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Prologue. Une sacrée opportunité

Prologue. Une sacrée opportunité

Published Aug 8, 2024 Updated Aug 11, 2024 Romance
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Prologue. Une sacrée opportunité

(Vendredi 13 février 2015, 13 h 40 - Bordeaux, Cabinet Barlowski et Associés)

 

Babou, je dois te laisser, je suis arrivée sur place.

— Déjà ? Mais qu’est-ce qui se passe, ma chérie ? Tu n’as pourtant jamais su être à l’heure. Même le jour prévu de ta naissance, tu n’étais pas au rendez-vous, il a fallu venir te chercher. Pauvre Jéhanne, tu lui en auras fait baver jusqu’au bout de sa grossesse, plaisante ma grand-mère à l’autre bout du fil.

— À croire que j’ai enfin décidé de remédier à ce problème. Ce rendez-vous est trop important pour moi.

— Et j’ai toute confiance en toi. Tu vas cartonner, comme toujours.

— Merci ! Promis, je passe chez toi en sortant.

— Très bien, je prépare la collation. Veuve Cliquot ou Mumm ?

— Ne vends pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué, Babou. Mais plutôt Mumm, ça fait longtemps. Je t’embrasse.

Je raccroche et sonne à l’interphone de l’imposante bâtisse haussmannienne qui se dresse devant moi. J’ai rendez-vous à quatorze heures pour un entretien d’embauche avec Maître Charles Barlowski, successeur de l’un des fondateurs du prestigieux cabinet d’avocats du même nom.

Je me devais d’être impeccable, aussi j’ai opté pour une tenue classique et chic sous ma redingote militaire : jupe crayon noire et chemisier en soie beige. Ma chère Babou estimant que la femme active et sûre d’elle porte forcément des Louboutin, j’ai donc chaussé les escarpins iconiques aux semelles rouges qu’elle m’a offerts trois ans plus tôt pour fêter la fin de mes études de droit. Vu le prix que coûte ces instruments de torture, je fais l’effort de les mettre pour lui faire plaisir, mais je m’en passerais volontiers, parce que, primo, pieds nus, je culmine à plus d’un mètre soixante-dix, ce qui est déjà bien assez. Et deuzio, parce que quand je pense à tous ces petits veaux sacrifiés sur l’autel du luxe, j’ai envie de me flageller avec des orties pour complicité d’assassinat.

Je sonne à l’interphone pour annoncer mon arrivée.

— Cabinet Barlowski, bonjour. Que puis-je pour vous ?

— Bonjour, j’ai rendez-vous avec Maître Barlowski à quatorze heures.

— Et vous êtes ?

— Ambre Jaeger.

La porte se déverrouille. Je souffle un bon coup et pénètre dans le hall d’entrée du cabinet, à la décoration contemporaine chic et sobre. Je repère une jeune femme installée derrière la banque d’accueil. Elle m’adresse un petit sourire, m’incitant à la rejoindre.

— Bonjour, je suis Sofia. Je suppose que vous êtes ici pour l’entretien concernant le poste de juriste ?

— Ravie de vous rencontrer. Oui, c’est bien cela. J’ai un peu d’avance, toutefois.

— En effet. Je vous invite à patienter, je vais prévenir Maître Barlowski de votre arrivée.

— Très bien, je vous remercie.

Nous échangeons un sourire poli puis je pars m’installer dans l’espace d’attente. Je commence à stresser un peu, il faut que je sois parfaite. Mon avenir professionnel se joue avec cet entretien. Être recrutée par le Cabinet Barlowski, j’en rêve depuis mes premières années à la fac.

Je fouine dans mon sac à la recherche de mon miroir de poche que je dégaine discrètement pour vérifier que je suis présentable et que je n’ai pas un morceau de salade coincé entre les dents. Après examen minutieux, tout est OK. Mon maquillage léger est toujours là, mon chignon bas tient la route. Je m’asperge de quelques gouttes de parfum à la rose et croque dans un petit bonbon à la cannelle pour m’assurer de sentir bon et me garantir une haleine fraîche. Au top ! Loin de moi la volonté de me la péter, mais le reflet dans le miroir me plaît bien. Sans être une beauté remarquable, je me trouve plutôt mignonne et souriante, ce qui flatte mon égo en berne.

De plus en plus excitée comme une puce à mesure que les minutes s’écoulent, je peine à patienter tranquillement et surtout, ces saloperies d’escarpins me font un mal de chien. Je n’ai pas eu l’idée du siècle en optant pour ces chaussures le jour de l’entretien d’embauche le plus important de ma vie. Je vais devoir endurer la douleur sans broncher pour ne pas me ridiculiser.

Tout va bien se passer Ambre, tu vas gérer et obtenir ce poste.

Je ferme les yeux et me répète mentalement ce mantra à plusieurs reprises en respirant profondément par le nez, jusqu’à ce que des bruits de pas me tirent de ma méditation. Je me lève et m’avance en direction de mon interlocuteur en arborant un sourire léger.

— Bonjour, mademoiselle Jaeger, ravi de vous rencontrer.

— Bonjour Maître Barlowski.

Je serre la main qu’il me tend d’une poigne suffisamment ferme pour qu’il perçoive ma détermination sans pour autant lui exploser les métacarpiens.

— Veuillez me suivre, je vous prie.

— Bien sûr.

Je lui emboîte le pas et nous gravissons les marches d’un escalier imposant menant jusqu’au premier étage. Une véritable épreuve pour mes pieds endoloris. Nous traversons un large couloir et passons devant plusieurs bureaux ainsi qu’une grande salle de réunion. J’observe d’un œil ébahi la beauté du lieu. Je suppose que toute la décoration et l’ameublement ont été créés sur mesure par une agence de design d’intérieur, en accord parfait avec l’esthétique du bâtiment où la pierre se marie à merveille avec les boiseries cirées et les moulures en stuc.

Nous pénétrons dans une pièce baignée de lumière dont la taille avoisine approximativement celle de mon T2 de célibataire.

— Asseyez-vous, je vous prie.

Maître Barlowski désigne le siège près du bureau et s’installe en face de moi. C’est parti ! Le moment à la fois tant attendu et tant redouté commence.

— Parlez-moi de vous, mademoiselle Jaeger, m’invite-t-il avec un sourire poli.

***

Cela fait bientôt une semaine que j’ai passé mon entretien d’embauche. Sans être particulièrement superstitieuse, je me rappelle que ce jour-là était un vendredi treize. M’aura-t-il porté chance ou au contraire, me suis-je rétamée en beauté ?

J’avoue ne plus savoir quoi penser de ma prestation. Au début, j’échangeais sereinement avec mon interlocuteur, mais lorsque l’un de ses associés a surgi sans s’annoncer au beau milieu de notre rendez-vous, j’ai été déstabilisée. D’autant plus que cette brusque irruption n’était, semble-t-il pas, d’ordre professionnel et Maître Barlowski s’est quelque peu agacé de la situation, prenant toutefois la peine de s’excuser auprès de moi pour ce désagrément.

C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de son fils, Antoine, à peine plus âgé que moi, avocat lui aussi du cabinet, et, il faut bien l’avouer, pas mal du tout dans son costume. Nonobstant ce petit contretemps, j’ai pourtant le sentiment de ne pas être sortie de là sur un échec.

— Bonjour ma chérie. Comment vas-tu ? Tu m’as l’air soucieuse ? m’interroge Babou alors que nous nous retrouvons dans notre brasserie fétiche pour boire un café.

Mon adorable grand-mère m’étreint et nous nous installons dans une banquette confortable.

— Un peu, plus je repense à mon entretien de la semaine passée, et plus je me dis que j’ai merdé en beauté et que je ne serai pas retenue, me résigné-je.

— Mais non Ambre, tu t’angoisses pour rien. Tu es une jeune juriste brillante, avec de solides connaissances et déjà quelques riches années d’expérience au compteur. Je crois en toi.

Babou s’empare de ma main et me sourit. De ce sourire doux et réconfortant qui m’accompagne depuis bientôt vingt-huit ans. Je ne sais pas ce que je ferai sans ce petit bout de femme pour me soutenir.

— Merci, tu es vraiment la meilleure des grands-mères.

— Sam, vous pourriez nous préparer deux cafés, s’il vous plaît ? demande-t-elle au serveur qui s’affaire derrière le comptoir.

— Bien sûr, madame Jaeger, s’empresse-t-il de lui répondre gentiment.

Mon portable posé sur la table se met à sonner et en voyant le numéro affiché, je panique légèrement.

— Oh, mon Dieu, c’est lui !

— Et bien décroche vite !

D’un geste vif, Babou me cale le smartphone entre les mains.

— Allô ? commencé-je d’une voix tremblante.

— Mademoiselle Jaeger ? Bonjour, Charles Barlowski.

— Bonjour Maître, comment allez-vous ?

Mais quelle cruche ! Qu’est-ce qui me prend de lui dire ça ? Comme s’il n’avait pas d’autres chats à fouetter que de me tailler le bout de gras.

— Très bien, merci. Et vous ?

Je suis presque sûre qu’il sourit.

— Euh, bien, je vous remercie, hésité-je.

— Je vous contacte suite à notre entretien de la semaine passée.

Gloups ! Je déglutis avec peine, redoutant une mauvaise nouvelle.

— Je vous écoute.

— Je souhaitais vous informer moi-même que vous êtes engagée. Vous m’aviez dit être disponible tout de suite, c’est bien cela ?

L’annonce de cette nouvelle réjouissante me provoque un choc. Babou écarquille les yeux, ne sachant interpréter ce qu’elle lit sur mon visage. Elle m’interroge en mimant de grands gestes, mais je reste figée comme une statue, tout juste bonne à bouger les lèvres pour articuler quelques mots.

— Oui, bien entendu.

— Dans ce cas, rendez-vous lundi au cabinet à huit heures. Je vous présenterai l’ensemble des collaborateurs et nous procéderons aux formalités administratives pour acter votre entrée au sein de notre équipe.

Je suis tellement excitée par la nouvelle que mon rythme cardiaque flirte dangereusement avec la tachycardie.

— Très bien. J’y serai sans faute. Je vous remercie, Maître Barlowski.

— Excellente journée, mademoiselle Jaeger.

— Merci, à vous aussi.

Je raccroche et range le téléphone dans mon sac.

— Alors ? Dis-moi qu’il n’a pas fait l’erreur de te refuser ce poste ? s’enquiert Babou.

La pauvre, elle semble si inquiète pour moi d’un coup. Je ne peux pas la laisser mariner ainsi plus longtemps.

— J’ai réussi, Babou ! Je suis engagée !

J’explose de joie au beau milieu de la brasserie et elle m’étreint en hurlant de bonheur à son tour.

— Sam, nous prendrons aussi deux coupes de champagne aujourd’hui, je vous prie ! Nous avons une excellente nouvelle à fêter !

— Ah oui ? Que se passe-t-il ?

— Vous avez devant vous la nouvelle juriste du cabinet Barlowski, se réjouit-elle en me désignant, le regard empli de fierté.

— Oh, félicitations mademoiselle Jaeger !

— Merci beaucoup, Sam.

J’ai encore un peu de mal à réaliser. Je viens d’obtenir le poste dont je rêvais depuis plusieurs années. Je pousse un long soupir de soulagement, le stress et l’impatience de ces derniers jours me quittent enfin. Ma carrière professionnelle prend un tournant majeur. Les années passées, la tête dans le guidon, pour décrocher mon master, ont porté leurs fruits.

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