

2-Les premières années (1514-1531)
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2-Les premières années (1514-1531)
Bruxelles est la ville de mon enfance et de l’insouciance de la jeunesse. C’est une période heureuse de ma vie. Je grandis dans une maison bourgeoise face à la colline du Galgenberg encore surnommée le mont de la potence qui très tôt marque ma vie. Mon père a vingt-cinq ans quand je viens au monde, mais il paraît plus vieux, déjà usé par son travail d’apothicaire. Chambellan et apothicaire de Marguerite d’Autriche, gouvernante des Pays-Bas, mon père Andries est souvent absent de la maison surtout quand il devient l’apothicaire de Charles Quint en 1515, qu’il accompagne au long de ses voyages, de ses campagnes militaires ou dans ses diverses résidences et je ne garde pas beaucoup de souvenirs de ce père absent. Ma mère, plus jeune de quelques années, est, comme pour tous les enfants, la plus belle et la meilleure des mères. C’est elle qui supplée aux absences de mon père, inculquant à ses quatre enfants le goût des études et leur apportant tout l’amour possible.
Du côté paternel nous étions issus d’une famille de médecins tous réputés pour leur écrits ou leur culture et je ne peux passer sous silence la liste de ces prestigieux ancêtres.
Mon trisaïeul, Peter Wijtinck est le premier dont on sait l’histoire. Il exerce son art à Wesel, petite ville de la Basse Rhénanie, nichée au confluent de la Lippe et du Rhin, qui appartenait alors au duché de Clèves, ville de peu d’intérêt esthétique excepté pour sa cathédrale du XIIe siècle. Mon trisaïeul est connu pour avoir commenté un traité d’Avicenne et pour s’être investi dans la restauration de manuscrits de médecins célèbres, qui trônent en bonne place dans sa bibliothèque. Il est apprécié pour sa gentillesse et sa compétence et les auteurs médicaux de son époque lui dédicacent leur ouvrage ce qui les assure d’être lus par le plus grand nombre. Son fils, Jan, né à Wesel également, fait ses études à l’université de Pavie puis va enseigner son art à Louvain dans l’université qui ouvre ses portes un an avant qu’il obtienne son doctorat. Il s’y inscrit sous le nom de Johannes de Weselia, forme latinisée de Van Wesele abandonnant le nom de Wijtink et devient brabançon. C’est aussi le médecin particulier de Marie de Bourgogne, 1ère épouse de Maximilien de Habsbourg qui décède très jeune. Jan, tout aussi érudit que son père, passe également un doctorat de lettres à Cologne. Pendant 14 ans il reste titulaire de la chaire de médecine avant d’abandonner le poste à son adjoint et de s’installer à Bruxelles en 1447, rue de la montagne, où il soigne jusqu’à la fin de sa vie une clientèle bruxelloise plutôt fortunée. Jan est enfin un mathématicien reconnu et décrit en 1472 l’influence de la planète Mars sur la trajectoire d’une comète. Les frères Goyens sculpteurs renommés à Louvain réalisent sa statue, grandeur nature, en chêne de Russie, qui trône encore dans la salle de mariage de l’Hôtel de Ville. Ce bisaïeul accumule une fortune appréciable lui permettant d’acquérir terres et propriétés : manoir de Ter-Holst, château, forêts, lacs, maisons à Louvain, ainsi que des champs et des moulins… Son fils et mon grand-père, Éverard, poursuit à son tour des études de médecine à Louvain. Bien que je ne l’aie pas connu, je me sens sur bien des points, très proche de lui, probablement pour son impressionnante bibliothèque que mon père recevra comme seul héritage, mais sa très grande érudition n’y est certainement pas étrangère non plus. Combien de jours, combien de nuits, ai-je passé parmi ses livres, notant ses remarques en page de garde ou ses écrits tracés d’une plume fine et serrée ! Il rédige de nombreux commentaires sur les livres de Rhazès, personnage étonnant que je découvre grâce à lui, et sur les aphorismes d’Hippocrate que je dévore et apprends par cœur. Devenu médecin de l’archiduc Maximilien d’Autriche, en succédant à son père, il est élevé au rang de chevalier et on lui attribue un blason à trois belettes. Tout jeune encore, Éverard devient archiatre c’est-à-dire le premier médecin de la cour, s’occupant de la très belle, très courtisée et très aimée Marie de Bourgogne dont le charme ne laisse personne indifférent et surtout pas mon aïeul, mais qui meurt précocement à 25 ans, comme je l’évoquais, suite à une chute de cheval lors d’une chasse au faucon avec son époux laissant trois jeunes orphelins. Éverard décède très tôt lui aussi, dans sa trente-sixième année bien avant son père. Ne s’étant pas marié, il laisse quelques bâtards, dont un fils d’une de ses maîtresses, Marguerite Winters, né en 1479 et prénommé Andries, qu’il reconnaîtra. C’est mon père. Par son illégitimité, il ne peut prétendre hériter de l’impressionnante fortune constituée au fil des générations chez cette famille d’Asclépiades, qui pratique de père en fils l’exercice exclusif de la médecine comme dans la Grèce antique. Mon père, âgé de 5 ans à la mort d’Éverard, est élevé par son oncle et sa tante qui héritent des biens d’Éverard et subviennent à ses études. Je ne connus pas vraiment sa mère, Marguerite Winters. Mon père fait des études d’apothicaire et, comme ses prédécesseurs dans une spécialité parallèle, gravit
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