Valérie plie bagage et se dirige vers l'aéroport. Elle réserve sa place pour son vol. Au comptoir d’enregistrement, la file d’attente est d’une longueur inimaginable. Les futurs passagers ont l’air un tantinet énervé. Une fois l’inscription effectuée, elle poireaute. Elle profite pour envoyer un SMS à Didier. Elle tente le tout pour le tout ne sachant pas le temps qu'il va prendre pour le recevoir. Elle surveille l'heure sur son téléphone portable.
Didier sort une photo de sa femme.
— Je suis sûr que tu vas revenir. Tu m'aimes trop.
Didier contemple le visage de sa femme en touchant avec ses doigts.
Matthieu dévoile enfin la raison de la visite chez Pierre.
— Papa, tu savais que Pierre Duchemin était mon véritable père ?
Didier sursaute. La question le surprend, mais il ne peut pas nier.
—Évidemment. Il a profité de l'absence de ta mère. Ce n'est pas correct. Ta mère aurait dû se ...
— Quoi ? Êtes-vous sérieux tous les deux ?
Didier confirme un peu gêné.
— Tu n'appartiens pas à mon sang.
Stéphanie s'exclame de joie.
Blessé par Stéphanie, Matthieu bougonne et riposte :
— Je te remercie.
Stéphanie lui lança une pique.
— Ton soi-disant père aurait l'allure d'un grand-père.
Énervé par la réflexion de sa sœur, Matthieu la gifle.
Stéphanie pose sa main sur sa joue endolorie, le geste brusque laisse une trace.
Didier a manqué de réagir.
Stéphanie cherche une aide de la part de son père, mais la situation lui échappe.
Son téléphone portable vibre, un SMS de Valérie : bonjour mon amour, je serai bientôt de retour. Embrasse les enfants de ma part. Je t'aime.
— Cela ne te regarde pas ! Et de toute façon, tu n'es pas mon père !
Matthieu part dans son coin, Didier le rejoint en espérant à parvenir à un résultat.
— Papa ! Ne m'humilie pas plus que je ne suis déjà !
— Je ne me permettrai pas de faire une chose pareille.
— Je ne désire plus avoir de liens entre ma mère et mon père. Je me sens un enfant bâtard !
Matthieu s'insulte fortement et s'enferme dans sa coquille devant sa famille. Il bouscule sa sœur et quitte la pièce. Puis, il sort de ses gonds ; il s'emporte seul dans sa chambre ; où il pique une colère. Pour se vider la tête, il parcourt des livres sur la médecine. Sa révolte se lit dans ses yeux. Didier l'entend crier ainsi que Stéphanie :
— Je hais mon père et ma mère.
Didier hésite d'annoncer le prochain retour de leur mère. Il se gratte la tête. Il se pose les mains sur les hanches. Il est dépassé par les événements.
—Ce n'est pas gagné Valérie !
Didier s'isole et tapote une réponse à sa femme.
—Bonjour mon amour. Sache que je t'aime et j'attends ton retour. Nous aurons des soucis à régler à deux. Sans toi, je n'arriverai pas. Cela ne va pas être simple avec Matthieu. Bisous.
Stéphanie épie son père, elle est intriguée de le voir communiqué avec quelqu'un sans savoir avec qui.
— Mesdames et Messieurs attachez vos ceintures. L'avion va bientôt s'envoler.
Vous arriverez à destination dans 5 heures.
Le commandant ainsi que tout l'équipage vous souhaitent un bon voyage."
Les touristes s'exécutent et attendent le décollage imminent.
Certains essaient de masquer leur stress ou leur peur par des rires nerveux.
Mais une minute ; puis cinq ; puis un quart d'heure après ; l'avion n'a toujours pas démarré et les voyageurs commencent à s'inquiéter.
C'est alors que l'hôtesse reprend le micro.
—Mesdames et Messieurs, notre avion a un léger retard. Nous vous prions de nous en excuser et vous remercions de votre patience.
Quelques minutes plus tard, des hommes armés et cagoulés retiennent l'équipage dans le coapit.
Les voyageurs ne savent pas ce qu'il se passe encore. Mais le coup de théâtre compromet le projet de Valérie. Le vol est annulé et l'avion est réquisitionné à la demande du terroriste. L'hôtesse, prise au dépourvue, perd le contrôle de ses émotions. Sa voix tremble lorsqu'elle s'adresse aux personnes et murmure à voix basse. Puis, le commandant annonce le changement de programme sans tout dévoiler. Les personnes sont dans l'obligation de se plier aux exigences. Valérie est contrariée par ce contretemps et furieuse. Elle n'a plus sa chambre à l'hôtel. Elle récupère ses bagages. Elle va attendre le prochain vol. Elle se croit dans un mauvais script où tout est contre elle. Elle s'achète une génoise et une boîte de biscuits. Le stress lui réveille la faim.
Valérie est une femme d'action. Elle change d'itinéraire. Elle ne va pas rester oisive et attendre que le temps s'écoule. Un autre avion va décoller pour Singapour. Elle se ravitaille et ne désire pas entrer dans un cercle infernal de l'angoisse. Elle est suffisamment dans cet état et, plus vite sa journée se passera, mieux elle sera. Plusieurs heures sont à patienter. Elle occupe à lire pour se détendre. Par la suite, elle a eu connaissance des réels faits dans le précédent avion. Elle s'endort sur son livre avec la fatigue de sa nuit et rate le vol. Ce n'est que le lendemain qu'elle a pu quitter le sol australien. Didier met au courant du comportement de Matthieu. Ce retard inopiné ne l'arrange pas. Elle est pressée de rentrer. Revoir Pierre est primordial. Elle sait sciemment qu'avec Matthieu, des conflits sont à prévoir. L'avenir de son couple peut même en pâtir.
Quelques jours plus tard. Didier accueillit Valérie à la gare. Ils tombent dans les bras de l'un de l'autre. Matthieu est plus en retrait. Valérie essaie de l'embrasser, mais il fronce les sourcils et son visage se referme. Stéphanie se montre plus chaleureuse que son frère.
— Je suis heureuse de te revoir, maman.
Matthieu s'adresse d'un ton froid.
— Maman, je crois que tu me dois des explications à propos de ton mariage avec Pierre Duchemin.
Toujours aussi déterminé, Matthieu n'a pas omis de préparer le terrain avec sa mère. Didier saisit les bagages de sa femme, Fatiguée par son voyage, Valérie ne répondit rien.
— Nous verrons cela à la maison. Matthieu, laisse ta mère retrouver ses repères.
Valérie a les cernes sous les yeux avec son visage pâle et livide. Elle n'est plus apte à se défendre.
— Je suis vraiment naze. Je n'ai pas dormi ces jours-ci. Nous parlons de tout ça en temps voulu, Matthieu. Comment va Pierre ?
Elle pose sa main sur l'épaule de Matthieu.
— C'est stationnaire pour le moment Valérie. Tu exigeais peut-être le voir, vu ta fatigue. Il rentrera demain chez lui. Valérie adule et estime toujours autant Pierre. La certitude de savoir Pierre encore vivant la rassure. Didier conduit sa petite famille à la maison. Une fois les valises posées, Valérie s'allonge et s'endort. Tendu, la violence en Matthieu prêt même à mordre se ressent dans ses yeux. En total désaccord, il rumine des horreurs et des insultes à l'encontre de sa mère sont constantes en lui.
— Matthieu, peux-tu m'aider à préparer une petite surprise pour ta mère ?
— Papa, tu plaisantes. Je ne sais même pas si je suis en droit de t'appeler "papa", tu n'es pas mon père biologique. Comment avez-vous pu me mentir pendant toutes ces années ? Rien ne m'oblige à accomplir un geste pour elle. Elle n'a pas été honnête de raconter sur ma vie. Vous me dégoûtez tous les deux. J'obéirai quand je voudrais. Vous ne pouvez pas me soumettre.
La douleur se réveille en Matthieu, perdu dans son identité. — Je te comprends.
— Tu m'amadoues.
— Pas du tout. Je t'aime comme mon fils.
Matthieu penche la tête et reste pensif.
—En tout cas, je ne partirai pas à un simulacre de comédie. Aucune lueur d'espoir. Loin d'être une poule mouillée, Didier ne s'impose pas. Il ne peut pas obtenir grand-chose de sa part.
— Je suis désolé de cette offense. Ta mère est responsable de son passé...
— Tu aurais pu me le dire...
—C'était à elle d'effectuer le premier pas. Elle te donnera ses raisons.
—Peu importe, elle n'est pas excusable ni toi d'ailleurs. J'ai été trahi.
— Je te promets que nous allons en discuter ensemble.
— Je ne sais pas même si je suis apte à l'écouter.