ViralVirus
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ViralVirus
Nous nous sommes tous fait contaminer. Nous pouvons nous confiner, respecter des distances de sécurité, nous laver les mains, rien n’empêche le virus d’avancer. Il avance dans la chair de ceux qui sont meurtris par l’invasion pathogène. Il avance dans la tête de tous sans aucune barrière pour l’en empêcher.
Infected media
Au côté de l’agent biologique, il existe un virus médiatique qui a déjà entièrement contaminé le monde. L’avatar covid-19 est bien plus efficace que son équivalent viral. Non seulement il s’est immiscé dans tous les médias, mais il l’a fait sans aucune peine et en phagocytant toutes les rubriques. Il n’existe aucun équivalent de cette efficacité dans l’histoire humaine. En parcourant le journal, il est en Une, dans les pages politiques, sociétales, économiques, mais aussi dans les pages culturelles et vie quotidienne. Seule la météo n’a pas été ainsi contaminée. Il y a une météo des morts ceci dit, consultée compulsivement par toute la population en quête de tendance et d’espoir. Plus aucune page de ces journaux n’est immunisée contre l’invasion délétère devenue obsession mondiale. Et cette invasion joue caisse de résonance sur la peur collective, l’égocentrisme panique et le délitement de l’Europe et des Nations.
ViralVirus virevoltant sur le Web
Sur le web, l’épidémie est encore plus puissante. Elle se réplique en mêmes, opinions et polémiques, rendant plus stérile encore ce média libertaire et anarchique. Aucun réseau social n’est épargné. On en parle continuellement sur LinkedIn, plus encore que de l’effondrement du business; on partage des nouvelles de confinés sur Facebook, on prend l’apéro devant son écran et on partage les fake-news. La fake-news, virale par nature, devient virus-news, un continuel défilement d’hypothèses, de sensationnalisme, de chiffres morbides sous-évalués, de procès en incompétence ou de remèdes miracles. La raison n’a plus sa place. La science est bousculée dans son habituel flegme par l’urgence. Les certitudes scientifiques s’effacent devant la nécessité de répondre au désarroi causé par la « petite grippe ». Le premier geste barrière contre le ViralVirus s’est d’éviter de transmettre la connerie et l’incompétence. Le Social Network devient le lieu de la contamination. Il y a heureusement le partage, les mêmes positifs et les messages de soutiens. Mais, comme une belle embrassade physique qu’on n’ose plus envisager, cette fornication est aussi contaminante que le reste : elle ne parle que du Covid et de ses conséquences.
Peur IRL
Du fait du confinement et des mesures exceptionnelles, le virus-avatar a également contaminé la sphère publique. Vous n’échappez pas à son emprise en faisant vos courses. Vous achetez compulsivement le stock de base avec cette idée que ce serait la dernière occasion. Vous y pensez en sortant faire du sport. Vous hésitez à consulter un médecin. Vous n’envisagez un déplacement à l’hôpital qu’en cas d’extrême urgence. Vous travaillez la peur au ventre ou reclus devant votre ordinateur. Vous vous lavez les mains à cause de lui. Vous avez peur pour vos proches, tout le temps. Il est à côté, les ambulances passent sirènes éteintes et vous le savez. Vous l’avez peut être déjà eu. Vous vous croyez immunisé.
Le ViralVirus est plus pernicieux que covid car il fait fi de votre immunité. D’abord, il crache sur vos certitudes et mute tout le temps au gré des publications scientifiques, des parcelles d’information sur son démarrage en Chine, du concours des statistiques soutenues elles-mêmes par l’inflation affreuse de la population étudiée. Ensuite, comme son équivalent réel, il a la faculté de se répliquer si rapidement, à couvrir tout l’espace et de finir par trouver la faille. Le ViralVirus a déjà contaminé votre quotidien. Vous lui donnez l’essentiel de votre attention en doutes, peurs, espoir, combativité. Vous avez bouleversé votre organisation pour lui et il vous le rappelle à chaque sortie.
Psychic virus
Il attaque votre psyché comme il attaque les poumons. Il s’immisce dans les petites fêlures de votre âme et trouve la faiblesse. Et chacun est faible. Il a lui-même, depuis des mois, affaibli les esprits des plus sceptiques, ceux qui n’y croyait pas, ceux qui ne voulait pas voir. Par ses dégâts collatéraux, il a atteint les plus à l’abri, la liste des milliardaires fond dans Forbes. Rien qu’à se mettre à penser vers l’avenir, les plus joyeux contractent leur mâchoire et tirent sur la ride du lion.
L’infiltration du ViralVirus dans notre cerveau a, comme pour le vrai, des conséquences imprévisibles. Que vous soyez d’un naturel anxieux, la réalité qui se découvre au fur et à mesure de la prise de conscience, à laquelle vous ne pouvez échapper par la claustration du confinement, est d’un avenir sombre et violent. Que vous soyez battant et plein d’énergie, les circonstances carcérales, la frustration du télétravail et des relations professionnelles, le délitement général vous met à l’épreuve. Les rues se remplissent de coureurs de fond cherchant leur dose d’endorphine pour ne pas avoir à penser. Un geste barrière utile contre le ViralVirus, le sport. Mais la promenade sportive est elle-même vecteur d’infection : éviter la police, ne pas aller trop loin, ne pas courir trop prés des autres…
Virus-clos
Faire fi de l’avenir, n’anihile pas le présent. Le confinement et son huis-clos renforce la capacité du ViralVirus à créer les situations de l’implosion. Imlplosion des couples ou des familles, les violences familiales augmentent, decuplées par la promiscuité forcée. L’exiguité des logements dans les zones denses, les plus touchées par l’agent pathogène concours à des tragédies quotidiennes où la raison est blème et l’instinct animal dominant. La casse sociale déjà engagée et le relachement général sur l’alcool, les psychotropes et autres vont amener d’autres vagues épidémiques du Virus-avatar. Il se repaît et gagne en force à chaque minute de beau temps et de chaleur, rendant l’idée du confinement insupportable. Au sein du foyer ainsi refermé, le conflit ne peut être que permanent. Les silences sont pesants, les yeux rivés sur les écrans, chacun s’affaire pour mieux oublier l’autre. Pour les classes sociales les plus pauvres, c’est l’enfer du HLM, la marmite refermée et bouillante qui ne demande plus qu’une pitchenette pour exploser et faire muter ce virus en révoltes populaires et failles sociétales béantes envers les privilégiés disposant de plus de 5m2 par personne.
La diagonale de l’infecté
Pour ceux ayant des faiblesses psychiques prééxistantes, le ViralVirus ne devrait être qu’une piqure de moustique, une “grippette”. Mais les conditions actuelles sont critiques. Plus ou moins suivis, ils sont à la merci de cette onde virale. Seuls les agoraphobes pourront peut être bien vivre ce moment, mais imaginez les paranoiaques infoxés, les claustrophobes emprisonnés, les bipolaires secoués, les petits et grands psychotiques, les dépressifs aggravés, les obsessionnels aux mains creusées. Ils sont perdus dans une dimension unique de notre histoire, exposés aux ravages de la peur et de l’abandon. Des victimes faciles qui seront à ajouter au compte des Morts.
Les gestes barrières
Le ViralVirus est déjà partout, il ne rencontre pas de résistances. Nous ne lui en opposons pas. Je vous propose donc ces 5 gestes barrières pour le laisser, au moins temporairement, à la porte de votre cellule de confinement et loin de votre cerveau. Il est important de vous protéger et protéger les autres par une bonne hygiène psychologique et intellectuelle.
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Lavez-vous les neurones aussi souvent que possible: parler, échanger, discuter, de tout sauf du virus
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Ne vous mouchez pas sur le Web : ne likez pas, ne retweetez pas, ne partagez plus rien qui parle de près ou de loin du covid. Vous polluez internet de vos miasmes inutiles sinon dangereux
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Retirer ce masque de tristesse et d’anxiété : quelque soit l’avenir, le présent est à vivre maintenant. Le sourire est plus fort que la peur, le rire est guérison, la bienveillance est l’antidote.
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Serrez l’autre dans vos bras (si vous n’êtes pas malade et qu’avec vos compagnons de confinement): supprimez ces distances qui n’ont pas de sens dans votre lieu de confinement; cette chaleur tue le virus à défaut du printemps
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Utilisez au moins un livre par semaine : ne le jetez pas, donnez le à ceux qui en ont besoin, la connaissance est la seule matière virale bénéfique.