Blue moon
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Blue moon
Blue moon, Damir Karakaš, Belleville, 2020 (traduit par Chloé Billon)
Années 80, dans ce pays qui s'appelait encore la Yougoslavie, Charlie a quitté son village des montagnes pour Zagreb, pour y suivre très épisodiquement des études en agriculture. Sa véritable passion, c'est le rockabilly et la coiffure inhérente au genre, la banane. Son père, rustique, brutal et pas très ouvert, ne supporte pas de voir son fils accoutré comme un rockeur. Ils en viennent aux mains pendant l'enterrement du grand-père de Charlie. Puis Charlie retourne à Zagreb, zone, rencontre Eli avec laquelle il s'installe bientôt.
Roman d'un monde qui bientôt n'existera plus, puisque la guerre séparera les communautés de ce pays en plusieurs pays. Charlie est croate, son meilleur ami, Jimmy est serbe et aucun ne s'interroge sur leurs origines. Charlie est un étudiant pas forcené qui se pose pas mal de questions, qui renâcle devant les études, le travail, l'engagement avec Eli. Ce sont les événements qui le font avancer, il ne subit pas mais ne fait rien ni pour les contrer ni pour les provoquer. C'est la vie qui avance et il réagit plus ou moins bien devant chaque fait.
C'est un roman à l'écriture moderne, rock'n'roll pourrais-je dire. Damir Karakaš use d'un langage oral pour raconter son pays d'avant la guerre. Malgré la relative insouciance de ses anti-héros , le climat qu'il décrit est pesant. Il y a d'une part cette guerre qui se profile, surtout dans la seconde partie et d'autre part le conflit de génération renforcé par l'attrait de la ville et de la modernité de la génération de Charlie et la ruralité parfois fruste de son père, l'instruction opposée au quasi illettrisme de certains vieux ruraux.
Un très bon roman, sous-titré Rhapsodie rockabilly dans la Croatie des 80's, que je conseille, qui me permet de découvrir les éditions Belleville et qui débute ainsi :
"L'une de mes connaissances, lui aussi rockabilly, a appris la mort de sa mère au salon de coiffure, à la moitié de sa coupe.
Quant à moi, j'ai appris la mort de mon grand-père la brosse à la main. Je venais tout juste de me laver les cheveux et je me sculptais une nouvelle banane devant le miroir quand le téléphone s'est mis à sonner, sans s'arrêter." (p. 7)
PS : livre disponible sur le site de l'éditeur.
Toutes mes recensions sur mon blog http://www.lyvres.fr/