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Chapitre 9

Chapitre 9

Published Dec 16, 2024 Updated Dec 16, 2024 New Romance
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Chapitre 9

Je suis assise devant mon téléphone, les doigts suspendus au-dessus de l’écran, hésitant à répondre aux messages de Savannah qui ne cessent de s’accumuler.


Savannah :

Plus de nouvelles. Tout va bien ? Twitter a eu raison de ton moral ?


Ravyn :

Hey ! Non, je vais bien t’en fais pas. J’ai été beaucoup prise avec le boulot ces derniers temps…


Elle remarque mon mensonge directement, puisqu’elle insiste.


Savannah :

Ravyn, je sais que tu contrôles ce que les gens connaissent de toi, mais je vois bien que ça ne va pas en ce moment.


Je pousse un profond soupir. C’est vrai, je fais tout pour que personne ne sache à quel point ça va mal, mais Savannah est la seule à me connaître vraiment. Elle a ce don pour voir à travers mes faux-semblants.


Ravyn :

C’est juste… la pression, tu sais. Le boulot, les vidéos, tout ça. Je gère.


Savannah :

Non, tu ne gères pas. Et je vois bien que tu fuis quelque chose. Tu veux pas en parler ?


Je ferme les yeux un instant, l’envie de tout effacer m’envahit. Mais je sais que cela ne résoudra rien.


Ravyn :

Je… Je préfère pas, ok ? C’est juste trop pour moi en ce moment.


Elle ne lâche pas l’affaire.


Savannah :

Tu sais, Ravyn, tu pourrais vraiment en parler à quelqu’un, à un professionnel. Ça t’aiderait, tu ne crois pas ?


La suggestion de Savannah me fait serrer les dents. Je n’ai jamais été fan de l’idée de consulter un thérapeute. Parler de mes problèmes à quelqu’un d’autre, non merci. Je préfère ignorer tout ça.


Ravyn :

Je vais bien, vraiment. Je n’ai pas besoin de… d’aide.


Elle met quelques secondes à répondre, mais je sais qu’elle ne va pas abandonner si facilement.


Savannah :

Je comprends que tu veuilles éviter ça, mais si tu continues à tout garder pour toi, tu vas finir par exploser, Ravyn. C’est pas sain.


Ses mots me frappent en plein cœur. Mais la résistance est plus forte que tout. Je ne veux pas, je n’arrive pas à accepter cette idée.


Ravyn :

Je t’en prie, laisse-moi gérer ça à ma façon. Je vais bien, d’accord ?


Savannah finit par se taire, mais je sais qu’elle n’est pas convaincue. Elle me connaît trop bien, elle sait lire entre les lignes. Elle doit sentir que je me voile la face, mais je n'ai ni l'énergie ni l'envie de lui en parler davantage. Elle laisse un silence pesant flotter, mais ne poursuit pas, respectant ma volonté de ne pas m'ouvrir davantage pour l’instant.


Je repose mon téléphone sur la table, le poids de nos mots suspendu dans l’air, me laissant un goût amer. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours détesté les thérapies. Ce n’était pas juste une question de confort ou de volonté, c’était une barrière mentale que je n’arrivais jamais à franchir. Je me rappelle encore de ces journées où ma mère m’emmenait de force chez le thérapeute, son regard plein de déception chaque fois que je lui résistais. À l’époque, c’était à cause de mon style, de mon envie de m’éloigner de ce qu’elle attendait de moi. Puis ça a continué avec les couleurs sombres de mes habits, mes gouts musicaux, mes cheveux teints et mes tatouages… Tout cela n’était pas en accord avec ses croyances, ni avec l’image qu’elle se faisait de ce qu'une « bonne » fille devrait être. 


Je serre les dents, un frisson me traverse à l'évocation de ces souvenirs. Ces moments de tension, de rébellion, où chaque séance de thérapie n'était qu'un champ de bataille où mes goûts, mon identité, étaient jugés. Je ferme les yeux un instant. J’avais l’impression de ne jamais pouvoir lui échapper, d’être coincée dans un rôle que je n’avais jamais voulu jouer.


Elle a voulu me réparer, mais en réalité, elle m’a encore plus abîmée que je ne l’étais déjà. À chaque tentative de la part de ma mère pour « corriger » ce qu’elle pensait être des erreurs chez moi, je me sentais de plus en plus perdue. Comme si, au lieu de me comprendre, elle voulait me modeler selon une image qui ne me correspondait pas. L’écran de mon téléphone s’allume soudainement.


Elizabeth - Appel en cours


Le destin semble avoir un sens de l’humour particulier, surtout en ce moment.

Je prends une profonde inspiration avant d'accepter l'appel. À peine ai-je dit "allô" qu’une lourde lassitude m’envahit.


— Maman, que puis-je pour toi ? soupiré-je, tentant de cacher l’agacement dans ma voix.


— Je voulais prendre des nouvelles de ma fille, Avery. Comment vas-tu ? As-tu trouvé enfin un vrai travail ?


Je ferme les yeux quelques secondes. C’est toujours la même rengaine. Toujours la même question. Comme si ma carrière n’était pas sérieuse, comme si ce que je faisais n’avait pas de valeur à ses yeux.


— J’ai un emploi, maman, tu le sais déjà. Je suis transcriptrice.


— Un vrai travail, Avery…


Je sens la déception dans sa voix, et je sais exactement ce qu’elle pense. Pour elle, un « vrai travail » c’est un poste stable dans une entreprise, avec un salaire fixe et des avantages. Pas un travail à distance, pas quelque chose de créatif ou d’indépendant.


Je laisse planer un silence, l’air lourd de non-dits. L’envie de soupirer est immense, mais je sais que ce simple geste déclencherait son sermon habituel sur le respect et la discipline. Je sens mes poings se serrer, la frustration bouillonnant sous ma peau. Mais je garde mon calme.


— Tu sais très bien ce que je fais, je finis par dire, mes mots se pesant sur la ligne. C’est un vrai travail, même si ça ne te convient pas.


Je serre les dents, attendant une réponse, mais je sais qu’elle n’acceptera pas cette réponse si facilement.


— Je m’inquiète pour toi, Avy...


Je grimace involontairement à l'entente de ce surnom. C’est étrange, la façon dont il résonne dans mes oreilles. Jaxon avait réussi à se l'approprier, à en faire quelque chose de beau, presque doux. Mais, ici, dans la bouche de ma mère, ce simple mot prend une toute autre dimension. Il me semble lourd, chargé de reproches et de jugements, une constante pression sur mes épaules.


Dans la manière dont elle le prononce, je devine l'inquiétude, mais aussi ce ton accusateur qui, malgré elle, s’y glisse toujours. Avy... C'est un diminutif qu'elle a toujours utilisé, mais jamais avec tendresse. Pour elle, il a toujours été un rappel constant que je devais être la fille modèle qu’elle rêvait de voir. Mais, contrairement à Jaxon, qui rendait ce surnom presque intime, ma mère le transforme en une sorte de condamnation silencieuse, comme si elle attendait toujours quelque chose de plus, quelque chose que je ne pouvais pas lui offrir.


Je détourne le regard, m’efforçant de ne pas laisser la frustration transparaître.


— Ne t’inquiète pas, maman, je réponds d’une voix plus froide qu’il n’en faudrait. Je vais bien.


Mais même moi, je ne suis pas convaincue. Il suffit de quelques mots, quelques syllabes, pour raviver tout ce que j'essaie d'enfouir au fond de moi. Je suis fatiguée de cette pression. Fatiguée de devoir constamment prouver que je suis assez, que mes choix sont valables, même s'ils ne correspondent pas à ce qu'elle attendait de moi.


Mais je garde ça pour moi. Je n’ai pas envie de m'engager dans cette conversation. Pas aujourd’hui. Pas maintenant.

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