Les minutes s’écoulent, et le silence devient presque tangible, comme une étoffe pailletée qui enrobe le décor. Astréla sent son cœur battre à tout rompre, chaque seconde qui passe semble un défi à surmonter. La forêt de Brocéliande, d'habitude si apaisante, semble elle-même retenir son souffle, attendant une réponse céleste. Les branches des arbres craquent doucement sous le poids de la neige, créant une mélodie discrète qui accompagne l’attente.

Lentement, imperceptiblement, la lune, comme émue par les mots d’Astréla, change imperceptiblement de trajectoire. Son éclat se fait plus intense, projetant des ombres argentées qui dansent sur le sol enneigé. Elle semble pivoter légèrement sur son axe, comme pour mieux écouter l'appel désespéré de la lutine. Les étoiles autour d’elle scintillent de manière plus vive, répondant à un appel secret, une symphonie cosmique en parfaite harmonie.

Soudain, un rayon de lune, pur et cristallin, se détache de l’astre et descend doucement vers le sol. Astréla et Gaëlysse retiennent leur souffle, ébahies par ce spectacle magique. Le rayon de lumière argentée se déploie lentement, se frayant un chemin à travers l’obscurité, et finit par effleurer délicatement la terre. Chaque fragment de cette lumière semble vibrer d’une énergie ancestrale, résonnant avec la magie de la nuit.

À peine le faisceau touche-t-il le sol qu’il se transforme en un immense escalier translucide. Le tintement cristallin de cette métamorphose enchantée emplit l’air, ajoutant une dimension sonore à cette scène déjà visuellement enchanteresse. Le spectacle est d’une rare beauté poétique, et le moment, précieux. Les secondes sont suspendues. Chaque respiration devenir un intemporel écho du passé, du présent et du futur mếlé.

Les yeux écarquillés, et avec une hésitation qui traduit leur émerveillement et leur crainte, Astréla et Gaëlysse se regardent sans oser prononcer le moindre mot, la moindre onomatopée. La magie de l’instant est si intense qu’elles osent à peine respirer. Les flocons d’étoiles dorés continuent de voltiger autour d’elles, les enveloppant de leur chaleur douce et réconfortante, comme un manteau invisible de protection et de tendresse.

Astréla, rassemblant tout son courage, s'empare de la main glacée de Gaëlysse. La fillette sent la pression rassurante des doigts de la lutine contre sa paume et comprend que le moment est venu de faire un pas en avant. Lentement, doigts enlacés, elles gravissent la première marche de cet escalier de lumière.Leurs cœurs battent à l'unisson. Chaque battement résonnent comme un tambour de guerre dans le silence de la nuit.

Mais à la seconde où leurs chaussures se posent, simultanément, sur cette blancheur éblouissante, le rayon-escalier de lune s’envole dans les cieux en pivotant, les emportant dans un voyage magique. Pendant un temps indéfini, peut-être quelques secondes, peut-être plusieurs heures, elles observent la magnificence de la terre vue d’en haut. Les rivières serpentent comme des rubans argentés, la forêt s’étend majestueusement, les maisons illuminées brillent comme des joyaux, et le château et ses remparts se dressent fièrement au loin.

Les paysages défilent sous leurs yeux émerveillés, et dans cette communion silencieuse, nos deux héroïnes se sentent en parfaite harmonie. La douce lumière lunaire baigne tout de sa pureté éclatante, créant un sentiment de paix et de sérénité. La magie de la lune les enveloppe complètement, et elles se sentent portées par une force bienveillante, une énergie cosmique qui les lie à l'univers tout entier.

Soudain, une secousse les sort de leur douce torpeur. Le rayon de lune enchanté se divise sous leurs pieds, et chacune sera bientôt séparée de l’autre. Comprenant ce qu’il se passe, Astréla retire rapidement la bague d’argent antique qu’elle porte au pouce pour la lancer à Gaëlysse, qui semble alors hypnotisée par la lumière éblouissante.

image réalisée avec Seelab et retravaillée avec Canva

A suivre chapitre 7 : L'anneau ensorcelé