Une suite à "UNE AUTRE VIE"

La lettre est ouverte.

Il la pose et la repasse de la main, sur la caisse qui lui sert de table.

« Cher Monsieur »…

Il reprend l’enveloppe et parviens à lire, malgré l’absence de lunette, « Paris » sur le timbre d’envoi. Le reste lui est parfaitement illisible.

Il est déjà fatigué de sa lecture. Il sort de son abri pour profiter de l’éclairage du soleil.

Le papier est épais et lui permettra, une fois gratté, une utilisation pratique.

« Nous sommes heureux d’avoir, après de nombreuses recherches, trouvé un moyen de vous joindre. »

Qui peut bien lui écrire ? L’en-tête est au nom de la société « INTERCHANGE » dans le 17^ème arrondissement. Un vieux réflexe, il regarde le montant du capital : de plus de 3 500 000 €.

« Nous souhaitons vous proposer de nous rejoindre, dans le cadre de notre implantation chez vous.

Notre proposition couvre l’ensemble des besoins, souhaits et attentes que vous pourriez ressentir.

Notre Directeur général est à votre entière disposition et répondra à tout appel de votre part.

Bien entendu, il vous suffira de nous communiquer un n° de téléphone et les horaires à votre convenance, pour qu’il vous appelle. »

Le courrier se poursuit avec le nom du DG, son adresse mail et celle de son secrétariat.

Il lui faudrait se rendre en ville et emporter la monnaie d’échange pour pouvoir utiliser le réseau Internet.

Il se souvient encore, pour l’avoir tant et tant utilisée, de son adresse mail et du code correspondant.

Cela lui parait un peu effrayant et surtout inutile.

Cependant, une certaine curiosité le titille.

Il poursuit, après quelques minutes de réflexion, la lecture de la missive.

Non seulement pour satisfaire cette curiosité, mais également et surtout pour le simple plaisir de lire.

« Sans vouloir, sans pouvoir, hors accord de confidentialité, déflorer l’objet de cette prise de contact, nous tenons à vous préciser que votre image, vos succès professionnels et surtout la vie que vous menez actuellement forment un ensemble parfaitement en phase avec nos projets. »

Depuis plusieurs semaines, il se posait la question de voir d’autres horizons, d’autres lieux.

Il ressent un besoin adouci, mais un besoin quand même, de sortir de cette léthargie d’ermite.

Il est prévu que le charpentier se rende à la ville dans 10 jours. Peut-être pourrait-il s’y rendre à sa place. Ou au moins l’accompagner.

Il sait qu’il a plusieurs minuscules pépites, et qu’il n’aura pas besoin de vendre une pièce plus importante, avec le danger des questions sur son origine…

C’est une précaution que suivent strictement tous les membres de la communauté.

La remarque du courrier, quant à sa vie actuelle, lui fait, tout à coup, redouter une invasion d’ingénieurs miniers.

Doit-il prendre contact ou fuir toute relation ?

La peur n’évitant pas le danger, rien ne sert de fermer les yeux. Et autant savoir ce dont il s’agit.