LE SERGENT
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LE SERGENT
Il avançait au pas soutenu de sa monture. Son cheval de bât suivait à la longe.
Son grand feutre lui couvrait suffisamment la tête pour limiter le risque d’être reconnu. Il avait quelques ennemis qui circulaient dans cette province.
Les différentes troupes et armées ne parvenait pas à se départager sur les champs de bataille et circulaient sans cesse d’un village pillé à une ville brisée.
Sa haute stature et son chapeau qu’il portait en toute provocation, l’avait pourtant rendu célèbre au-delà de ses succès de sergent et de ses hommes.
Mais il avait perdu la foi en son invincibilité et sa dernière blessure l’avait laissé pour mort lors de la bataille du marais.
Il n’avait été sauvé que par l’attrait qu’il procurait à l’une des cantinières du camp.
Alors qu’elle récupérait tout ce qui pouvait se négocier, sur les cadavres et les blessés qu’elle libérait du dernier souffle, elle reconnut celui qu’elle cherchait à approcher de longue.
L’attraction qu’elle ressentait devait être particulièrement intense puisqu’elle abandonna sa grappille métallique et le traina jusqu’à son fourgon, réussit, en usant de cordages, à le hisser à l’abri des envies.
Elle savait pertinemment que les autres saletés de cantinières lorgnaient, autant qu’elle, sur ce sergent dont la prestance et le succès en avait fait le centre de tous leurs regards.
Elles étaient bien capables, les garces, de venir l’égorger pendant la nuit pour récupérer le blessé et le soigner en attendant la reconnaissance sous forme d’un compagnon.
Finaude, elle savait comment s’y prendre avec les hommes et en vint à prendre la décision de ne plus prendre du bon temps avec les soldats du camp, pour lui montrer qu’elle pouvait être fidèle.
Bon, bien sûr, dans l’état où il était actuellement, rien n’interdirait quelques relations tarifées, dont il ne pourrait se rendre compte.
Par ailleurs, elle se convainquit qu’elle ne pouvait, tout d’un coup, changer du tout au tout, sans prendre le risque que son entourage et ses clients se posent des questions.
Pendant ces réflexions intéressées, elle libéra l’accès à la plaie. Une large plaie de carreau d’arbalète, qui avait pénétré profondément.
Elle lui racontera plus tard qu’elle avait dû utiliser ses connaissances acquises pendant l’enfance, avec sa mère, qui avait été brulée comme sorcière.
Elle nettoya soigneusement la blessure, avec de l’eau bouillie et un linge propre qui avait trempé dans le chaudron, technique qu’elle était seule à pratiquer.
De la même façon, sa mère lui avait appris à recoudre la plaie avec des boyaux, eux- aussi, bouillis, après avoir vérifié, au toucher, qu’aucun organe n’était atteint.
Les plantes évitèrent les plaintes de douleur, et opposèrent leurs principes aux infections.
Elle n’utilisait ses connaissances que pour les officiers, de peur que la soldatesque ne la traite de sorcière et qu’elle subisse le sort que réservent ces jaloux, envieux et fanatiques aux femmes indépendantes.
Il reprit connaissance, grâce à sa constitution, au bout de 3 jours et pu, enfin manger pour retrouver ses forces.
Après plusieurs semaines, pendant lesquelles il demeura caché à la demande de sa cantinière salvatrice, il voulut sortir.
Il oublia bien vite ses velléités sous l’emprise de caresses et de soins autres que chirurgicaux.
Sentant, en outre, qu’il n’était pas encore suffisamment remis pour se présenter à son capitaine et sachant qu’il aurait du mal à expliquer sa réapparition, il préféra rester sous l’abri de son hôtesse.
Il lui était définitivement redevable de sa vie, et lors d’une de leurs nuits, dans le feu de l’action et sous l’effet du plaisir, il lui annonça qu’il lui appartenait.
Elle l’avait certainement consciemment amené à ce stade et elle sut en tirer parti pour lui faire promettre le mariage et le retour dans son village.
Et cela, d’autant plus facilement, que la mort qui l’avait frôlé le poussait à cesser ses activités militaires.
Ils devaient donc prendre la route dès la fin de la campagne actuelle.
Malgré les réflexions qui le travaillaient, il se devait d’être homme d’honneur et ne pouvait échapper à son engagement. Quel qu’en soient se regrets.
Lors du siège d’un petit château local, une pierre de catapulte vint, malencontreuse mais bienvenue, le libérer de ses obligations en séparant par la mort, les deux futurs époux.
Il récupéra le pécule de sa belle, son épée et son feutre et quitta le camp au cours de la nuit.
Il sourit innocemment, en récupérant son feutre, qui lui rappelait le bon souvenir du jour où il l’avait obtenu.
C’était celui d’un paysan du pays du monarque ennemi, qui avait eu l’outrecuidance de prendre sa fourche alors qu’il besognait sur la table de la pièce, l’épouse particulièrement charmante.
Il avait dû l’embrocher pour lui apprendre la vie.
La paysanne avait pleuré toutes les larmes de son corps, pendant tout le temps où elle avait préparé les repas de lui-même et de ses hommes et pendant tous les ébats qu’elle avait dus accorder pour les satisfaire après un bon repas.
Il se demandait si, de ce fait, la vie qu’il avait prise n’avait pas été remplacée par une naissance 9 mois plus tard.
Il devait rejoindre l’auberge où il logeait lors de ses permissions, tant pour récupérer les écus et ducats que gardait le tavernier que pour lui acheter un cheval solide.
L’auberge portait fièrement l’enseigne du coq rouge et de la brebis noire. Il ne savait toujours pas si c’était en rapport avec le couple qui la tenait ou bien, si le couple était devenu comme son enseigne.
L’aubergiste était rouge des bières et des nourritures riches qu’il enfournait à longueur de journée et sa voix était particulièrement stridente.
Quant à sa femme, elle était noire de suie presqu’autant que l’âtre de la cheminée où mijotait la soupe.
En outre, elle bêlait sans discontinuer contre son époux qui lambinait, jugeait-elle.
L’aubergiste tenta, lors de son arrivée, de s’enfuir, ayant décidé qu’il devait s’agir d’un fantôme, tenta-il d’expliquer, puisqu’il avait décidé que son client était mort, sinon enterré et qu’il pouvait, donc, conserver par devers lui et pour son seul usage, la bourse de ce dernier.
Après quelques remerciements du plat de la lame, quelques bosses et fractures, les doigts d’une main écrasés à l’aide d’un pichet pour les aplatir et leur éviter de rester crochus, il obtint que l’aubergiste trouvât les pièces lui appartenant.
Il obtint un supplément pour avoir été obligé d’être violent, ce qui allait contre son tempérament.
De la même façon, les deux meilleurs chevaux de l’écurie lui furent généreusement offerts, de plein gré, sellé pour l’un et équipé d’un bât pour le second.
Après avoir parcouru de nombreuses lieues et traversé en conquérant, de nombreux hameaux, tous plus sombres et désespérés les uns que les autres, après avoir vu fuir tous les gamins, tous les adultes, qui finissaient les activités agricoles saisonnières, il se rendit compte des ravages de ces guerres incessantes et de la précarité occasionnée pour les populations.
Alors qu’il approchait de son pays natal, il fut surpris par une pluie torrentielle, dont même ses chevaux ne supportaient pas l’aigreur.
Il avait récupéré une grande toile enduite de suif qui lui servait d’abri pendant les campagnes et qu’il transformait en cape sous la pluie.
Il la déroula et s’en couvrit. Sa taille était suffisante pour le protéger efficacement de la pluie qui tombait de plus en plus drue. Elle couvrait sa monture du poitrail à la croupe.
Le cheval de bât ne bénéficiait pas de cet abri et semblait en prendre ombrage. Il décida de s’arrêter à la prochaine auberge, où il avait trouvé un abri qu’il avait financé par quelques jours de travail, lorsqu’il avait pris la route pour rejoindre les armées, juste après ses 14 ans.
Il était déjà costaud et audacieux et était convaincu qu’il trouverait rapidement une bonne solde de soldat. Encore fallait-il qu’il rejoigne la troupe, la première qu’il trouverait, ne sachant même pas, à cette époque, quel était son roi… Il n’avait jamais vu une pièce de valeur suffisante pour se faire une idée du visage de celui-ci.
Les aubergistes lui avaient conseillé d’être extrêmement prudent. De nombreuses bandes circulaient et commettaient tous les forfaits possibles.
Le seigneur local avait réussi à former une petite troupe de ses sujets, qu’il avait entrainés et bien armés.
Depuis, les maraudeurs restaient à l’écart du domaine, mais en devenaient encore plus féroces hors des limites fixées par le seigneur.
Le lendemain de cette halte, au cours de laquelle il avait raconté quelques anecdotes croustillantes pour l’aubergiste et héroïques pour son épouse, il calcula qu’il lui faudrait encore trois jours de chevauchée, pour arriver chez ses parents
Etaient-ils encore vivants, après ces 15 années d’éloignement. Il n’en savait foutrement rien et ne s’en préoccupait d’ailleurs pas vraiment.
Il aurait quand même un certain plaisir à revoir sa petite sœur. Elle devait être mariée et avoir plusieurs enfants, à 23 ans, maintenant.
Il avait de quoi s’installer, et même d’acheter un lopin, qu’il pourrait joindre à celui de sa future épouse. Il lui faudrait montrer une image de bourgeois, pour obtenir le meilleur parti.
Le temps passait, accompagné de ses rêveries et il se rendit compte tardivement que le chemin qu’il suivait ne semblait pas aussi entretenu que dans ses souvenirs.
Les deux chevaux frottaient leurs flancs sur les ronces des côtés, dès qu’ils marchaient de front.
Il ne s’agissait définitivement plus d’une impression lorsqu’il parvint à la grange du père Mathieu, où il avait prévu de faire une pause et de s’apprêter, pour impressionner les villageois.
Jamais, le père Mathieu, tatillon comme il était, n’aurait laissé apparaitre les trous de toiture. Serait-il mort ? Aurait-il vendu ?
Il saurait bien assez tôt, proche qu’il était du village.
Lorsque ce dernier fut en vue, il apparut déserté, une seule masure avait sa cheminée en fonction, celle du Jean et de son épouse Ophélie, si belle, si fine, lors de son mariage que tout le village avait fêté pendant 2 jours.
Il se souvenait avec une pointe de jalousie de ne pas avoir possédé cette merveilleuse jeune femme, dont le père avait choisi, pour être le mari, le plus beau parti du village d’à côté.
Le village était vraiment en déshérence totale. Il frappa à la porte du Jean et de l’Ophélie.
Une vieille femme lui ouvrit et lui délivra un sourire d’inquiétude.
Face à cette peur palpable, il se présenta immédiatement et après quelques secondes, elle appela son époux. Ce n’était plus en rien l’image qu’il avait conservée.
Il comprit combien la vie avait été dramatique et les avaient usés au désespoir.
Ils lui indiquèrent qu’après les souffrances subies, ils n’étaient jamais parvenus à se retrouver, à se soutenir.
Il comprit qu’ils avaient vieilli rapidement et prématurément.
Le Jean lui raconta que par chance, un enfant avait vu la troupe et était venu au village en courant plus vite que ses jambes, pour prévenir de l’arrivée de soudards. Ces anciens mercenaires devenaient encore pires en période de paix ou pendant l’hiver, désœuvrés et non payés qu’ils étaient.
Les fermes, les hameaux et même les châteaux faisaient des proies et le régal de ces brigands nombreux.
La majorité des fermiers et des villageois furent prévenus à temps et purent rejoindre les hauteurs, sur un plateau que lui-même connaissait bien pour y avoir galoper pendant sa jeunesse..
Ils avaient décidé de s’y installer définitivement, en restant à l’égard des passages principaux de tous les voyageurs et autres bandes de maraudeurs.
Quant à lui, il faisait du bois et n’avait pas su ce qui se tramait. Il en voulait encore à son Ophélie d’être restée à l’attendre et de ne pas s’être suffisamment cachée, pour échapper aux désirs des chauffeurs.
Elle, elle n’avait plus jamais voulu revoir les autres villageois, morte de honte d’avoir survécu à l’infamie.
Il se douta qu’elle n’avait osé enfreindre l’interdiction de mettre fin à ses jours. Espérons, pensa-t-il, qu’elle aura droit au paradis…
Il posa, malgré tout, la question relative à ses parents. Le Jean lui expliqua qu’ils étaient trop éloignés pour avoir été avertis à temps et qu’ils avaient été torturés avant d’être achevés, tout comme le mari de sa sœur et les 2 enfants qu’elle avait eus.
Les mercenaires avaient emporté sa sœur comme un vulgaire paquet, dans le but évident de la vendre à une auberge de soudards.
Il savait comment cela se passait, pour, lui aussi, avoir été l’auteur de ce type de méfaits. C’est la logique de la guerre et encore plus de la trêve.
Il abandonna le couple à leur sort, à leur fin, et se rendit vers le nouveau village.
Alors qu’il arrivait, il ne put que constater qu’il s’agissait vraiment de villageois, sans la moindre volonté de se défendre.
Ils fuyaient dans tous les sens, sans le moindre objectif sinon la fuite, tels des insectes sous le pas du promeneur.
Aucun ne se saisit d’un outil, d’un fléau, d’une fourche pour s’opposer à celui qu’ils voyaient comme un monstre.
Il se revit pendant ses années de soldat, entrer dans les villages et piller tout son saoul, sans la moindre réaction des habitants. Il prit conscience de cette situation et en fut choqué, sans doute, parce qu’il s’agissait de son lieu de naissance, de son village.
Il s’arrêta au milieu de la petite place de l’église et sauta de son cheval. Après un regard circulaire pour montrer son visage à tous les yeux derrière les volets, il accrocha son épée et sa dague au pommeau de sa selle.
Il avala quelques gorgées de sa gourde et attendit.
Un paysan, puis un autre et encore un autre se décidèrent à s’avancer vers lui.
Il reconnut le Roland et l’apostropha « Et bien, tu ne me reconnais pas ? ». Cette apostrophe n’avait certes pas pour but de se faire reconnaitre, à 29 ans après un départ à 14., mais de donner une tournure amicale à ce premier contact.
Le regard interrogatif du Roland le fit se présenter. Le soupir de soulagement des 3 assez courageux pour venir sur la place, s’entendit, sans doute, jusque dans les terres du Nord
Le curé apparut et vint prendre la direction des opérations.
Puis tout le village le rejoignit.
Après de nombreuses questions, de multiples condoléances et quelques verres de bienvenue, le curé l’emmena à la sacristie, devant se préparer pour la messe.
Il aurait la totalité des fidèles ce soir, à la différence des autres occasions où nombre de paroissiens trouvaient toutes sortes d’excuses pour ne pas se rendre, malgré les foudres dont les menaçait l’officiant.
Après son sermon, le curé l’entraine vers son logement et lui offre l’hospitalité.
Lors du repas servi par une villageoise de bon aloi et assez accorte, sinon plus, envers le curé, il apprend que les bourreaux de ses parents ou plutôt les successeurs, dans la même bande, circulent toujours et qu’ils s’en sont même pris au chatelain qui a perdu tous ses biens et sa vie.
Il comprend vite que le curé le sollicite implicitement pour défendre le village, et veut mettre à profit ses compétences guerrières.
« Je suis revenu pour me marier, trouver une terre cultivable et reprendre le cours d’une vie de paysan. »
« Je ne tiens pas à reprendre les armes si ce n’est pour défendre ma famille, mes proches. Si cette bande est si dangereuse, je vais reprendre la route pour trouver la paix et la tranquillité. »
Il sait pertinemment que ce discours entrainera un engagement formel du village pour le convaincre de rester.
« Notre village n’est pas bien riche mais vit convenablement. Certains ont même quelques biens. Nombre de jeunes filles sont en attente de leur époux et les dots autorisent à penser que vous pourriez avoir un beau lopin de bonne terre au fond du plateau. »
« Est-ce que cela répondrait à vos besoins ? »
« Je m’engage à imposer aux villageois valides de s’entrainer aux armes et à obéir à vos commandements. Je vous assure qu’ils ne tenteront pas d’y échapper. »
Le sergent répond ;
« Je veux bien rester quelques jours pour voir. Je vais loger dans la dernière maison du village, Votre servante assurera mon intendance. Pendant cette période, les villageois devront construire une palissade de 20 pieds de haut autour, avec assez de place pour faire entrer l’ensemble des habitants. »
« Dès demain, vous appellerez tout le monde pour que je puisse leur parler et leur expliquer ce que je veux. »
Le lendemain, la peur permet au sergent de réaliser tous les vœux qu’il présente et tant les hommes que les femmes sont admiratifs de sa prestance, de son charisme et heureux qu’il soit des leurs, prêts à se plier à tous ses désirs pour qu'il prenne en charge leur protection.
Le premier château du village sera construit en bois, dans les semaines suivantes, et le forgeron se consacrera à fabriquer des lances, des dagues, quelques épées, des pointes de flèches, des carreaux pendant que le village s’organise pour fabriquer des arcs, des arbalètes.
Mais ils doivent également construire la base du château-fort prévu dans l’enceinte de la palissade. C’est un donjon qui surgira au début de printemps, dont le sergent fera sa demeure et recevra ses invités.
Les bruits d’une nouvelle guerre apportent un délai de plus pour finir de préparer la défense du village. En effet, les soudards sont redevenus mercenaires et ont quitté la région.
Une proportion non négligeable des hommes sacrifie son temps à s’entrainer. A défaut de talent guerrier, ils y mettent toute l’énergie, toute la vigueur des profanes.
Le sergent sait combien cette énergie peut se dissoudre face au danger.
Il décide d’emmener ceux qui sont les plus habiles au maniement pour faire une excursion vers le camp des brigands où restent quelques hommes d’armes et les femmes.
« Vous allez connaitre votre première bataille. Certains d’entre vous ne reviendront pas. Vous allez connaitre le goût du sang que vous boirez dans les tripes de ceux que vous aurez tués. »
« Vous ne ferez aucun quartier, aucun homme, aucune femme ne doit survivre. Si un seul s’échappe, il avertira les autres qui reviendront alors que nous ne sommes pas encore prêts. »
« C’est votre vie, c’est la vie de votre village, de vos familles, de tous vos proches que vous pouvez perdre. »
Le silence qui suit sa harangue est pesant et le nombre de ceux qui cherchent du regard un soutien pour s’opposer à ce risque, est bien au-delà de la moitié.
Le sergent reprend la main.
« Sachez que quoiqu’il arrive, vous devrez combattre à mort. Si vous refusez d’attaquer leur camp, j’irais les combattre et leur soutiendrai que vous m’avez payé et que vous cherchez d’autres mercenaires pour les détruire. Vous n’aurez plus la surprise pour vous et votre village deviendra votre cimetière.»
« Je pourchasserai ceux qui ne répondront pas à l’appel demain, et les pendrai haut et court ! »
« Nous partirons après les matines. »
Que voit-il alors ?
Deux de ses anciens soldats qui montent le chemin d’accès au village. Ils sont à cheval et semblent vaillants.
Après les embrassades d’anciens combattants qui s’ensuivent, le sergent apprend que ses comparses ont fini par savoir qu’il avait survécu et qu’il était parti vers son village.
Ils ont cherché jusqu’à trouver où il était et avaient décidé de le rejoindre pour profiter pleinement et personnellement de leur expérience de soldat.
Le sergent leur explique ce qu’il va se passer le lendemain et que ses troupes n’ont aucune expérience. Leur venue permettra d’encadrer ces novices, et de les encourager, au besoin par une décapitation ou deux.
Il leur laisse entrevoir un butin conséquent dans ce camp qui existe depuis plus de 3 ans maintenant.
Par ailleurs, devenir maitre des lieux, des gens, du village et des terres autour, peut permettre de vivre en qualité…
Le lendemain, une troupe de 25 villageois et de trois vrais guerriers, se dirige vers le camp des brigands, adossé à une grotte connue comme « l’antre du soupir ».
Le sergent qui avait reconnu le site, de longue date, a prévu et l’explique à ses seconds, de faire rentrer la totalité des ennemis dans la grotte, pour pouvoir les enfumer et leur interdire toute fuite.
C’est la raison pour laquelle, il ne voulait pas l’usage d’arcs ou d’arbalètes qui autorisent la fuite.
Lorsqu’ils s’élancent tous les trois, après une longue approche pendant laquelle ils ont ressenti le risque de défaillance de leurs effectifs, ils s’époumonent avec leurs cris de guerre.
Tétanisés par ces hurlements, les 25 villageois se jettent vers le camp, en hurlant à leur tour.
La première charge est réussie, et plus de la moitié des brigands, une dizaine, sont abattus.
Deux villageois sont au sol, dont l’un le ventre ouvert qui tente de retenir ses boyaux. L’autres est, sans doute, déjà mort.
Le sergent et ses seconds ne laissent pas réfléchir et font accumuler du bois. Ils placent une dizaine d’archers autour de l’entrée de la grotte où se sont réfugiés les survivants et les femmes.
Pendant que les autres déposent le bois sur les charrettes qu’ils ont amenées, les seconds du sergent passent derrière les archers et leur promettent les pires des sévices si un seul s’échappe. Et cela homme ou femme.
Lorsque l’une de ces femmes sort de la grotte et se dirige vers le côté, l’archer le plus proche retient son geste et n’ose tirer.
Le second, proche de lui le décapite au vu et au su de tous, prend l’arc et foudroie la fuyarde. Il envoie l'un des autres pour achever si nécessaire la fuyarde.
Il appelle ensuite un de ceux qui chargeaient le bois et l’installe sur le corps de son prédécesseur.
A la suite de cet épisode, plus aucune hésitation n’apparaitra pour interdire toute sortie.
Après quelques heures d'enfumage, les brigands se rendent. Chaque villageois devra décapiter au moins un des occupants, femme ou homme.
Ils sont, de ce jour, devenus féroces et serviront avec violence, les objectifs du sergent qui est devenu seigneur.
Ses fils seront formés au combat et préparés au pouvoir, et leurs fils après eux.
Le village est devenu une ville au service du chatelain, hantée qu’elle est par les âmes de ceux qui ont été sacrifiés et celles maudites de ceux qui les ont sacrifiés…
Jackie H 2 days ago
C'est ainsi que des gens paisibles et pacifiques apprennent la violence...
Cedric Simon 2 days ago
Tout à fait. A défaut, ils sont victimes.
Et les formes de violence sont multiples.
Et même parfois, semblent douces avant de se dévoiler.