Chapitre 4 : Perles salines et magie astrale...
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Chapitre 4 : Perles salines et magie astrale...
Ne sachant que faire face à ce déluge de larmes, la lutine reste figée, sautillant d’un pied sur l’autre. Ses yeux ronds emplis de compassion suivent les sanglots de la petite humaine, attendant patiemment que le flot de larmes se tarisse. Peu à peu, les sanglots se font moins fréquents, cédant la place à une cascade de mots trop longtemps retenus.
Assise sur une souche recouverte de mousse vert pomme, Gaëlysse, les joues encore perlées de larmes salées, confie avec une voix tremblante qu’elle s’est enfuie de chez ses parents cet après-midi. Elle ne supportait plus leurs disputes incessantes, ces cris stridents qui lui transperçaient le cœur, ces objets fracassés qui semblaient broyer son enfance à chaque éclat de voix. Chaque hurlement était un coup de poignard, chaque objet brisé un morceau de son passé qui s'effritait.
Elle raconte chaque instant de cette journée infernale, où les disputes avaient atteint un paroxysme insoutenable. Les murs de la maison vibraient des hurlements et les bibelots volaient comme des projectiles de colère. L’impuissance la submergeait, chaque mot crié résonnant en elle comme un écho douloureux.
Ses larmes, amères et salées, brouillaient sa vue, l’empêchant de voir le chemin devant elle. Elle se souvenait d’avoir marché longtemps, sans but précis, plongée dans ses pensées sombres, engloutie par sa colère et sa peur de l'avenir sans ses parents ensemble. Tout ce qu'elle désirait était de fuir les cris et de retrouver la paix.
Gaëlysse se rappelle simplement les éclats de lumière filtrant à travers les arbres, du parfum enivrant des fleurs sauvages et du chant apaisant des oiseaux qui tentaient de consoler son petit cœur brisé. Mais quand les derniers rayons du soleil avaient disparu derrière l’horizon, l’angoisse l’avait envahie. À la tombée de la nuit, elle réalisa qu’elle avait perdu tout repère, tant géographique qu’émotionnel.
Égarée dans la forêt et dans l'incertitude de son propre avenir, chaque ombre, chaque bruissement de feuilles accentuait son sentiment de solitude. Épuisée par des heures d'errance, Gaëlysse s’était laissé glisser enfin au pied d’un arbre noueux. Les racines tortueuses semblaient l’enlacer pour apaiser son tourment, et elle s’était endormie, les yeux brouillés de larmes, pour se réveiller dans un cauchemar, réalisant que de nombreuses heures avaient filé, dans cette forêt rendue encore plus mystérieuse et oppressante sous le voile de l’obscurité.
La lune, haute dans le firmament, baignait Gaëlysse de sa lumière bienveillante. Ses rayons argentés caressaient doucement son visage marqué par les pleurs séchés, mais la petite humaine tremblait encore, pétrifiée de peur et de froid. Le souffle glacial de la brise nocturne s’infiltrait à travers les arbres, amplifiant ses frissons.
Elle aspirait désespérément à retrouver la douce chaleur de son foyer. L'angoisse de ses parents, la cherchant partout, lui serrait la gorge. Les souvenirs des soirées au coin du feu, des histoires murmurées et des éclats de rire partagés la hantaient. Elle savait, au plus profond d'elle-même, que leurs sentiments pour elle étaient inconditionnels. Si demain elle avait deux maisons, elle serait toujours leur petite fille chérie. Cet amour-là ne s'évanouirait jamais. Elle voulait rentrer, mais ne savait plus quel chemin prendre, figée par l'incertitude.
Puis Astréla était apparue, émergeant de l'ombre avec un sourire bienveillant illuminant la nuit. Son allure espiègle et ses yeux pétillants insufflèrent à Gaëlysse un espoir nouveau, une étincelle dans l’obscurité menaçante. Au cœur de cette nuit sombre, une lueur d’espoir s’incarnait à présent sous les traits de notre lutine aux oreilles pointues.
Pourtant, toutes deux étaient bel et bien perdues dans ce marécage enchanté, fleuri par les pouvoirs magiques de l’espiègle farfadette. Un parfum des fleurs exotiques flottait dans l'air, mélange enivrant de jasmin de nuit et de rose de jour, contrastant avec l'humidité terreuse des marécages.
Malgré ses dons, Astréla ne parvenait pas à localiser son village féérique au cœur de Brocéliande, encore moins celui de Gaëlysse. Elle réfléchissait de toutes ses forces, mais aucun des talents offerts par Dame Nature ne semblait pouvoir les aider. La lutine se sentait perdue, et avec elle, l'espoir de retrouver le chemin s'amenuisait, chaque minute rendant la nuit plus froide et obscure.
Merlin n'aurait pas les queues de salamandres enchantées à temps, le saule ne pourrait être soigné… Astréla s'en voulait terriblement, se reprochant son manque de vigilance sur le chemin emprunté, elle imaginait Merlin fulminant dans sa barbe millénaire, déçu par ses erreurs.
Soudain, frappée par un souvenir d’une clarté inouïe, Astréla revit en pensées un songe maintes fois fait auparavant. Un rêve où elle s’adressait à la lune, implorant son aide. Ce souvenir était aussi net que l’éclat de la lune elle-même, et elle y vit un signe, une lueur d’espoir dans l’obscurité croissante. Un message de l'Univers...
image réalisée avec Seelab et retravaillée avec Canva
La suite demain!