En suspens - Séparation
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En suspens - Séparation
Ce matin-là, je me prépare comme tous les jours dans le sas pour aller voir Cyrielle et Robin : je me lave les mains, je mets des surchaussures, une blouse, un masque chirurgical et une charlotte. Cette préparation est devenue un automatisme, car on recommence à chaque fois que l’on veut aller voir les bébés. Robin, tu es dans ton incubateur. Je te fais plein de caresses, j’aide ta nounou et te prends la température : je suis vraiment très contente car ça faisait longtemps que je n’avais rien fait pour aider tes nounous. Ça fait du bien au moral quand on est impliqué dans le processus de soins de son enfant, on retrouve un peu de légitimité à être maman, on a un petit rôle de figurante, et ce petit rôle je m’y attelle avec force et à corps perdu car je suis dans l’action, ça m’aide à tenir le coup et à me sentir utile pour mes jumeaux.
Je me prépare à fermer la porte de ton incubateur, en replaçant « doudou lion » correctement à côté de toi, lorsque ta nounou me dit que ta sœur est dans une autre pièce, de l’autre côté du service, chez les plus « grands », en post-réanimation. C’est apparemment une bonne no uvelle car la nounou est tout sourire. Je fais demi-tour et passe les portes automatiques. Dans cette pièce, c’est plus calme, il y a moins d’incubateurs mais aussi moins de nounous pour demander des nouvelles. Je suis un peu perdue, je n’ose pas ouvrir ta couveuse car je suis habituée à toujours demander aux personnels. Quelqu’un arrive, et m’autorise à ouvrir pour te parler et te caresser. Je vais même changer ta couche. Je l’ai déjà fait mais pas très souvent. Je m’applique et je fais attention à tes électrodes, à tes petites « lunettes » (ce sont des petits bouts de tuyaux – un pour chaque narine- qui envoient un air amélioré dans tes poumons), à ton angiome qui est sur le ventre. Tu as l’air vraiment bien, ça fait plaisir car je sais que cela doit être une vraie souffrance tout ce que vous devez supporter ton frère et toi. Vous êtes très courageux pour affronter tout ça…
Dans la soirée, rien ne va plus pour toi Cyrielle : ton état se dégrade. Ton ventre est gonflé, les docteurs ont décidé d’arrêter ton alimentation et ils te réintubent. Je suis dévastée. Tu avais fait tellement de progrès depuis quelques jours… Tu retournes avec Robin en réanimation : tu as besoin d’une surveillance de tous les instants. Je passe par tous les états… C’est dur.
Jackie H 3 months ago
Vraiment les montagnes russes 😮...
Annaële Bozzolo 3 months ago
C'est exactement cela, de très fortes joies, entrecoupées de très fortes peurs, ou l'inverse en fonction du moment.