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Confidence d'une plume ... à son journal

Confidence d'une plume ... à son journal

Published Nov 23, 2024 Updated Nov 23, 2024 Biography
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Confidence d'une plume ... à son journal

Un samedi soir sur la terre.

Un de ses samedis soir d'automne, où l'hiver est à nos portes, et où on attend, déjà un peu, les sapins, les décors, les odeurs d'orange et de cannelle, le rouge, le vert et le doré...

En tout cas, moi, je les attends, avec l’impatience de l’enfant que je crois être parvenue à rester.

Quand un de mes livres sort, j'ai toujours un léger blues, une angoisse de ne pas savoir quoi écrire, quoi devenir, quoi faire de ma plume.

Elle craint de suffoquer, de perdre l’encre, de tomber en déshérence et y rester.

En tout cas, c'était le cas pour "Une anonyme", mon premier roman.


Alors, pour ne pas revivre la même chose, j'ai décidé de trouver un parachute, pour atterrir en douceur. J'avais envie d'un nouveau projet grand format pour passer à autre chose, laisser mon héroïne s'envoler vers d'autres cœurs, écrire de la distance, pour mieux se retrouver.


À travers mes réseaux, j’ai cru reconnaître un visage déjà frôlé dans le passé. De nombreuses lignes se dessinaient de la même manière au creux de nos mains, ou alors est-ce moi qui ai voulu les voir, alors qu’elles n’existaient pas pour de vrai.


Parce que je crois que je cherche à voir le plus beau, le meilleur en chacun. J’ai toujours perçu ma plume comme un bouclier, mais je crains hélas que parfois, elle ne me calligraphie, à travers les émotions que j’expose une cible dans le dos.


Et je me suis pris des balles à bout touchant.


Un projet littéraire s’est noué. Une collaboration autour du langage amoureux à une époque où l’on savait écrire l’amour fou, et que les mots se chuchotaient à l’abri d’un chapeau en feutre.

J’étais ravie, au premier abord et puis j’ai compris au fur et à mesure, dans quel piège j’avais sauté, à pieds joints, mais c’était déjà un peu tard, j’étais la grenouille dans la marmite sous laquelle on allume le feu. Et j’ai mis du temps à sauter hors de mon bocal.

Je sentais mon plexus se nouer chaque jour, davantage, le stress qui me prenait quand mon téléphone sonnait, j’en craignais presque certaines notifications.

Et puis il y a eu cette dernière rencontre il y a quelques semaines. La personne en question et moi-même étions allés boire un café. Il était au volant. Furieux après moi, pour avoir opposé des résistances autour de nos projets mêlés.


Je l’entendais m’accabler de reproches de moins en moins bien maquillés, quand un éclat de voix m’a glacé le sang, givré la peau et suspendu un battement de cœur.

Les herses commençaient à sortir, mon âme se barricadait. En tournant la tête malgré la nausée qui montait, j’ai vu, en juxtaposition de ses traits, le visage d’un homme que j’ai haï pour tout ce qu’il était.


C’était terminé, j’avais compris. Qu’un schéma ancien était en train de se reproduire. Il fallait que je coupe les liens. Vite. Bien. Sans éclabousser le nom que je m’étais construit pour guérir. Fuir, m’enfuir, me recroqueviller.

En m’engueulant intérieurement de ne pas avoir su reconnaître ce profil psychologique tant redouté. En pleurant sur les heures passées à écrire mes plus belles lettres d’amour jamais postées d’une héroïne, désormais trahie, abandonnée.


Et, puis aujourd’hui, j’ai vu une vidéo d’un compte très inspirant pour moi. Un compte que je suis sur Insta depuis un moment : listeninmax, qui dit entre autre que:

“Quand on a des failles affectives profondes, on est capable de cultiver et de créer le beau pour s’inventer une réalité. On devient capable de mettre de la merde dans un écrin de diamant.”

Et je crois que c’est précisément ça - et tout ce qu’il exprime d’ailleurs avec une sensibilité et clairvoyance extrême - que j’ai rejoué à travers cette collaboration avortée.

De cette histoire, puisque ce soir je décide de ne garder que le meilleur, j’ai pu trouver un exutoire au vide laissé par la Juliette

de “Si je ne t’ai pas”.

Je serai sortie de ma zone de confort, pour inventer des histoires, des intrigues, me serais imaginé d’autres peaux, d’autres robes, d’autres verbes.

Mais j’ai surtout découvert ce que je ne saurais plus tolérer désormais : que l’on essaie d'accaparer ma plume, de me vider de mon essence et de mes subtilités.

Que l’on tente de me façonner en Galatée pour renvoyer à ce piètre Pygmalion son narcissique reflet.

Je ne serai pas une muse, un étendard ou une créature. Je suis Juliette et je suis la seule à écrire mon histoire.


Xoxo,

Juliette


(image réalisée avec Selaab et retravaillée avec Canva)

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