plateau qui domine le lac de Lob.

Après avoir récupéré un aéroglisseur, non loin du camp d’Ulân, Oramûn avait regagné la plage où sa femme a recouvré la santé. Coupant aux mots qu’il allait tenter pour la persuader de demeurer à proximité du navire, Yvi avait prié son mari de la laisser l’accompagner, car elle tient à revoir Lob-Âsel-Ram et les jeunes Djaghats. En accord avec Ols Oramûn chargea alors ses frères de conduire l’une des deux Frégates jusqu’au niveau de la côte maritime où semblent plonger les montagnes de Welten.

— Là, vous jetterez l’ancre en attendant que des hommes viennent décharger le blé ; des Olghods, aidés peut-être par des Djaghats. Quant à l’autre Frégate, elle restera dans la crique.

Oramûn fit monter Yvi avec lui dans son aéroglisseur. Il gagna avec elle le village des Olghods amis, avisa ceux-ci de l’arrivée prochaine d’un bateau chargé de blé à leur intention, leur annonçant qu’ils pourraient, d’ici deux jours, prendre livraison de la cargaison. Il leur exprima son regret sincère de ne pouvoir demeurer plus longtemps, ne serait-ce que pour faire avec eux le point de la situation créée par l’afflux des réfugiés. Mais il reviendra bientôt, promit-il.

Le couple reprit la route, le lendemain à l’aube, en direction des montagnes. Il parvint au lac, à la nuit tombée. Nul bruit hormis le piaulement d’une chouette, les sons flutés de crapauds en dialogue et un discret jappement trahissant la présence voisine du petit loup. Cependant on entrevoyait une lumière faible sur la rive Ouest du lac, à proximité de la montagne. Oramûn et Yvi s’approchèrent sans bruit. De loin, ils purent distinguer les corps allongés des jeunes Djaghats. Dorment-ils ? En s’approchant encore, ils comprirent qu’il n’en est rien. Il y avait un parfait silence, mais garçons et filles étaient loin de dormir.

Les garçons étaient allongés, nus, sur le dos. Convergeant vers une petite lampe à huile, leurs pieds se rejoignaient au centre de l’étoile formée par leurs corps entre lesquels s’intercalent, accoudées en sens inverse, les filles qui, nues elles aussi, sont allongées sur le ventre, le menton entre les mains. Elles fixent en silence le sexe des garçons. De temps à autres, l’une d’elles étend le bras pour effleurer le pénis d’un voisin. Sans doute Yvi et Oramûn étaient-ils arrivés juste au début de la scène. C’est ce que l’on induirait du fait qu’au bout de quelques temps tous les pénis semblaient avoir atteint le maximum de leur érection en taille et dureté. C’est alors que, les unes après les autres, les filles choisirent leur étalon. Prenant le sexe d’un garçon à pleine main, elles venaient s’y asseoir doucement. Le silence du début se maintint jusqu’à ce que l’une des filles émît un gémissement à peine audible. Comme par un effet de contagion, d’autres filles y firent écho. Puis, les gémissements des filles et les râles des garçons se répondirent en chœur, faisant monter le plaisir jusqu’à un orgasme collectif.

Yvi et Oramûn se regardèrent, émus, stupéfaits, interdits, déroutés, excités, perplexes… Les adjectifs manquent pour décrire leurs sentiments mêlés. Ni l’un ni l’autre n’avaient imaginé que l’on pût s’adonner en toute candeur à une émulation sexuelle commune. Pour les jeunes Djaghats, cependant, c’est naturel. Il suffit de voir leurs visages pour comprendre qu’ils n’y mettent nulle recherche : la communauté est le mode évident de leur existence.

Prenant les choses comme elles s’offrent, Yvi et Oramûn s’assirent à proximité, mais un peu en retrait, en attendant que les jeunes Djaghats s’avisent de saluer leur présence. Ces derniers se retiraient cependant vers des cabanes de bois rassemblées dans une clairière naturelle des futaies qui surplombent la berge. En passant, filles et garçons saluaient le couple dans une attitude marquant amitié et considération. Mais ils gardèrent le silence, comptant remettre au lendemain les paroles d’accueil et manifestations de bienvenue.

Ce comportement étrange contribua à tenir les époux éveillés, plusieurs heures durant. Yvi eut envie de caresser le sexe d’Oramûn, de reproduire ainsi pour son compte l’effet qu’elle avait pu admirer chez les garçons. L’attente ne fut pas déçue. Oramûn, lui aussi, est troublé. Le hante l’image des filles attentives aux pénis des garçons, leur façon posée de jeter leur dévolu, après avoir estimé la qualité du membre. Cela suscita en lui le fantasme d’être regardé ainsi, et le fantasme réciproque anima Yvi. Elle n’avait pas fait l’amour depuis plusieurs semaines, car la grossesse ne l’y dispose pas. Mais, se dit-elle, d’autres voies se proposent. Pourquoi pas des séances de caresses, où l’on s’essaie à surmonter sa timidité, en se livrant à des confidences intimes à travers des mots d’amour ? Cela n’avait jusqu’alors pas été vraiment tenté par les amants, pressés qu’ils étaient de s’étreindre. Yvi en ressentit un manque, elle en parla, la nuit même, à Oramûn qui se montra réceptif. Ce fut le bonheur. De l’expérience qui leur avait au fond été suggérée par les jeunes Djaghats, Yvi et Oramûn retirèrent un sentiment de complétude. Une dimension spirituelle s’était adjointe au plaisir physique, le transvaluant au-delà de leurs anticipations.

Ils s’endormirent à la belle étoile. Cela n’alla pas sans peine, vu que les moustiques avaient repéré chez les époux une peau plus vulnérable que chez les jeunes Djaghats. Yvi ne parvenait pas à fermer l’œil :

— Comment s’en débarrasser, Oramûn ? Un seul suffit à gâcher la nuit.

— Tu attends qu’il grogne à ton oreille et tu le claques.

— Mais un moustique ne grogne pas, Oramûn !

— Tu l’abats quand même, dès qu’il se signale à ton oreille… Je ne peux le faire à ta place.

Le lendemain matin, ils ouvraient à peine les yeux, qu’ils entrevirent le petit loup rouge, assis derrière un arbre sans les quitter des yeux. Yvi l’appela doucement. L’animal fit un pas de côté et s’éloigna sans se presser.

— Crois-tu qu’il s’agisse de Lob ?

— Je ne pense pas… Je n’en sais rien. Les choses sont moins simples qu’elles y paraissent.

— Où sont passés les jeunes, à ton avis ? On n’entend rien dans la clairière. Dormiraient-ils encore ?

Non. Oramûn les aperçut à la pointe Sud du lac, et il crut discerner en outre la silhouette de Lob-Âsel-Ram.

— Yvi, ils sont là-bas, regarde ! Et Lob est avec eux.

Chacun, garçons et filles, vint embrasser Yvi. Les garçons serrèrent chaleureusement les avant-bras d’Oramûn, suivant la coutume, et les filles se tenaient devant lui, souriantes, légèrement inclinées. C’est lui qui fit le pas vers elles pour les gratifier d’un baiser sur les deux joues. Elles et les garçons souriaient, faisant cercle autour des époux. Puis, ouvrant un passage, ils révélèrent — c’est du moins la scène dont ils s’amusaient — la présence de Lob. Cela les fit rire aux éclats comme en un jeu mêlant farce et bonne surprise. Lob se tenait assis, ses yeux immenses éclairaient encore un sourire éclatant. Tout en lui respire la sérénité.

— Mes amis ! Mon cœur est heureux de vous voir.

Lob s’adressa aux jeunes Djaghats en désignant le couple :

— Voici les protecteurs de votre peuple à venir. Vous vous souviendrez d’eux et transmettrez ce souvenir à vos enfants.

Et, se tournant vers Oramûn :

— Tu as bien fait d’aller parler à Ulân. Comme toujours, tu choisis ce qui est bon. C’est ainsi que je t’ai connu, et ainsi je te reconnais…

Lob-Âsel-Ram marqua alors une assez longue pause, pour reprendre à voix basse :

— Falkhîs est contrarié, et plus encore. Zaref et lui ne sont pas à l’unisson. Cette déception est peu comparée à celle que tu lui réserves.

— J’ai promis à Ulân de revenir accompagné de quatre jeunes, afin qu’ils témoignent au sujet du massacre.

— Oui, ainsi les Djaghats pourront-ils renoncer à la vengeance. Les Kharez ne seront pas leurs amis. Mais les peuples de Asse-Halanën retrouveront la paix entre eux.

Lob regarda Oramûn avec une expression étrange :

— Prends avec toi ces quatre qui sont là, derrière toi : deux filles et deux garçons. Compte sur les filles pour dire la vérité face aux Kharez !

Il fallut une journée de marche à Yvi, Oramûn et les quatre Djaghats, pour parvenir à l’aéroglisseur garé au pied de la montagne, où ils bivouaquèrent ; puis une journée encore pour atteindre le camp d’Ulân. Au matin du lendemain de leur arrivée, Ulân avait déjà convoqué les trois peuples qu’il plaça selon l’indication d’Oramûn : Kharez d’un côté, Djaghats de l’autre, Tangharems au milieu. Les ressortissants des trois tribus forment un demi-cercle autour du banc de bois sur lequel Ulân se tient assis. Yvi, Oramûn, ses frères et Ols leur font face, à quelques pas d’Ulân. Yvi s’est assise sur une pierre, les quatre jeunes Djaghats à ses côtés. Tous attendent en silence, car le moment est solennel. Ulân prit la parole :

— Lorsqu’au sein d’une tribu une famille a subi un outrage d’une autre famille, c’est le chef de la tribu que l’on vient trouver pour obtenir réparation. Il convoque les deux familles qui exposent devant lui leur version du différend, et il prononce le verdict. S’il juge qu’il y a eu outrage, il fixe le montant de la réparation, et si la famille condamnée refuse de payer, il impose une peine physique lourde…

Tous attendaient la suite.

— … Aujourd’hui, notre affaire n’est pas de régler un différend entre familles d’une même tribu. Il s’agit de crimes commis par une tribu d’Asse-Halanën envers une autre. On me dit que les Kharez ont assassiné les habitants d’un village djaghat sans épargner les vieillards, les femmes et les petits enfants. Est-ce le cas ? Je m’adresse aux Kharez : les vôtres ont-ils perpétré ce massacre ? Quelqu’un parmi vous veut-il répondre ?

Il fallut attendre avant qu’un jeune homme de la tribu des Kharez s’avance :

— Une centaine des nôtres ont commis le carnage et se sont enfuis après la mort d’Ululdûn.

— Mais, entre-temps, vous avez combattu avec eux. Vous n’avez pas voulu les punir. Vous étiez donc complices, n’est-ce pas ?

Le jeune homme baissa la tête en se taisant. Il n’osa pas répondre qu’Ululdûn n’eût pas autorisé le châtiment des criminels. Un autre Kharez, plus âgé, sortit du rang :

— Nous les soutenions. Nous étions d’accord pour massacrer les Djaghats. Nous l’avons fait sous le commandement d’Ululdûn. Il nous a expliqué que les Djaghats ne sont pas humains ; que ce sont des êtres indéterminés.

— Qu’entends-tu par « êtres indéterminés » ?

— Ils sont d’apparence humaine, mais peuvent revêtir une forme animale. Ululdûn disait que nul ne connaît leur être véritable. Ils se transforment, surtout la nuit. En des temps anciens ils ont réussi à s’infiltrer parmi nous, à se faire passer pour un peuple d’Asse-Halanën. Nous en avions peur et nous les haïssions.

Dans le rang des Kharez on entendit monter un murmure d’assentiment, non d’approbation pour le massacre, mais d’adhésion à la version proposée pour l’expliquer. À ce murmure répondirent, du côté des Djaghats, des bruits d’indignation et de colère. Cependant, les Tangharems ont reçu consigne de contenir les mouvements agressifs de part et d’autre, de les prévenir, de se faire vigilants, d’intervenir avant l’explosion. Conscients de leur responsabilité, ils se mirent en garde, faisant face de chaque côté aux adversaires. Mais Ulân intervint d’un geste de la main pour calmer la situation. Il s’adressa aux Kharez :

— A présent, je vous invite à affronter ces monstres dont les parents furent massacrés ! Il est d’ailleurs étrange qu’Ululdûn ait voulu les épargner pour son compte personnel…

Ulân montra les quatre jeunes Djaghat :

— Voici les témoins des survivants. Vous allez supporter leur regard et, s’il leur plait, leurs interrogations.

Ulân fit alors signe aux quatre adolescents de s’approcher et de se rendre au centre du demi-cercle, juste devant lui.

— Depuis votre abri des Welten vous êtes venus porter témoignage de ce qu’ont subi les vôtres. Vous pouvez vous adresser à ceux qui assument leur complicité. Parlez à votre convenance ! Vous n’avez rien à craindre.

Une jeune fille Djaghat s’avança vers les Kharez, regarda les hommes en face.

— J’ai vu certains des vôtres égorger nos pères, nos grands-pères, mères, grands-mères, frères, sœurs, celles et ceux que nous aimons. Ils ont commis ces carnages avec plus d’ardeur que mettent les grands ours à se jeter sur une carcasse, au sortir de l’hiver. Mon nom est Jaï. La fille que vous voyez ne change pas de forme, la nuit, pour se nourrir d’insectes, s’accrocher aux parois des grottes humides, fouiller la vase des marais. Qui d’elle ou de ces hommes pensez-vous digne d’Asse-Halanën ?

La jeune fille avait prononcé ces paroles d’une voix claire et calme. Elle se tenait droite, sans arrogance. Son attitude rehaussait sa beauté naturelle. Oramûn se demanda où il avait déjà vu ce visage. À vrai dire, c’est toute la personne de la jeune fille qui lui rappelait quelqu’un. Mais qui ? Sur le moment, il ne trouva pas. Tous se taisaient, lorsqu’un Kharez, s’avançant vers elle, s’agenouilla, se courba jusqu’à toucher le sol de son front, mains croisées sur la nuque. Relevant le visage pour quêter son pardon, il agit comme si elle y consentait, entoura de ses bras les chevilles de la jeune fille et lui baisa les pieds. Un à un, des guerriers Kharez s’avancèrent. Tour à tour, ils procédèrent aux mêmes gestes de contrition. Dans les rangs des Djaghats les visages avaient perdu leur expression de haine et de colère. On y lisait à présent une infinie tristesse. Ulân reprit la parole :

— Rendons hommage à la noblesse des Djaghats dont les yeux nous disent qu’ils renoncent à la vengeance. Je m’incline devant ceux qui ont su reconnaître le crime et implorer le pardon. Leur cœur s’est enfin ouvert aux victimes du massacre, morts et survivants.

Et, s’adressant à la jeune fille :

— Jaï, Tu t’es montrée digne et courageuse. Je te salue. Tu fais honneur à ton peuple ainsi qu’à tous ceux d’Asse-Halanën.

Il désigna les trois jeunes Djaghats, Yvi, Oramûn, ses frères et Ols :

— Avec celles et ceux qui t’accompagnent tu es sous la protection d’Ulân.

Puis Ulân se leva pour s’adresser à l’assemblée d’une voix dont les vibrations eurent don de figer l’assemblée :

— Djaghats, Kharez, Tangharems, vous formez désormais un peuple uni. Que nous gardions chacun nos héritages, mais sans nous interdire de voir chez nos voisins ce qui nous fait défaut ! En mettant par là en commun nos expériences et nos savoirs, nous gagnerons en sagesse.

Ulân fit du regard un tour d’horizon, car il veut mesurer sur l’auditoire l’impact de sa proposition. La réception lui en parut positive, et cela l’engagea à conclure :

— Ce soir, nous célébrerons la réconciliation et l’unité de nos tribus en un peuple Un. Tous sont conviés : ceux de Asse-Halanën comme nos visiteurs du Royaume des Nassugs et de l’Archipel de Mérode.

Oramûn se demandait encore qui la jeune Djaghat lui rappelait, et il réalisa d’un coup : « Ôm, elle ressemble à Ôm ! D’ailleurs, tous ces orphelins m’évoquent les Sils ». De cette étrangeté il n’eut la clé que plus tard

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