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Chapitre 15

Chapitre 15

Published Dec 17, 2024 Updated Dec 17, 2024 New Romance
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Chapitre 15

À mon réveil, le silence de l’appartement est presque assourdissant. J’ouvre les yeux, chaque muscle de mon corps protestant contre le moindre mouvement. L'épuisement me cloue au canapé-lit, mes douleurs musculaires me rappelant ma fragilité. Par réflexe, je tend le bras et allume ma platine, posée sur le meuble près du canapé. L’album qui y tourne est celui de Shadow Reign. La voix de Jaxon Ryder emplit la pièce, résonnant comme une présence familière et réconfortante. Je me rallonge, incapable de bouger davantage. Tout ce que je peux faire, c’est me perdre dans la musique.


Je saisis mon téléphone, la tête encore un peu dans les brumes du sommeil. Les notifications affluent sur mes réseaux. Plusieurs commentaires ont été postés sur ma dernière vidéo, et un message attire particulièrement mon attention : Fallen Reverie me remercie pour le soutien et m'invite à leur prochaine date à New York. Une bouffée d'excitation me traverse. C’est l’occasion parfaite de m'entraîner avant le concert de Shadow Reign. Je me sens prête, du moins je le dis pour me convaincre.


Je prends une inspiration et envoie un message privé sur leur compte Instagram.


Ravyn :

Cool ! Vous jouez où et quand ? Je viendrais avec plaisir, selon mes dispos.


Fallen Reverie :

On joue au Duff's Brooklyn. Tu connais ? C’est le 10 mars à 21h.


Je souris en lisant le message. Le Duff’s Brooklyn, je connais bien. Ce bar rock/metal était l'un de mes endroits favoris à New York. Il possède une estrade pour les concerts et un coin VIP pour ceux qui veulent plus d’intimité. Si je suis invitée par le groupe, cela m’offrirait la possibilité de me tenir à l'écart de la foule, d'observer sans trop être vue. Une opportunité idéale.


Ravyn :

Cool ! Je serai là alors. Hâte de vous voir mettre le feu !


Je repose mon téléphone un instant, appréciant l'adrénaline qui me traverse. Puis un nouveau message arrive. C'est de Savannah. Elle me demande si j’ai bien dormi. Toujours à prendre soin de moi, même à distance. Ça me touche plus que je ne veux l'admettre.


Jaxon Ryder :

Salut Avy ! Comment vas-tu aujourd’hui ? J’ai super hâte d’être au mois prochain pour se voir ! Tu pourras me faire visiter New York ?


Je reste un instant en silence, le cœur battant plus fort que d’habitude. Une vague d’émotions me submerge. Je m’étais habituée à ses messages, mais ce "super hâte de se voir" résonne différemment aujourd’hui. Une petite étincelle d’excitation se mêle à un doute sournois. Ce mois qui arrive, avec son concert et l’idée de se rencontrer, me met dans un état de tension permanente. L’idée de le rencontrer en personne me fait un peu peur, je ne vais pas mentir. Et je ne suis pas sûre d’être prête pour le voir dans ce contexte.


Je laisse passer quelques secondes, hésitant. Devoir lui dire la vérité sur mon handicap, sur la façon dont ma vie a changé depuis l’accident, c’est un poids que je n’ai pas encore réussi à partager. Comment pourrais-je pourrais lui dire ? « Ah au fait, je me déplace en fauteuil roulant et je galère à chaque pas. Ça ne change rien, hein ? » Non, bien sûr que si.


Je secoue la tête, repoussant mes pensées. Il est trop tôt pour parler de tout ça. Pour l’instant, je veux juste profiter de son enthousiasme, de sa spontanéité. Après tout, il ne fait que demander une simple visite guidée de New York. C’est tout.


Je lui réponds finalement, ne voulant pas trop réfléchir.


Ravyn :

Hey Jaxon ! Je vais bien, merci. J’ai aussi hâte qu’on se voie. Et pour la visite, bien sûr, je connais tous les bons endroits ! T’inquiète pas, tu vas adorer la ville.


Je ferme les yeux un instant après avoir envoyé le message, me demandant si je suis vraiment prête à lui offrir cette "visite" sans que rien ne vienne perturber l’image que je lui donne de moi. Mais il n’y a pas de retour en arrière, n’est-ce pas ? Il faut que je le fasse, que je me montre forte.


Je me fais violence pour sortir du canapé-lit. De gré ou de force, cette hanche devra coopérer. À peine mon pied touche-t-il le sol qu’une décharge de douleur me transperce, un cri m’échappe malgré moi, et mon corps s’effondre lourdement. Merde. J’inspire profondément, serrant les dents. Plus jamais je ne sors sans ce fichu fauteuil si les lendemains ressemblent à ça, pesté-je intérieurement.


Je reste immobile quelques instants, le souffle court, attendant que la douleur s’apaise légèrement. Ça m'apprendra à surestimer ce corps bancal. Résignée, je me traîne au sol, chaque mouvement déclenchant des vagues de souffrance. J’avance centimètre par centimètre jusqu’au bureau, les paumes brûlées par le frottement contre le sol, jusqu’à enfin attraper le rebord de ma chaise roulante. Avec effort, je me hisse dessus, la respiration sifflante, des larmes de frustration au bord des yeux.


Une fois assise, je ferme les yeux, reprenant le contrôle. Il faut que je travaille. Je dois travailler. Mon rythme de transcription est déjà en retard, et si je perds ce contrat, c’est ma facture d’électricité qui va en pâtir. Je fais rouler la chaise jusqu’à mon ordinateur portable, allume l’écran et ouvre le fichier audio qui m’attend depuis deux jours.


C’est une vidéo pour un journal local. Rien de bien passionnant, mais ça paie les factures. J’écoute les premières secondes de l’enregistrement : une interview sur la montée des loyers dans Brooklyn. Des journalistes posent des questions aux commerçants locaux, le tout entrecoupé de bruits de circulation et d’échos de voix trop proches du micro. Un classique.


— Bon, allons-y, murmuré-je en ajustant mes écouteurs.


Je cale mes doigts sur le clavier et me mets à l’œuvre, chaque mot tapé m’aidant à m’ancrer dans l’instant, loin de la douleur et de la frustration. Le processus est presque mécanique : écouter, taper, reculer, corriger. Pourtant, quelque chose ne fonctionne pas. La message de Jaxon résonne toujours dans un coin de ma tête. « Tu pourras me faire visiter New York ? » Et si je n’en étais pas capable ? Si je lui expliquais tout et qu’il me regardait autrement ?


Je secoue la tête et remonte le volume de la vidéo pour m’immerger pleinement dans le travail. Une demi-heure passe, puis une heure. L’horloge du bureau indique déjà midi quand j’atteins la fin de la première moitié. Je soupire, massant mes poignets endoloris.


Ma routine me sauve, je le sais. Même les jours où mon corps me trahit, le travail m’ancre, me structure, me donne une raison de continuer. Mais parfois, ça ne suffit pas. Parfois, même la voix d’un inconnu à retranscrire ne couvre pas les doutes qui me rongent.

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