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Balade Coronavirussienne - Ca va aller Patron

Balade Coronavirussienne - Ca va aller Patron

Published Jun 5, 2020 Updated Jun 5, 2020 Travel
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Balade Coronavirussienne - Ca va aller Patron

«Korydwen, Korydwen, pourquoi t'en être allée au premier jour de mai de ta quinzième année,
Fillette païenne, couronnée d'épis de blé. à la fraîche fontaine, dans le bois aux sorbiers?»
Tri Yann - Korydwen Et Le Rouge De Kenholl

Ben,... comme Korydwen, j’aurais pas dû y’aller.
Tout a commencé lorsque je débarquai à Dakar le 24 février pour une mission, ou plutôt un road trip de 1500 km. En 8 jours, ça ne parait pas énorme mais quand on connaît l’état de certaines routes et le fait que durant ces 8 jours, on devait travailler sur quatre centrales électriques, la situation se complique.
Donc arrivée le 24 au soir à l’aéroport Blaise Diagne, nuit à Thiès et départ le matin pour Goudiri via Tambacounda (Tamba). Jusqu’à Tamba la route est bonne et a été refaite, ensuite de Tamba à Goudiri elle est en train d’être refaite mais il reste encore de nombreuses déviations et pour faire les 110 km environ il faut plus de deux heures. On traverse la brousse Sénégalaise et bien que la route ne soit pas dans un parc national, on peut y voir quelques animaux sauvages comme des singes ou des phacochères. Il y a aussi de nombreux type d’oiseaux.

Les 2 copines à Goudiri

 

Phacochère

Phacochères

Longtemps j’ai pensé que le Sénégal était une destination touristique, c’est vrai pour l’Ouest mais dès que l’on dépasse Tamba, on retrouve la vraie Afrique et son ‘Poulet-Frite, Poulet- Petit pois’.
Il y a 2 campements entre Tamba et Goudiri et un hôtel à Kidira, tout ça en 180 km. On est loin de Saly Portudal, poufodrome pour rasta désargenté  en manque d’affection. Ceux qui connaissent apprécieront.
J’aime bien le style de campement de Goudiri, il est rustique et relativement propre, on a même de l’eau et de l’électricité. La climatisation essaie de fonctionner malgré des chaleurs assez fortes. Début Mars, il ne faisait déjà pas loin de 40°C. Il y a encore le tableau d’affichage avec les noms des chauffeurs et des clients-chasseurs pour l’expédition du lendemain. Mais depuis quelques années, il n’y a plus de chasseur. Même les endroits épargnés par le terrorisme ne fait plus recette en Afrique... Bon, ce n’est pas plus mal, car seuls les amoureux de ce continent qui le respectent y voyagent encore.

Singes patas dans la brousse

 

 

Sur la piste

 

Baobab entre Tamba et Goudiri

 

Hôtel à Goudiri


Le lendemain, nous passions à la centrale puis, notre travail terminé prenions la route pour Kidira. Soixante dix kilomètres de trous, de bosses et de poussière. Fragiles des reins et asthmatiques, s’abstenir. Au bout de pratiquement 2 heures 30, on arrive à Kidira. Kidira, ville frontière avec le Mali à partir de laquelle on peut continuer sur Kayes. Il y a un hôtel pour ‘blanc’. Enfin pour le ‘blanc’ qui a duré en Afrique, qui n’est pas trop regardant, et qui n’est pas sujet à eczéma et autres maladies de peau. Le lit est un véritable roman d’amour sur lequel on peut s’amuser à déchiffrer les multiples histoires sentimentales du mois passé.

Dans la salle de bain il y a un seau et une bassine vides. Lorsqu’en Afrique, vous voyez un récipient vide dans une salle de bain, il faut le remplir au plus vite d’eau, si vous en avez la possibilité. En effet, à l’heure à laquelle vous visitez la salle de bain, il peut y avoir de l’eau au robinet mais dans une heure ou 5 minutes plus tard, vous n’en aurez peut être plus pendant 24H. C’est très gênant, surtout lorsque, sous la douche, alors que vous êtes recouverts de savon, vous constatez avec horreur que vous venez juste de recevoir les dernières gouttes de la journée. Vous allez secouer les tuyaux, ouvrir tous les robinets existants et finalement regarder dans la chasse d’eau si par bonheur elle fonctionne encore en priant que le réservoir soit plein. Sinon.....il ne reste plus que la moitié de la bouteille d’eau minérale que vous avez apportée avec vous pour vous rincer. C’est normal, on se fait avoir au début mais plus après...enfin avec la flotte.
‘Premier Gaou n’est pas Gaou oh! C’est deuxième Gaou qui est niata.’ chantait le groupe ‘Magic System’ il y a quelques années. (C’est celui qui se fait avoir la seconde fois qui est un imbécile).Bon, j’étais un peu déçu par l’ hôtel mais de toute façon, comme on dit ici: ‘On a pas le choix’
L’hôtel-restaurant dans lequel j’étais descendu ne faisant pas restaurant, l’aimable tôlier me désigna un endroit où manger, là, juste au premier ‘6 mètres’. C’est comme cela que l’on désigne un pâté de maisons en Afrique. Remarquez c’est plus logique que ‘pâté de maisons’, finalement. Après m’être reposé quelques instants dans la chambre, je sortais et trouvais rapidement le petit maquis. La patronne était une dame d’une quarantaine d’années aidée, comme à chaque fois, par quelques petites bonnes, cousines ou petites nièces à qui elle donne un peu de travail moyennant quelques maigres rétributions. Je commandais sans trop d’illusion un poulet-frite avec une bouteille d’eau. La seule eau disponible étant celle de la bassine, la patronne m’indiqua une boutique pour acheter une bouteille d’eau en principe minérale et souhaita m’y accompagner par gentillesse. Finalement le poulet était excellent, j’ai laissé la salade par mesure de précaution mais c’était vraiment très correct.

 

Avec des camions en pagaille, la poussière et le soleil dans la figure, ce n'est pas une sinécure (Piste entre Kidira et Goudiri)...surtout après une journée de boulot.


Le lendemain matin, nous sommes intervenus à la centrale puis dans l’après midi, nous retournâmes sur Tamba. Cent quatre vingt kilomètres pour quatre heures et demi de route, en plus après une journée de boulot. Abdou, mon collègue et ami qui conduisait était mort de fatigue.
Le jour suivant nous devions aller à la ville sainte de Médina Gouinasse. Je trouvais que pour une ville sainte le terme Gouinasse n’était pas trop approprié. Finalement, j’avais mal entendu et le nom véritable est Médina Gounass, sans ‘i’
Comme mentionné plus haut c’est une ville sainte de la confrérie Soufie Tidjane qui se trouve à proximité du parc du Niokolo Koba. C’est pratiquement la Charia qui est appliquée dans cette ville et les tribunaux islamiques y font la loi parallèlement à l’administration.
Il existe une légende comme quoi, certains habitants indélicats de ce lieu saint enverraient leur épouse pour aguicher certains étrangers en mal d’amour. L’étranger imprudent qui se laisse piéger serait alors surpris, presque fortuitement, en pleins ébats par le mari jaloux. Celui-ci menacerait alors l’amant de le dénoncer aux tribunaux islamiques si celui-ci ne donne pas une compensation pour laver l’outrage. Le montant du lavement serait de l’ordre de 200 à 300.000 Fcfa (300 à 450 Euros). Faute de donner la somme, le contrevenant se verrait traduit devant le tribunal islamique qui lui affligerait une amende et il serait obligé de quitter la ville sous les plus brefs délais. C’est la légende des Sirènes de l’Odyssée transposée à l’Afrique.

Nous avions à faire quelques travaux à la centrale. Si à Médina, il est aisé de trouver un Coran, une mosquée, un tchador, un chapelet ou tout objet saint, il est beaucoup plus difficile de mettre la main sur des boulons de 12 dont nous avions besoin. Finalement, après avoir cherché, nous avons trouvé une boutique qui en vendait. Malheureusement au moment de placer la vis, nous nous sommes aperçus que le pas n’était pas normalisé...sûrement des boulons chinois.
Finalement vers 16H nous avions terminé et nous sommes partis à la recherche de quelque chose à manger. A Médina Gounass, il n’y a ni hôtel, ni restaurant. C’est normal car tout croyant se nourrit de la parole de Dieu. Il existe juste quelques étales où l’on peut manger des morceaux éclatés de chèvre ou de moutons. Finalement, j’arrivais à dénicher une boite de sardines avec un morceau de pain. Chose effarante, il n’y a pas de ‘vache qui rit’ à Médina. La ‘vache qui rit’ serait elle bannie, par la loi islamique, de la liste de la nourriture comestible par les Musulmans? Si tel est le cas, c’est assez récent et je ne suis pas au courant. La ‘vache qui rit’, un psychotrope, une nourriture impure, au même titre que la cocaïne ou le LSD?...Non! C’est impossible! Trop injuste envers ce pauvre animal qui a nourri des générations de broussards. Après le tirailleur Banania et le corned beef Exeter, c’est la ‘Vache qui rit’ qui est voué aux gémonies. C’est la perte de tous nos repères...la fin d’un monde. Il nous reste encore la boite de sardines, la banane et l’avocat avec un peu de citron...mais pendant combien de temps encore?
La route entre Médina et Tamba étant excellente, une heure plus tard nous étions de retour à Tamba où il existe un grand choix de bons hôtels-restaurants.

Brousse vers Médina

 

 

Village vers Tambacunda


Le samedi, nous partions sur le Saloum où nous avons passer la nuit au campement. Je profitais de mon arrivée de bonne heure pour faire quelques photos.
Le lendemain, nous visitions la dernière centrale sur l’ïle de Djirnda puis l’après midi, nous revînmes sur le continent et nous continuâmes sur Dakar.

Baobabs au Saloum

Plage du Saloum

 

Cormoran Africain

 

 

L'embarcadère de Djifer pour partir sur les îles.

 

Retour de Djirnda

Le lundi à la première heure, je partais sur Bamako, y restais quelques jours puis continuais sur Akjout en Mauritanie. Je devais y rester jusqu’au vendredi mais suite au premier cas de coronavirus importé, le gouvernement se réunit le dimanche d’après très tard et déclara que l’aéroport de Nouakchott serait fermé dés le mardi matin. J’appris la nouvelle le lundi matin. Je pensais que cette mesure allait être passagère. J’arrivais à trouver un avion pour le soir me permettant de retourner à Bamako. Les liaisons avec le Burkina étaient déjà gravement perturbées. Heureusement car cela fait maintenant presque 3 mois et l’aéroport de Nouakchott est toujours fermé et personne ne connaît la date de sa réouverture.
Je partais d’Akjout dans l’après midi pour arriver à l’aéroport de Nouakchott au moment de l’enregistrement. Nous décollâmes à 21H30. Je passais la nuit à Thies. J’avais un avion le mardi pour partir. Heureusement car le mercredi, certains vols à partir de Dakar seraient impossibles. L’ambiance dans l’aéroport était plutôt à l’évacuation sanitaire. De nombreux passagers avaient leur masque sur le visage. Les prochains jours seraient très compliqués car de nombreux touristes seraient coincés au Sénégal. Une heure plus tard j'étais à Bamako...et j'y suis encore ce 5 juin, bloqué par les fermetures des frontières.

Le matin sur la route d'Akjout

Sur les hauteurs d'Akjout (Désert Mauritanien)

Au Mali

Paysages du Mali

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