La légende du sapin de Noël, par Jean-Christophe Mojard

De bougies en rubans, ta majesté se dresse

Au milieu des tourments du solstice d’hiver,

Quand Yul, dans les forêts, célèbre l’Univers,

Le retour du Soleil et des jours d’allégresse.

Mais les tribus du Nord, absorbées par la Croix,

Ont perdu peu à peu les rites et les mystères,

Jusqu’à déraciner ton pied de cette terre

En te livrant au Christ, et à ses gens de foi.

Il reste cependant, au sein de ton feuillage, 

Les chants de l’espérance, l’écho du fond des âges,

Et en haut de ta cime, une étoile commune.

Ainsi, Yul et Noël ont mêlé les croyances,

Dans les liens des guirlandes et de ta flamboyance ;

Même si les santons ont remplacé les runes.

La légende du sapin de Noël, par Juliette Norel

Il était une fois, dans une époque lointaine, un petit village niché au cœur d'une vaste forêt de conifères. Les habitants de ce village croyaient en des dieux anciens et vénéraient la nature. Chaque hiver, lors du solstice, ils célébraient Yule, une fête marquant le retour progressif de la lumière. 

Au centre de leurs festivités se dressait un grand chêne sacré, symbole de force et de vie éternelle. Mais cette année-là, une tempête d'une violence inouïe s'abattit sur la région, déracinant le chêne vénéré et plongeant le village dans le désarroi. Les habitants, désemparés ne savaient plus vers quel dieu se tourner pour retrouver l'espoir déserté. 

Parmi eux se trouvait Élia, une jeune fille au cœur pur et au sourire éclatant. Malgré la tristesse ambiante, elle conservait en elle une foi inébranlable en la bonté du monde. Une nuit, elle fit un rêve étrange, dans lequel elle se trouvait dans une clairière baignée de lumière où un petit sapin se dressait fièrement. Une voix douce et chaleureuse lui murmura :  

« Élia, cet arbre est le symbole de la vie éternelle et de l'espérance. Plante-le au centre de ton village et il apportera la lumière dans les cœurs des tiens. » 

À son réveil, Élia n'avait qu'une idée en tête : trouver cet arbre providentiel. Elle s'enfonça dans la forêt enneigée, guidée par une force mystérieuse. Après une longue marche, elle découvrit enfin le petit sapin de son rêve, brillant doucement sous la lueur de la lune ronde et laiteuse. 

Elle ramena l'arbuste au village, où les habitants, d'abord sceptiques, acceptèrent de le planter au centre de la place. À mesure que les jours passaient, le sapin grandissait et ses branches semblaient capturer la lumière du soleil, même au cœur de l'hiver. Bientôt, les villageois commencèrent à décorer ses branches avec des fruits, des noix et des fleurs séchées, en signe de gratitude et d’espoir renouvelé. 

Quelques années plus tard, un missionnaire chrétien du nom de Boniface arriva dans le village. Il parlait d'un Dieu unique et d'une lumière éternelle qui avait le pouvoir de transformer les vies. Boniface, voyant le sapin décoré, reconnut en cet arbre un symbole puissant de la foi chrétienne. Il expliqua aux villageois que le sapin, avec sa forme triangulaire, pouvait représenter la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. 

Les villageois, touchés par ce message d'amour et de rédemption, acceptèrent d'embrasser cette nouvelle foi. Ils conservèrent la tradition de décorer le sapin chaque année, ajoutant des bougies pour symboliser la lumière du Christ et des étoiles pour rappeler celle de Bethléem. 

Ainsi, le sapin de Noël devint le symbole d'une nouvelle ère, unissant les anciennes croyances païennes et la foi chrétienne dans une célébration commune de la vie, de la lumière et de l'espoir éternel. Il est devenu un symbole de lumière divine et d'unité, puisant ses racines dans les traditions anciennes et rayonne de ses aiguilles scintillantes tout autour du monde. 

Illustration : Seelab