Adieu l'artiste - Annie Cordy
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Adieu l'artiste - Annie Cordy
Je les vois d’ici, les quelques fidèles (et courageu.x.ses) lect.eurs.rices de mes élucubrations, à la vue du titre de cette modeste chronique : « Houla, ya du ramollo chez le Jojo. Nous faire un blabla sur Annie Cordy après nous avoir fait croire qu’il se dope au rock’n roll… Pour sûr, ses voyages en Belgique et les gens qu’il y a rencontrés lui ont cramé un bon paquet de neurones ! »
Pour tout vous dire, je n’avais pas l’intention d’écrire sur la disparition d’Annie Cordy, même si j’ai toujours été assez admiratif de l’énergie dont elle faisait montre quand on la voyait dans les shows télé des années 70.
Et puis je suis tombé, dans le « Canard enchaîné » d’il y a quelques jours, sur un article intitulé « Paroles d’honneur ». J’y ai appris qu’Annie Cordy a joué et chanté dans la comédie musicale « Madame Roza », qui fut jouée à Broadway en 1987. Elle y interprète, en particulier une chanson intitulée « Ah Bravo », dont les paroles sont de Julian More/Claude Lemesle et la musique de Gilbert Bécaud.
On est loin de la bonne du curé et de Tata Yoyo. Ça commence comme ça :
La guerre, un petit matin
On cogne à la vitre
Un cri : debout la putain
Fais ta valise et vite
Dans l'aurore de juillet
Grouillait de flics
Mon dieu mon dieu
Ces Français plus pourris que les Fritzs
Arrivés au refrain, plus de doute sur le sujet de la chanson :
Du Vel d'hiv jusqu'aux bus
Et des bus aux wagons
Des wagons jusqu'aux camps
Terminus
Période plus que sombre de l’histoire de notre beau pays, que des générations vont trainer comme un boulet honteux, même si huit ans après « Madame Roza », Jacques Chirac, alors président de la République, déclarait :
« Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Madame Cordy ne nous avait pas habitués à ça :
J'ai baisé ces fils de putes
Et je leur crache au mirador
Ce bâtard du diable ce chien autrichien
Je l'emmerde dans son enfer chrétien
C’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=6WKGX2ae2Ik
Des quelques biographies rapidement lues sur le Net, peu nous rappellent cet épisode de sa carrière artistique. Et bien entendu, cette chanson n’est apparemment jamais passée sur une télé ou une radio française…
J’espère qu’au Paradis des artistes elle a été accueillie par Jean Tenenbaum, plus connu sous le nom de Jean Ferrat, dont le père a été interné au camp de Drancy en 1942, puis déporté à Auschwitz, dont il n’est jamais revenu.
Le Canard Enchaîné, hebdomadaire auquel je suis abonné depuis bientôt 35 ans, ne m’en voudra pas de lui emprunter sa conclusion :
« La bonne du curé peut aller se rhabiller »
Sérézin, 3 octobre 2020