Le Chat
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Le Chat
De tous les animaux, le plus intelligent
Est le chat, devant le dauphin, le singe et l’homme
Il devrait être roi mais n’est pas assez grand
Et c’est ainsi le lion que pour régner l’on nomme
Mark Twain a dit de lui « c’est le seul animal
Qui jamais ne sera esclave de la laisse
Et si à croiser l’homme et le chat on s’abaisse
En grandissant l’humain, au chat on fera mal »
Il n’a jamais de maître, il a son territoire
Son jardin mystérieux et ses sentes secrètes
Où souple et silencieux, patient guetteur du soir
Il traque ses victimes du fond de sa cachette
Aussi rusé qu’un sioux, commando de la nuit
Chasseur crépusculaire, prédateur solitaire
Meurtrier sans merci et athlète accompli
Il capture ses proies sur la terre et dans l’air
La maison est à lui. Si vous y habitez
C’est que très gentiment, il vous a invité
Mais il laisse la place, car il est partageur
Et un coin lui suffit pour dormir de bonheur
Sérieux, c’est un farceur, avec des tours sans nombre
Et il aura toujours son quart d’heure de folie
Vous le verrez alors sauter comme un cabri
Et grimper sur le mur pour attraper son ombre
Il aura le gros dos, le poil tout hérissé
Sera marionnettiste d’un colifichet
Acrobate aux rideaux, soliste du grelot
Aussi fou d’un ruban que d’un petit mulot
Le chien se cherche un maître et chat ne cherche rien
Mais si vous lui plaisez, il sera votre ami
Et pour chaque service que le chien vous rend bien
Le chat lui tout entier partage votre esprit
Il vous parle un langage sans aucun mystère
Que son indépendance rend parfois austère
Mais il est si sensible à vos chagrins de cœur
Que sa tendance alors est d’être guérisseur
Il vous rassure alors avec ses yeux qu’il plisse
Vous endort d’un confort rempli de ses ronrons
Vous touche et vous caresse de toutes ses vibrisses
Et libère vos misères sur vous couché en rond
Il vous dit des mots doux d’un soupir du museau
Et des mercis la queue courbée comme un roseau
Et il prend votre peine avec votre migraine
Pelotant votre laine et faisant ses mitaines
Ah, mon chat, mon ami, dis-moi combien de fois
Tu m’as sauvé la vie et redonné la foi
Car plongeant mon regard dans tes grands yeux d’or vert
Je voyais que j’avais pour moi tout l’univers
A Asnières, où les chats avaient un cimetière
Autrefois, on lisait, sur une tombe en lierre
« Ci-git Chat Noir Premier » et en dessous, ces mots
« Sachant à qui je plais, connais ce que je vaux »
Herve Sabattier - August 2016