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Le virus misanthrope

Le virus misanthrope

Published Mar 23, 2020 Updated Sep 25, 2020 Culture
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Le virus misanthrope

Fascinant Virus. Fascinant animal coincé entre la vie et la mort. Fascinant bout de cellule qui ne vit pas par lui-même mais par la séduction de l'autre. Comment pensez-vous qu'une infection se déroule ? Vous pensez qu'il y a là sous nos yeux, dans nos rues, sur les vêtements et sur la poignée de porte, une bête immonde, tapie dans l'ombre prête à tendre tous ses muscles pour s'assoiffer de votre sang ? Non, ce sont des cellules ! Minuscules ! Sans métabolisme, sans cerveau, sans volonté propre, une pure création de la nature, de temps en temps aidée par l'homme et son inconscience collective. Ce "truc" n'a pas d'âme, de conscience, il n'a que la volonté de survivre, la destinée de se nourrir sur la bête et de mourir avec elle si il la domine. Il n'a d'objectif que de finalement pouvoir se reproduire et infecter le plus de cellules possible. Il n'y a pourtant pas d'échappatoire autre que la défaite. Le virus mourra du simple fait qu'il perde dorénavant les batailles des résistances immunitaires ou qu'il n'y ai plus rien à infecter… Ce virus n'aime pas les humains. Il n'aime pas plus le serpent, le pangolin que la chauve-souris. En fait, il n'a cure de son hôte pour peu qu'il le repaisse. Il n'aurait pas bien vécu son ère du pangolin, espèce rare et menacée comme tant d'autres. Le savait-il quand d'un de ses avatars une mutation apparut ? La mutation magique, statistique, inconcevable à l'échelle humaine et rendue pourtant possible par sa propre action. Je ne sais pas de quelle nature de conscience l'on parle. Y a-t il possibilité que les mutations de toutes sortes s'accélèrent au sein du espèce menacées ? Quel type de message médierait cette conscience supérieure attaquée elle-même par le virus humain.

 

Gaia ou pas 

Il est compliqué de donner une conscience à la Terre. Cela entrera en conflit soit avec votre religion soit avec votre matérialisme. Pareilles choses sont-elles conscientes ? Et que savons-nous de l'état de conscience et des volontés supérieures, nous humains, inconscients du rouleau compresseur de notre propre avidité à la jouissance et tellement peu volontaire à faire face à nos erreurs. Il y a en tout cas un châtiment pour cette race humaine qui n'existe que par les ressources de la Nature et qui d'une certaine façon est victime potentielle de tout un tas de stratagèmes propres à nous réduire de nouveau à l'état d'animal nu et sans défense. Voyez comme il est aisé pour cette Nature de nous renvoyer en quelques jours à l'état de bêtes à tous les sens du terme. Stupide et inconsciente, voilà comme finalement on constate l'humain moderne, engoncé dans son individualité, touché au plus profond de sa liberté, paniqué à l'idée de ne pouvoir essuyer ses fesses, tout puissant sur les réseaux comme solution universelle pour maintenir une activité économique qui n'a pas manqué de s'effondrer aux premiers signes de blocage. La Nature nous a shorté en bourse. Elle gagne sur tous les tableaux de l'effondrement des machines humaines; En quelques semaines, la pollution disparait, les poissons et dauphins reprennent Venise, toutes les espèces profitent de ce bienfait de la pause humaine. Elle est lourde cette constatation de l'emprise humaine sur cette Terre. Elle est lourde de voir qu'il faudra sans doute quelques dizaines d'années pour que nos structures se fassent phagocytées par l'irrésistible reprise en main de la Nature, dès qu'elle aura sélectionnée le virus qui nous exterminera.

 

Qui aime bien...

La question de cet état de conscience de la Nature et de son vassal le coronavirus est de considérer si il s'agit ou pas d'un châtiment. Un coup de semonce de mère Nature, Dieu, les dieux, ce que vous voulez, sur l'humain sans limite, ivre de sa toute puissance. La méta-inconscience humaine le sait. Regardez ces thématiques culturelles sur les zombies, les invasions extra-terrestres, les films catastrophes se délectent de nos refoulements individuels dans notre inconscience collective. Il y a clairement expression et prise de conscience que nous avons érigés des tours en sable, qui peuvent être balayées par les vents, les embruns, les tremblements de terre, les tsunamis ou tout simplement une bactérie ou un virus ayant la stratégie adéquate pour utiliser nos structures mondialisées.

Cette actualité dramatique nous montre à quel point il ne s'agit pas là d'une vue de l'esprit mais bien d'une réalité qui appelle à se préparer à une purge. L'extinction de notre espèce est-elle voulue ou même désirée ? Cette volonté ne procède sans doute pas de l'expression d'un libre-arbitre d'une entité centrale supérieure. Plutôt de ces processus que nous n'arrivons pas à nous figurer, voir même à accepter, l'implacable statistique du temps sur l'évolution des espèces, l'implacable statistique de la diffusion d'un agent pathogène dans une population et dont la théorie naturelle implique plutôt une diffusion qu'un confinement. Oui, si châtiment il y a, il y a aussi nécessité de l'accepter. Oui, 2, 3 ou même 5% de létalité est insupportable aux échelles individuelles, mais tout à fait acceptable au niveau de l'espèce. Il y a là le conflit des structures morales et politiques face à un évènement que d'aucun aurait classé, il y a encore un siècle, au rang du châtiment biblique, appelant à la prière et à la résignation.

Ce conflit est d'autant plus insupportable que le choix du confinement et de la limitation de la diffusion est en lui-même une décision bonne et raisonnable à court terme, mais porte question sur le moyen terme. De par sa capacité de mutation, ce virus peut revenir par vague et sa létalité augmenter au fil du temps. Le fait d'avoir été infecté n'est pas une garantie de ne pas développer la maladie dans les vagues suivantes, mais, encore une fois statistiquement, il y a plus de chance qu'une mutation entraîne une virulence plus grande sans que les récepteurs de surface permettant à nos défenses de le repérer et l'éliminer soit changés. Cela veut dire que les infectés d'aujourd'hui avec ou sans symptômes développeront une immunité que les autres n'auront pas. Les morts épargnés aujourd'hui le seront peut être que temporairement.

 

On a toujours besoin d'un plus petit que soi

Elle est insupportable cette idée pour nous hommes moderne. Nous avons érigé la science comme le garde-fou des vicissitude de la Nature. Je peux lire toute la bibliographie sur les virus, je n'en serai en rien rassuré. On y constate la variabilité extrêmes des types de virus, de leurs stratégies d'infection, de leurs intelligences pour n'être pas repéré dans l'environnement de l'hôte. C'est, une nouvelle fois, fascinant. On constate que c'est la forme la plus abondante et la plus diverse des espèces sur la Terre. Invisible à l'œil nu et pourtant représentant une biomasse de 200 Millions de tonnes, capable de contaminer toutes les formes de vies, bactéries, champignons et animaux uni et multicellulaires. Chaque millilitre d'eau de mer en contient environ 10 puissance 8, nos intestins 10 puissance 14 ! Nous en avons besoin sous la forme de phages (virus attaquant les bactéries) pour notre digestion et l'équilibre de nos intestins. Tous ces virus sont pour la plupart tout à fait inoffensifs. Ils sont là pour maintenir les équilibres. Si un type de bactérie se reproduit très vite, les phages sauront freiner cette expansion. Il est difficile de l'admettre, mais nous somme pourtant une espèce en rapide expansion, et il est inéluctable que ce minuscule bras armé gagne en agressivité pour rétablir l'homéostasie du monde.

Le réalisme scientifique est lui-même bloqué entre sa responsabilité d'apporter des réponses appropriées à des revendications politiques, au sens de la gestion de la cité, et à la froide constatation qu'il n'y a pas de processus naturels inadaptés; l'humain mérite d'avoir sa population limitée. Cela devient nécessaire parce qu'il ne sait pas collectivement le faire et qu'il ne laisse que terres brûlées partout où il passe. La prise de conscience écologique est une mascarade qui permet à nos égos de se sentir mieux lorsqu'il remplit une poubelle jaune. C'est utile, bien sûr, mais tellement vain. Toutes nos structures de consommation sont tournées vers la jouissance individuelle. Aucune pénalité n'est à verser sur l'extraction du pétrole, des minéraux, des terres rares, il n'existe pour nous que le coût de l'extraction et, artificiellement, une petite contribution carbone qui n'a rien à voir avec le coût réel de la ponction faite sur la Nature. S'ajoute à cela les méfaits des marchés, fluctuants et avides, qui brouillent le prix par les effets de la spéculation et oblige les filières à prendre des décisions anti-naturelles pour simplement continuer leur activité. Quelle logique derrière tout cela ? Nous combattons les virus et les bactéries à grand coup de produits miracles, enfantés par la science toute puissante et relayés par les industriels avides. Produits qui rapidement montrent leur dangerosité, soit intrinsèque, soit par la capacité de repousser mère Nature dans ces retranchements et de la pousser à nous opposer des résistances réclamant toujours plus de science et de mesures radicales.

 

Notre santé humaine n'est pas traitée différemment. On cache derrière le terme "nosocomiales" la liste qui s'allonge des maladies induites par des agents pathogènes résistants. L'essor de notre domination du Xxème siècle, basée sur cette irrésistible ascension de la science devenue religion, la victoire que nous avons considérée comme acquise sur les maladies n'est pas la fin de la guerre. L'arrogance nous a fait oublier que nous combattons un ennemi qui existe depuis 4 milliards d'années, nos certitudes nous ont fait passé à côté de l'essentiel : nous ne gagnerons pas la grande offensive contre la Nature, juste quelques batailles. Oui les bactéries deviennent de plus en plus résistantes à mesure que nous les détruisons. La raison est, une nouvelle fois, statistique et probabiliste. Nous "sélectionnons" les bactéries résistantes en supprimant celles qui le sont moins. Résiste donc les bactéries mutées qui ont acquises une capacité ou perdue une capacité sur laquelle les antibiotiques portaient leur effet. Et pourquoi il en serait autrement ? Les bactéries ou les virus sont partout, même dans des conditions extrêmes, au cœur des comètes ou sous 10km d'eau au bord d'un volcan. Il y a donc un dictionnaire aléatoire de résistances qui existe et qui ne demande qu'à être parcouru par des milliers de mutations par seconde chez des centaines de milliers d'espèces.

Le virus misanthrope est le reflet que nous voyons dans notre miroir. L'individualisme est la raison de l'échec actuel. Nous sommes tous misanthropes. Nous n'aimons pas l'humain. Pas sa famille évidemment, mais tous les autres, à des degrés divers. S'il y a avait une victime à donner en sacrifice pour le Dieu Coronavirus, ce serait tous ces autres. Le confinement n'a pris finalement qu'à partir du moment où les décomptes de morts ont commencé à passer les milliers. Chacun a eu peur pour soi et les siens. Chacun a accepté, mais pour combien de temps ? Au-delà de la privation de liberté, l'économie prépare sa privation de société. Peu de secteurs en sortiront indemne. Alors, qu'il aime ou non l'humain, le virus a déjà gagné sa partie. Et la guerre n'est pas finie.



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