L'Avenue des Volcans
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L'Avenue des Volcans
L'Equateur est donc situé sur la ceinture du feu du Pacifique, et de ce fait est le lieu de résidence d'un certain nombre de volcans répartis le long de la Sierra, la grande chaîne montagneuse des Andes. On compte environ 80 volcans ici dont une quarantaine en activité, et les plus hauts sommets de l'Equateur sont tous des volcans, situés entre 5000m et 6000m. Cette activité volcanique, outre les dégâts qu'elle peut parfois causer, rend régulièrement compliquée leur ascension. C'est cette région, surnommée l'Avenue des volcans, que j'explore en ce moment.
Petit clin d'oeil néanmoins à mon homonyme ! en 1736, Louis XV confie une mission scientifique à Charles-Marie de La Condamine, géodésien et naturaliste français, celle de vérifier si la terre est renflée à l'équateur et aplatie aux pôles. Il tentera de définir précisément le point zéro de la ligne de l'équateur, d'étudier et de mesurer l'altitude des volcans, sera le premier scientifique à descendre le fleuve Amazone, et par son journal de voyage à l'Equateur participera à donner son nom à ce pays lorsqu'éclatera la grande Colombie !
Les volcans donc.
De Latacunga, je vous ai présenté dernièrement la superbe laguna Quilotoa (3920m), volcan éteint au sein duquel siège un grand lac circulaire.
L'autre attraction est d'aller voir le fameux Cotopaxi (5897m), visible également depuis Quito, volcan célèbre pour sa forme parfaitement conique et enneigée à son sommet, rappelant le fameux mont Fuji japonais. C'est le plus haut volcan en activité du pays, et il crache régulièrement de la cendre actuellement, rendant interdite son ascension depuis novembre dernier. On peut toutefois l'approcher et marcher sur son flanc, et c'est ce que je fais. Le circuit est parfaitement encadré et bien fréquenté.
On monte donc depuis l'entrée du parc jusqu'au parking situé à 4500m, puis on marche dans le sable et la cendre jusqu'au refuge situé à 4865m. De là, on peut poursuivre jusqu'au départ du glacier, situé actuellement autour de 5000m. Ce n'est pas très difficile, mais il faut s'être acclimaté et composer avec l'altitude et le souffle court ! En revenant au parking, je constate effectivement la présence d'une fine pluie de cendre qui irrite les yeux et recouvre mes vêtements. Le volcan restera couvert une bonne partie de la journée, mais se découvrira quand même en partie sur le chemin du retour en début d'après-midi. Reste que les paysages aux alentours depuis le volcan sont splendides ! Je vous laisse découvrir.
Arrivé depuis à Riobamba, un peu plus au sud, je suis entouré des volcans prestigieux du pays.
Je vous avais déjà parlé du Tungurahua (5023m) quand j'étais à Banos. Ce volcan, dont le nom signifie gorge brûlante en quichua, est l'un des plus actifs au monde. Il avait explosé bruyamment en 1999, entrainant l'évacuation de toute la ville, puis à nouveau en 2006 et en 2014. Depuis, on peut constater régulièrement fumée et cendres émanant de son cratère, empêchant de trop s'en approcher. On peut voir des photos et vidéos sur internet, montrant une projection de lave à 1km de haut, et de cendres à 8km en l'air ! De Riobamba je peux également l'apercevoir, à 60km au nord. La ville fut également secouée par l'explosion, puis recouverte d'une pluie de cendres pendant plusieurs jours, me raconte le propriétaire de l'hostal où je réside.
Il y a également le Chimborazo (6310m), le plus haut sommet de l'Equateur et même le point le plus éloigné du centre de la Terre et le plus proche du Soleil, du fait que notre planète soit bombée à l'Equateur et applatie aux pôles comme l'avait vérifié Charles-Marie de la Condamine ! Il siège à ce titre sur le drapeau de l'Equateur. Endormi, on l'appelle le Tayta (Papa) Chimborazo en Qichua et est considéré comme un Dieu protecteur, contrairement à la Mama Tungurahua très active et capricieuse. Ils auraient donné naissance à un bébé, le Carihuarayzo (5120m), situé entre les deux. Tout un cortège de mythes et de légendes indigènes entourent bien-sûr ces hauts sommets !
Et c'est donc celui que je me suis attelé à grimper aujourd'hui. Bon, pas jusqu'en haut ! L'ascension est possible, mais technique, et nécessite de partir à la frontale à minuit équipé de crampons/piolet et encordé, et je vous ai déjà dit que je n'avais pas la motivation suffisante pour réaffronter ce genre d'épreuve..:-). Mais nous montons avec Paul, mon guide très sympathique pour la journée, en voiture depuis Riobamba (2800m) jusqu'au parking du premier refuge (4800m). De là nous rejoignons un 2eme refuge puis un petit lac situé à 5100m. Et ma condition physique étant bonne, nous poursuivons notre ascension avec Paul dans la neige jusqu'à environ 5400m. L'effort, là encore, n'est pas extrême, mais dépend avant tout de l'acclimation au manque d'oxygène !
De là haut, malgré les nuages qui vont et qui viennent, la vue est superbe. Le temps s'arrête, il n'y a plus qu'à apprécier, apprécier d'être là, simplement respirer, méditer en silence, apprécier d'exister et jouir de l'instant présent. En redescendant, Paul et un autre guide nous convient à une petite danse masquée en l'honneur de Taita Chimborazo qui nous accepte auprès de lui aujourd'hui.
Au retour, j'ai la chance de pouvoir redescendre l'ensemble du volcan en VTT, de 4800m à 3000 et quelques mètres, superbe descente dans la cendre, le sable, puis la terre, au milieu d'une végétation qui se densifie peu à peu et de quelques vigognes qui paissent dans le parc, découvrant une fois encore des paysages magnifiques, surfaces très vallonnées et cultivées, donnant avec les jeux de lumière du soleil des ravissements de chaque instant, et le Chimborazo qui se découvre progressivement au fur et à mesure de la journée.
Sur la route du retour, nous nous arrêtons pour porter secours à 2 guides qui tentent de maîtriser un jeune allemand, hagard au milieu de la route, qui s'est extirpé violemment de sa voiture. Nous comprenons qu'ils ont passé la nuit au refuge, qu'il s'est plaint de ne plus voir, puis est devenu de plus en plus confus et aggressif malgré la redescente en voiture. Le mal de l'altitude peut en effet se manifester chez des personnes qui n'ont pas pris suffisamment de temps pour s'acclimater, par un oedème cérébral ou pulmonaire. Ca commence par un mal de tête, puis des nausées/vomissements, une confusion et des troubles neurologiques, pouvant mener jusqu'au coma. C'est reversible en redescendant, mais eux ayant passé la nuit au refuge ont certainement trop tardé. Aidés de la police, nous parvenons à le faire réintégrer leur voiture pour le conduire à l'hopital le plus proche. Comme quoi, il ne faut pas jouer avec l'acclimatation !
Reste dans la région où je suis El Altar (5319m) aux rebords dentelés : les vulcanologues estiment qu'il devait faire jusqu'à 7000 voire 8000m avant qu'une énorme explosion en décapite son extrémité il y a plusieurs centaines d'années ! Il demeure depuis 9 sommets acérés et un grand lac en son sein. Les amérindiens l'appelaient Capac Urcu, le roi de toutes les montagnes. Il se découvrira en partie en fin de journée.
Et enfin le Sangay (5230m), volcan encore en activité et quasiment toujours dans la brume, crachant vapeur, cendres et petites pierres en permanence depuis 80ans. Périlleux de le grimper.
Voilà donc un aperçu de l'Avenue des Volcans qui traverse le pays du nord au sud, axe central de l'Equateur sur lequel se situent également la plupart des grandes villes, et également traversé par la fameuse Panaméricaine qui traverse toute l'Amérique du Sud de la Colombie jusqu'à la Patagonie... J'espère qu'aucune irruption ne va venir chambouler mon voyage dans les semaines à venir !
Bien à vous toutes/tous,