3 secondes, de Marc-Antoine Mathieu
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3 secondes, de Marc-Antoine Mathieu
3 secondes, de Marc-Antoine Mathieu – Delcourt – 2011
Dans la bande dessinée il y a des auteurs qui font de l’expérimentation. Souvent obscurs, classés dans la catégorie BD indépendante, voire auto-éditée dans des fanzines (au passage, pour les amateurs du genre, n’hésitez pas à aller visiter la Fanzinothèque de Poitiers, c’est au Confort moderne, un super lieu d’exposition et de concert !), peu parviennent à réaliser des ouvrages accessibles et pertinents. Parmi eux, Marc-Antoine Mathieu surnage. Auteur de la série des Julius Corentin Acquefacques, mais surtout des Sous-sols du révolu, dans la collection du Louvre avec Futuropolis, que je recommande chaudement, il a exploré, interrogé et même explosé le langage traditionnel de la BD, en dynamitant les codes traditionnels de lecture.
Ce n’est pas toujours un succès (même si j’admire l’exercice). Dans la BD 3 secondes, il s’agit d’un autre type d’expérimentation. Il n’y a pas de parole, tout est en noir et blanc (comme très souvent avec Marc-Antoine Mathieu) et le projet est de suivre la course d’un photon pendant 3 secondes. Et par le jeu des rebonds de surface, il parvient à nous raconter une histoire. Dis ainsi, cela paraît bizarre, mais c’est pourtant la prouesse technique et le pari scénaristique de cette BD, parfaitement réussie de mon point de vue.
Cela dit, cette bande dessinée ne devait pas exister initialement. Lors d’une rencontre organisée à Lyon en 2013, il avait expliqué qu’au départ, il s’agissait d’un petit film numérique (disponible sur YouTube ici : https://www.youtube.com/watch?v=00xwHWeifPE) mais dont le succès a été suffisant pour que l’éditeur demande de le transposer en BD. Marc-Antoine Mathieu n’était pas entièrement convaincu et a donc séquencé le film en cases pour que cela puisse passer. Personnellement, j’ai lu la BD avant de voir le film et j’ai bien aimé les deux. Mercredi dernier, je discutais avec Jean Dytar, auteur de bande dessinée de grande qualité (Florida, notamment – que je présenterai peut-être ici -, et plus récemment « J’accuse ! ») qui me disait avoir préféré le film à la BD. Chacun pourra se faire son idée !
En tout cas, le travail est d’une grande précision et c’est une BD tout simplement hors normes.
Prince Of Panodyssey Alias Alexandre Leforestier 11 months ago
Cela donne envie de la découvrir cette BD !
Gracchus Tessel 11 months ago
Merci ! C'était l'effet recherché!