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Orange Confidential

Orange Confidential

Published Aug 4, 2025 Updated Aug 4, 2025 Crime stories
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Orange Confidential

Orange Confidential

a noir mystery


Sacrée affaire.

Et bien sûr, il fallait qu’elle tombe sur Max. Ce soir-là les chats mariés n’étaient pas de service. Pour ne rien arranger, il allait devoir supporter le lieutenant Looping.

Angora noir et blanc, l’inspecteur Max est ce qu’on appelle un chat au poil bouffant. Les sauces au vin ne sont pas étrangères à cette silhouette. Max promène son trench coat et sa cravate desserrée sur toutes les enquêtes avec bonhomie.

Dans un autre registre, le lieutenant Looping fait craquer toutes les minettes avec sa petite gueule de seal tabby point et son regard d’amour bleu. Plus jeune et plus svelte que son collègue, il est aussi nettement plus extraverti. Et plus brutal avec les criminels. Looping devait son grade à la perte d’un orteil plus qu’à ses qualités d’enquêteur.

Ce soir-là, les deux félins avaient été appelés sur un quadruple homicide. Une famille de canaris surpris dans leur appartement. Looping grignotait une gaufre sur le chemin, ce qui lui valu d’être fusillé par les grands yeux jaunes de l’inspecteur.

— Merde, Looping ! T’en fout partout ! Je viens de laver la voiture ! Et comment tu fais pour manger autant sans faire de gras ?

— Si je te le dis, je vais devoir faire disparaître ton corps, inspecteur.

— Je veux pas savoir. On arrive.

La scène de crime n’était vraiment pas belle à voir. Looping en perdit de son assurance.

— Garde la tête froide, petit, lui lança l’inspecteur Max !

— C’est…

— Oui, je sais. Sors respirer un coup dans la ruelle.

Oui, parce qu’effectivement, c’était…

Du sang, des plumes. La mort avait frappé fort. Mais que de plumes ! Le légiste venait de finir ses examens préliminaires. Max tenta sa chance.

— Quoi de neuf Doc ? Ça fait un paquet de plumes pour des canaris !

— La plupart des plumes viennent des coussins éventrés.

— Éventrés comment ?

— Je penche pour un petit chien.

Max hocha de la tête. Éventrer des coussins, c'était bien un truc de caniche. Max n'aime pas ces bêtes-là. Mais ce qu'il aime encore moins, ce sont les chihuahuas. Plus les chiens sont petits, plus ils sont difficiles à supporter. Quand ils ne sont pas hargneux... Bref, des sales bêtes qu'il prenait plaisir à bousculer pendant les interrogatoires.

Dans la ruelle, le lieutenant Looping n'avait pas perdu son temps. Il montra une plumette à Max qui venait de le rejoindre.

— On est d’accord que ça ne vient pas d’un canari, ça ?

— Non, ça vient d’un coussin éventré.

— Justement, en parlant de coussin éventré…

L’éventreur de coussins, armé de crocs et de griffes, avait traîné une de ses victimes jusque derrière une poubelle de la ruelle. Et là… une magnifique empreinte de patte laissée dans la boue.

— Un petit chien…

Trop gros pour un chihuahua. On ne boufferait pas de chicanos ce soir. Looping tendit un sac de preuves à Max dans lequel il avait déposé quelques poils blancs prélevés à l’endroit où ils se tenait. C’était bien joué. Mais ce n’était pas tout. Un témoin les attendait devant la porte de service du Nite Cat.

Pour être poli, nous qualifierons le Nite Cat de “bar de nuit”.

Le témoin, une chatte blanche aux grands yeux en amande, fumait une cigarette devant la porte de service.

— Lynn, vous pouvez répéter à l’inspecteur ce que vous m’avez dit ?

— Je suis sortie prendre l’air. Et j’ai vu quelqu’un passer en courant.

— Vous travaillez dans ce bar, demanda Max ?

La fille ne répondit pas. Elle alluma une seconde cigarette avec la première qui commençait à s’éteindre.

— Vous voulez savoir ce que j’ai vu, ou pas ?

Max acquiesca.

— C’était un petit chien blanc avec une cicatrice sous l’œil gauche.

— Sous l’œil gauche ?

— Comme je vous le dis, Inspecteur.

— Vous pourriez le reconnaître ?

— Il est passé assez près de moi pour que je le reconnaisse. Des petits chiens blancs avec une cicatrice sous l’œil gauche, il n’y en a pas des centaines en ville.

— Merci, Mademoiselle.

Max regarde son témoin et Looping tour à tour. Il commença à se tourner pour rejoindre la voiture, puis se ravisa pour une dernière remarque :

— Dites Mademoiselle, rien à voir avec l’affaire. Mais vous me rappelez quelqu’un.

— On rappelle toujours quelqu’un à quelqu’un d’autre, Inspecteur. Vous ne croyez pas ?

— Vous avez probablement raison. Merci, Mademoiselle.

Bonne pêche. Le principal suspect s’imposait comme une évidence. Looping s’enfourna une autre gaufre pendant le trajet retour, sous le regard désabusé de Max.

— Tu penses à qui je pense, lança-t-il en bâfrant ?

— Je crois.

La fille avait raison. Les petits chiens blancs avec une cicatrice sous l’œil gauche ne courent pas les rues. Justement, nos deux enquêteurs avaient vu passer un avis de disparition correspondant pile poil à la description et aux indices. Un bichon maltais avec une cicatrice sous l’œil gauche. Rico Taspinaci.

Mais ce n’était pas tout. Sa maîtresse avait aussi signalé la disparition d’un objet de valeur quelque peu insolite. Un coffret de crochets à tricoter pour une valeur de 1 300 billets. À se demander s’il n’y avait pas une erreur sur le prix. 1 300 billets… Des crochets à tricoter… Cela tracassait l’inspecteur Max.

Il eut un déclic en basculant sa chaise en arrière.

— Dis Looping, il s’appelait comment le père canari, déjà ?

— Rosen quelque chose.

— Rosenkäse par exemple ?

— Non, ça c’est du fromage, lança Looping ! Rosenwald !

— Comme Nicholas Rosenwald ?

Bingo ! C’était bien Nicholas Rosenwald. Et ce nom, Max l’avait déjà vu. Il se connecta au fichier central. Le résultat ne se fit pas attendre. L’homme était connu pour recel d’objets d’art et de bijoux. Et s’il y avait quelque chose à chercher du côté de ces crochets déclarés pour un SMIC à Mayotte ?

— Viens voir, jeune !

Et oui, une simple recherche sur internet permet de trouver un fort joli set de crochets fabriqués au Japon, probablement à la main et livrés dans une boîte en bois précieux. Un petit cadeau sympa pour le prix d’un bras. Ce n’est pas avec son salaire de flic que Max aurait offert ce genre de chose à sa femme. Encore qu’il lui faudrait commencer par avoir une femme.

En attendant, un visite à une certaine Madame Nova s’imposait. Ce que les deux enquêteurs félins firent en début de matinée après un café et… des gaufres, pour changer. Ils trouvèrent la bourgeoise en robe de chambre.

Madame Nova reçu les enquêteurs dans un intérieur fort charmant au mobilier de qualité. Elle semblait avoir un train de vie qui collait avec le fameux set de crochets disparu. Pourtant, on ne lui aurait pas prêté cette passion. Rideaux à fleur et canapé en tissu assorti, tapis moelleux, quelques vases. Un intérieur propret que la femme de ménage devait faire souvent pour qu’on ne remarque pas les traces de vie d’un petit chien.

— Vous avez des nouvelles de Rico, demanda-t-elle avec un intérêt plutôt modéré ?

— Oui, il a été vu derrière le Nite Cat, un bar de nuit du faubourg nord, répondit Max. Cet endroit vous dit quelque chose ?

La dame répondit par la négative sans réfléchir. De toute évidence, ce n’était pas le genre d’endroit où elle risquait de s’aventurer.

— Sa présence semble liée à une affaire sur laquelle nous enquêtons. Nous aurions quelques questions si vous le permettez.

— Une affaire ?

— Un crime.

— Mon Rico n’est pas un malfrat. Il est inscrit au LOF.

— Cela vous surprendrait qu’un bichon maltais puisse être un malfrat, intervint le lieutenant Looping ?

Madame Nova, ne répondit pas.

— Madame Nova, reprit Max, vous connaissez un certain Nicholas Rosenwald ?

— Ce nom ne me dit rien.

— Vous avez déclaré la disparition d’un set de crochets de luxe en même temps que celle de votre chien. D’après la description… je dirais un set de la marque Tulip…

— Vous êtes un connaisseur. Mais quel est le rapport avec ce Rosenvoil ?

— Rosenwald, madame.

Max marqua une pause pour ménager son effet.

— C’est un canari bien connu pour ses activités de recel. Il habite justement dans le voisinage du Nite Cat.

La surprise marqua instantanément le visage de la vieille dame.

— Nicholas Rosenwald est mort cette nuit, Madame Nova.

— Mort ?…

— Assassiné, précisa Looping.

La mamie déglutit.

— Et mon Rico…

— Etait présent sur la scène de crime, poursuivit Max.

La vieille semblait aussi déconfite qu’une figue sèche. Elle prit son visage entre ses mains.

— C’est pas possible. C’est un gentil petit chien. Il a souffert dans sa jeunesse. Je l’ai sauvé d’une famille qui le maltraitait. Ce sont eux qui lui ont fait sa cicatrice sous l’œil. Et d’autres sévices encore. Mais ça ne peut pas faire de lui un criminel.

— Réveillez-vous Mamie Nova, lança le lieutenant Looping ! Votre chien-chien à sa mémère a des liens avec le milieu du crime organisé ! Et il a probablement réglé son compte au fourgue et à sa petite famille. Quatre morts !

La propriétaire du bichon maltais éclata en sanglots avant de retrouver sa dignité de vieille bourgeoise seule un matin de Noël. Max se leva pour prendre congé et lui tendit sa carte de visite.

— Nous devons mettre la patte sur Rico, avec ou sans votre aide. Voici ma carte, au cas où…

Lorsqu’ils se retrouvèrent seuls dans la voiture, Looping entama une nouvelle gaufre pendant que Max réfléchissait.

— On va mettre une surveillance en place. Elle ne nous appellera pas s’il revient.

— D’ailleurs, il est déjà revenu, répondit Looping la bouche pleine.

— Tu aurais pu éviter de la secouer. Même si tu savais le chien présent.

— Pas pu résister.

— J’ai vu, conclu Max avant de démarrer.

Intuition de flic, l’inspecteur fit le tour du pâté de maison en maintenant une allure tranquille. La tactique paya. Une femme comme Madame Nova n’allait pas laisser son toutou faire ses besoins autour de la piscine. Le bichon maltais était de sortie avec son petit sac à crottes. La voiture de police banalisée le cueillit avant même qu’il s’en rende compte. Looping se fit un plaisir de le plaquer sur le capot et de lui tordre la patte dans le dos.

— Rico Taspinaci, je t’arrête pour meurtre ! T’as un bon avocat ?

— Vous me lisez pas mes droits ?

— Pourquoi ? T’as l’impression qu’on est aux States ? Arrête de japper. Tu vas avoir besoin de ta salive pour te mettre à table !

Pendant ce temps, l’autoradio diffusait ironiquement le générique d’une série américaine bien connue, dont le personnage central est un certain Maxwell Smart, interprété par le fabuleux Don Adams.

Rico mis en cage, les deux enquêteurs s’installèrent pour taper leur rapport. Max sorti une bouteille de cognac d’un tiroir de son bureau.

— Chopper le principal suspect aussi vite, ça se fête !

Le lieutenant Looping semblait tout à fait d’accord avec son coéquipier. En sirotant son verre, il lui posa la question qui l’avait travaillé pendant tout le trajet.

— Dis… C’était quoi cette petite musique tout à l’heure ? C’est pas vraiment dans tes habitudes d’en mettre en voiture.

Max bascula sur son siège et regarda Looping d’un air satisfait.

— Il ne faut jamais laisser une habitude s’installer. Elle pourrait nous jouer des tours.

Les deux chats hochèrent la tête d’un air entendu.


Affiche réalisée sous Affinity Photo 2. Illustration de base générée sous Copilot à partir d'un prompt original. Tous droits réservés.

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