Scintillement
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Scintillement
Sur la planète Marella, un jour de retrouvailles…
L’eau était une merveille sous la lumière du soleil, changeante, brillante, scintillante… Ikki, les deux pieds dans la rivière, tentait de capter sa course en protégeant son appareil photo des embruns. Le retardateur était enclenché, l’immobilité de quelques instants et la photo serait parfaite.
Malheureusement Ikki ne parvenait pas à obtenir le résultat escompté, l’infime mouvement suffisait à laisser des traces… La perfection n’existait pas, elle s’en rapprochait c’était une certitude, mais il lui faudrait encore de la pratique. Ikki décida de faire une pause. Elle glissa l’appareil dans sa pochette étanche et s’assit sur le plus gros rocher en laissant pendre ses jambes à la verticale. Leur étirement jusqu’à l’eau les mettait en contact avec le courant frais. Ce massage naturel lui offrit un moment de détente bienvenue.
Elle repensa à sa mère qui venait d’accoucher et au bain de ce curieux petit frère. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver de la jalousie devant toute l’attention qu’il suscitait. Elle tapa ses pieds avec énergie, elle faisait sortir sa colère, sa colère courrait maintenant dans le ruisseau et lui échappait. Quelle libération !
Pourquoi sa mère, avait-elle eu ce nouvel enfant ?
En plus, toutes les femmes de la famille étaient unanimes : « Pas d’homme à la maison ! »
Et c’était un garçon ! Et sa mère était béate devant ce morveux !
Ikki ne comprenait plus rien et cela depuis que sa mère, Iris, avait fait un séjour chez sa propre mère, il y avait maintenant plusieurs mois.
C’était l’été, Iris était partie chez Ivana pour quelques jours au lieu de rester seule à la maison. Ikki était en stage pour une semaine, un stage qui alliait le sport et la photo, Ikki avait tant souhaité réaliser celui-ci. Finalement, elle se demandait si elle ne le regrettait pas. Ikki était perdu dans ses réflexions et ne profitait plus de la nature.
*
Sur la route qui menait à la maison de sa mère, Iris ne s’était jamais senti aussi libre depuis de nombreuses années. Aucun tracas à l’horizon, sa fille était heureuse comme jamais et elle pouvait prendre une semaine de vacances juste pour elle.
La longue passerelle la menait directement au bord de la mer, ce qui n’était pas très difficile sur cette planète d’eau. Mais ce n’était pas juste la mer, c’était la mer avec ses côtes découpées, ses rochers et ses plages de sables fins, toute la géographie qu’Iris chérissait, les paysages de son enfance.
Avant d’arriver, Iris devait s’arrêter à la station essence, elle en profiterait pour prendre deux pâtisseries pour le goûter.
Le plein d’essence fait, elle choisit deux succulents des mers à la pâtisserie d’à côté, il portait bien leurs noms avec leur crème onctueuse et la pâte d’amande découpée en forme de coquillage, Iris en avait l’eau à la bouche.
En rejoignant sa voiture, elle s’aperçu que quelqu’un l’observait du trottoir opposé.
Son regard s’attarda et elle reconnut une tête ancrée dans sa mémoire et revenue de sa jeunesse.
Finalement, elle déposa ses gâteaux sur le siège arrière et pris le parti d’aller saluer Oscar, ses années d’études revenaient à sa mémoire, les sorties, la bande de copain de l’époque…
Elle ne l’avait pas oublié, ce garçon timide souvent le casque sur les oreilles, qui un jour l’avait embrassé par inadvertance. Chacun c’était résolu à faire comme si de rien n’était. Pourtant sa mémoire était parfaitement claire.
Oscar la salua, ils échangèrent les banalités de convenance. Elle habitait Siam, avait une fille, travaillait dans une boutique et venait passer une semaine de vacances.
Lui habitait toujours ici, vivait avec sa femme, il travaillait dans l’entreprise locale où il fabriquait des souvenirs pour touristes. La conversation s’achevant, le silence devenant pesant, elle était sur le point de partir quand il la retint par le bras. Ne voudrait-elle pas venir au concert ce soir avec lui ?
Iris s’étonna, Oscar contrit avoua qu’il était seul, sa femme et lui faisait un break. C’était dommage de perdre les places. En plus, un groupe de leur époque se produisait.
Iris ne voyait aucune raison de refuser, elle accepta, il viendrait la chercher vers dix-huit heures chez sa mère.
Iris était ravie, sa bonne humeur grandit, ses vacances commençaient par une fête.
*
Oscar était ponctuel, ils seraient en avance sur le site du festival et cela leur permettrai de profiter de toutes les animations.
Déjà une petite foule se pressait devant l’entrée, Oscar lui pris la main pour l’orienter vers la caisse des billets pris d’avance. Iris se laissa guider, ils firent tranquillement le tour des différentes scènes et se mirent d’accord sur le programme de la soirée.
A la première chanson, « Tu m’emmènes », du groupe pop de leur adolescence, ils replongèrent dans leurs souvenirs en riant et en se remémorant les uns et les autres. Ils étaient détendus et se laissaient porter par l’ambiance chaleureuse.
A la troisième chanson, « Tes yeux profonds », la nuit commençait à tomber. Les cerfs-volants en forme d’animaux marins illuminèrent le ciel, ils étaient maintenant enveloppés de musique et d’une énergie positive transmise par le public.
A la cinquième chanson, « Ton amour me porte », la nostalgie des années passées se faisait ressentir. Oscar et Iris tournèrent la tête en même temps et échangèrent un bref baiser. Ils se regardèrent en souriant. Contrairement à leur baiser d’ado, ils décidèrent de ne pas l’ignorer, comme si l’occasion de rattraper un acte manqué se présentait. Ils laissèrent une certaine intimité se créer entre eux. A la huitième chanson, « Danse avec moi », ils échangèrent un baiser qui les laissa empli de désir.
Ils observèrent les alentours, personne ne les avait remarqués. Pourtant leurs désirs étaient palpables, gêné par cette attirance réciproque, ils s’unirent à la foule les bras en l’air pour ne pas définitivement ne penser qu’à l’autre. Le premier concert terminé, ils décidèrent d’aller manger une spécialité avant le suivant. Ils maintenaient entre eux une distance amicale en se déplaçant.
Le repas fut un supplice, plus rien n’existait. Oscar était focaliser sur les lèvres d’Iris qui essuyait un peu de sauce sur le coin de sa bouche et Iris ne pensait qu’aux mains d’Oscar qu’elle suivait dans tous leurs mouvements, il touchait sa serviette, il ajustait sa casquette…
Ils regardèrent le concert suivant de manière distraite, les corps en émois.
Quand Oscar déclara qu’il pouvait être l’heure de rentrer, Iris acquiesça.
Chacun quitta les lieux en ressentant le désir de l’autre. Jusqu’au parking ils marchèrent en silence, quand il ne resta que quelques badauds, Oscar pris la main d’Iris, celle-ci pivota devant lui et leur baiser fut interminable. Ils se goutèrent du bout de lèvres, puis leurs lèvres s’entrouvrirent pour se déguster avec délice.
Où allaient-ils pouvoir poursuivre leur soirée ? Aucun des deux ne voulaient interrompre cette si douce union. Pas chez la mère d’Iris et encore moins au domicile d’Oscar.
Oscar suggéra la crique aux corsaires, Iris en fut ravie. Il leur faudrait quinze minutes de marche, mais la discrétion qu’offrait celle-ci était remarquable. Oscar pris deux plaids dans sa voiture.
La mer scintillait à la lumière de la lune. Sur le chemin, leurs mains se touchaient, leurs baisers s’enflammaient. Iris se retrouvait comme une ado dans une bulle de bonheur. Son insouciance l’étonna.
Oscar n’avait pas terminé d’étendre le plaid qu’avec empressement, ils tombèrent à genou pour se découvrir avec passion.
Ni l’un ni l’autre ne se souvenait d’avoir vécu un moment avec une connexion si intense.
Exténué par leurs ébats, ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre, leurs corps nus sous les étoiles.
Vers la fin de la nuit, le froid se fit sentir, Oscar les recouvrit du second plaid, Iris se réveilla. Ils échangèrent de nouveaux baisers et cette fois ils se découvrirent avec plus de patience et de précision le désir était constant mais l’urgence était passée.
Oscar avait les pieds dans l’eau quand Iris s’éveilla, elle le rejoignit sur la plage. Nus ils se touchèrent, s’admirèrent, Oscar fit tourner Iris sur elle-même, ce matin elle était si belle. Iris se colla contre le corps d’Oscar, ils comparèrent leur taille, la longueur de leurs jambes, de leurs bras, de leurs hanches. Le soleil s’élevait dans le ciel, réchauffant leur peau.
Ils s’installèrent sur le plaid pour contempler la mer et profiter de leur bonheur, face à face ils se découvrirent à la lumière du jour, comme pour ne pas oublier un espace du corps de l’autre. Quand se reverraient-ils ? Dans le doute, ils s’explorèrent avec attention. Le cou, Oscar voulait glisser des baisers derrière l’oreille d’Iris. Dressée sur ses genoux Iris caressait le torse d’Oscar avec sa poitrine. Ils riaient de cette harmonie qui les unissait, de ses plaisirs qu’ils s’offraient.
Iris poussa un long soupir de soulagement et de satisfaction.
Pour la première fois, elle se sentit consolée de tous les malheurs de sa vie.
Oscar la réconciliait avec les hommes.
Quant à lui, il se demandait comment il vivait depuis quinze ans avec une femme sans jamais avoir ressenti une telle connexion.
L’intimité s’étaient installée vite, si vite, trop vite ?