Bathyan : prologue
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Bathyan : prologue
En lisant ces lignes, vous entrez dans un univers dont on ne ressort jamais totalement indemne. J'y suis entré et j'ignore encore si j'en suis réellement sorti. Les personnages, les lieux, les événements sembleront familiers à certains, mais s'ils ont nourri cette fiction, ils sont uniquement le reflet d'une narration imaginaire, nécessaire à cette histoire.
Il s'agit d'un roman rédigé pour le concours #thriller2024. La contrainte temporelle imposée pendant les vacances, ne laisse que peu de temps pour la relecture et le developpement plus profond. Pourtant, même s'il s'agit quasiment d'un premier jet, je pense vous livrer ici de quoi hanter vos nuits et vous faire tréssailir à vos jours de brume.
L'illustration originale est un montage entre IA pour le monstre et photographie personnelle pour le reste.
Bathyan : l'écumeur des brumes - Prologue
En préparant mes vacances vers Saint-Pierre-et-Miquelon, je pensais y passer une quinzaine de jours, mais certainement pas y rester, pas comme cela. Ainsi, à l’instar de nombreux touristes ou mailloux, je fus choisi dès mon arrivée pour ce que j’étais, un célibataire, sans attache, que personne ne chercherait véritablement.
Pour beaucoup, l’archipel, dernier bastion français au large du Canada, était un petit paradis préservé. Trop sans doute. On pouvait laisser sa voiture ouverte, moteur ronronnant, en allant faire quelques achats chez l’épicier. On entrait dans les tambours des maisons sans forcément attendre l’acceptation lorsque le temps se faisait mordant. Aux éléments sévères et froids, s'opposaient l’ouverture et la chaleur des hommes. La promiscuité avait son poids sur l’existence au quotidien, mais la solidarité la replaçait souvent au second plan. Pourtant, ce petit paradis de carte postale aux maisons colorées, cachait en son sein un envers du décor. Une réalité poisseuse qui s’insinuait comme le poudrin dans les moindres interstices.
De son riche passé tourné vers la grande pêche et l’océan, il restait uniquement les témoignages des anciens, les légendes des marins, les vestiges à l'abri dans les musées de l’arche ou de l’héritage. Sur l’île aux marins, sur les côtes de l’archipel, quelques bâtiments servaient encore d’amarres aux effluves de l’histoire. Dans les maisons, sur les murs ou dans les greniers, quelques artefacts, encore imprégnés d’énergie, laissaient suinter un flux invisible chargé de ces mystères, de ces journées de solitude, de dur labeur et de mort, plus que de raison. Cependant, c’est dans les profondeurs océaniques, là où la lumière des phares ne peut poser son regard, que l’autre archipel manifestait son existence parallèle. Toujours la mer se souvient et toujours, elle réclame aux hommes de payer le tribut de son exploitation. Ainsi, chaque année, lorsque le courant froid du Labrador vient se frotter aux eaux tièdes du Gulf Stream, les souillures des profondeurs sortent de leur léthargie et viennent chez les hommes chercher le paiement de leur dette. La brume mélange les horizons. Elle rampe à la surface, vient lécher les pontons, avaler les bateaux, puis se met à ramper à l’intérieur des terres. Les hommes louent alors son arrivée. Pour les touristes, la fête des marins est une célébration incontournable. La bénédiction des embarcations est le témoignage d’une féérie nautique. En revanche, pour les locaux, elle marque l’ouverture de la longue cérémonie d’offrandes aux divinités marines. Ainsi, inexorablement, il faudra payer le prix pour que la brume reparte vers les profondeurs dans lesquelles dorment ceux que la raison ne peut nommer. Chaque année, les esprits s’embrument, les regards se voilent, les litanies se succèdent et la brume de Capelans emporte avec elle l’ultime sacrifice destiné à maintenir l’archipel à flot.
Jackie H 3 months ago
On sent l'inspiration lovecraftienne annoncée en effet - le danger tapi dans la brume qui attend son heure... En tout cas le suspense est déjà là, ça s'annonce bien 🙂
Jean-Christophe Mojard 3 months ago
Merci. Tant que ça reste en inspiration, sans se laisser envahir au risque de disparaître.
Gand Laetitia 3 months ago
Un prologue qui nous donne déjà envie de la suite :)
Bizarrement, j'ai repensé au film Fog avec Jamie Lee Curtis que j'ai vu récemment sur OCS, à cause de la brume...
Jean-Christophe Mojard 3 months ago
Merci. Je vais éviter de le regarder, alors, même si il y a dos, j’ai dû le faire. Et surtout ne pas tomber non plus dans Brume de Stephen King, ce serait la tuile… les douves.