Je ne comprends pas cette part de moi qui cherche systématiquement à voir le plus joli dans toute situation, dans toute rencontre, dans chaque regard croisé.

Je ne comprends pas cette petite Juliette qui semble chanter "tralalalère" les mains vissées sur les oreilles. Elle n’écoute pas, ne voit pas les drapeaux rouges que la grande agite sous le bout de son nez.

Parce que cette gamine têtue trimballe son petit cœur en bandoulière et refuse de s’avouer vaincue.

Chaque matin, elle s’éveille, une étincelle d'espoir dans ses yeux qui papillonnent, une lueur d’innocence qui éclaire même les journées les plus sombres. Elle trouve des fragments de lumière dans les coins les plus reculés, des pétales de rose parmi les épines entortillées. Et quelques trèfles à quatre feuilles aussi, pour s'en faire des colliers.

Les nuages lourds et gris n'ont pas raison de sa détermination. En tout cas, jamais bien longtemps.

Elle danse sous la pluie, saute à pieds joints dans les flaques de ses peurs et transmute la boue en or, pour les sertir dans ses prunelles obsidiennes. Les défis ne sont que des opportunités déguisées, des mystères à démêler avec la curiosité d’une enfant qui se refuse à devenir grande, définitivement.

L'autre, quant à elle, regarde cette chipie avec un mélange de frustration et d'admiration. Elle voudrait la protéger des éclats de verre et des orages qui menacent. Alors, elle la gronde, tempête, se fâche et abdique la plupart du temps, car elle sait que la force de la petite réside dans sa capacité à transformer les cicatrices en étoiles.

Ainsi, elles avancent ensemble, parfois à cloche-pied, toujours sur un fil, c’était prédestiné. La grande tempère les élans de la petite, tandis que la petite insuffle du courage et de la magie à son aînée. Et dans cette danse harmonieuse, elles tracent leur chemin, trouvant la beauté dans les imperfections et la poésie dans les combats quotidiens.

Mais cette quête incessante de lumière est épuisante. La petite Juliette, avec son optimisme inflexible, peut parfois s'épuiser à lutter contre les ombres, à sourire quand elle voudrait pleurer. Pourtant, elle continue, car elle croit qu'au-delà de la fatigue se trouve l'essence même de l'existence.

Malgré leurs désaccords, l'une et l'autre savent que la vie est un tableau en perpétuelle évolution, et chaque coup de pinceau, chaque nuance, contribue à en faire une œuvre d’art unique, une enivrante mélodie.

Et c’est dans ce voyage partagé, entre rires et larmes, qu’elles comprennent, bras dessus, bras dessous, que la vraie magie réside dans la manière dont on choisit de voir le monde, dans le cœur que l’on instille à chaque instant, même si parfois ça fait mal, qu’on se jure que plus jamais on n’occultera le moche pour ne voir que le beau que l'on croit discerner derrière.

Et si petite Juliette s'égratigne les genoux, la grande, elle, redressera sa couronne de guingois en s'abstenant de dire "je te l’avais bien dit", tout en se mordant les joues.

Xoxo,

Juliette

Image réalisée avec Seelab et retravaillée avec Canva