— Qu’est-ce donc que cette chose ? Jamais je n’ai vécu pareille sensation.

— Hum… il se peut que… ce soit moi… 

— Vous ? Mais qui êtes-vous donc ? s’enquit la fleur. 

— Je suis le fléau du printemps. Celui qui fait détester la saison des floraisons. Je m’installe de plus en plus tôt et reste jusqu’à la fin de l’été. Personne ne m’aime. 

— Oh ! Mais pourquoi donc ? 

— Je fais tousser. Pleurer les yeux. Couler le nez et provoque des éternuements. Je fais gratter la gorge, les muqueuses. Tellement de gens me détestent… Alors j’ère. Seul. 

La tulipe fut touchée par le discourt du petit allergène. Elle courba sa tête pour lui offrir ses pétales et un refuge. 

— Viens donc avec moi. Moi je n’ai pas de gorge, ni de nez, pas même de yeux. Je ne risque rien. Et j’ai toujours eu envie d’avoir un ami. Tu veux bien être mon ami ? 

L’allergène n’en revenait pas. Il se hissa dans ses pétales. Se posa bien confortablement au centre et la tulipe fut de nouveau secouée. Quelques pistils lui échappèrent de nouveau. 

— Je m’excuse, disait l’allergène tout gêné. Et alors qu’il s’attendait à entendre la tulipe lui dire de repartir, que sa présence était trop nuisible, il l’entendit rire. Et voilà que la tulipe était prise d’un fou rire ! 

— Que… commençait l’allergène sans comprendre. 

— Que c’est drôle ! Jamais je n’ai vécu une sensation aussi décoiffante. Ca m’en fait tourner les pétales ! 

Le rire de la tulipe était tellement joyeux que l’allergène se mit à rigoler avec elle. Toute excitée, la fleur referma ses pétales sur l’allergène jusqu’à souffler de nouveau quelques graines. Et comme les fois précédentes, elle enchaina avec un éclat de rire qui contamina son nouvel ami. Ils rirent, encore et encore. Jusqu’à ce que le soleil se couche et que la tulipe se ferme pour dormir avec l’allergène sur elle. Parce que oui, rire aussi ça fatigue.