Toi qui crois me savoir par cœur

Toi qui penses, sans doute, pouvoir me raconter sur le bout de tes doigts.

Tu dis que je me trompe.

Que, dans ma tête, je peins des cieux d’éther, des paysages égarés.

Que cette planète n'existe que dans les méandres de mon esprit, tissée à la force vacillante de mon imagination.

Alors, dis-moi : Quand je saigne, l’âme piquée à des épines qui n’existent pas, est-ce que je m’égare, prisonnière de mes propres illusions ?

Est-ce que je danse dans l’ombre d’un mal invisible, cherchant l’écho dans des silences, des points de suspension, ou sous le poids insoutenable d’une simple hésitation ?

Et si c’était là le miroir déformé de mes pensées ?

Un reflet trop fragmenté pour discerner le réel du rêvé ?

Peut-être que je prête aux mots un pouvoir démesuré, les saupoudrant aveuglément sur des cicatrices béantes, sur ces absences que je ne comprends pas, à la manière d’une artisane kintsugi.

Mais dans ces tempêtes intérieures, lorsque les contours de ma réalité se floutent, lorsque le sol vacille sous mes pieds, je me demande :

qui suis-je alors, si mes propres perceptions me trahissent inexorablement ?

Et si ce doute n’était pas une faiblesse, mais une vérité ardente, un feu créateur ? Une preuve, peut-être, de mon désir insatiable de tout saisir—même l’insaisissable.

Au risque… non, à la promesse de me réinventer.

Xoxo,

Juliette

Image réalisée avec Seelab et retravaillée avec Canva