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Chapitre 15 - La tradition de l'arbre à pommes à la chapelle Saint-Adrien

Chapitre 15 - La tradition de l'arbre à pommes à la chapelle Saint-Adrien

Published Jan 26, 2025 Updated Jan 26, 2025 Adventure
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Chapitre 15 - La tradition de l'arbre à pommes à la chapelle Saint-Adrien

La nuit était tombée mais la chapelle de Saint-Adrien était allumée. Cette chapelle était dédiée à Saint Adrien, un ermite reconnu au moyen-âge comme ayant le privilège de défendre contre les maladies infectieuses mais aussi les maux de ventre. Elle poussa la porte principale de la chapelle où se tenait la messe de la Toussaint, en l’honneur des morts. La messe touchait à sa fin et déjà les fidèles commençaient à sortir par les différentes portes de l’édifice. Nul ne fit attention à la petite vagabonde, qui put ainsi errer dans la chapelle et y découvrir les différentes statues qui y étaient priées : Saint Mémor pour les maux de ventre, Saint Philippe, Saint Riouall, Saint Fiacre avec sa pelle…. Elle s’arrêta devant la statue d’une femme qui avait à ses pieds un dragon. Elle sentit alors une présence dans son dos et entendit une voix de femme lui raconter.

- Cette statue représente Sainte Marguerite qui est morte en martyre. Rejetant les avances d’un français, elle fut plongée dans un étang glacé jusqu’au cou, mais elle survécut. Son bourreau ne voulant pas admettre le miracle, il l’enferma dans une caverne avec un dragon. Celui-ci la mangea mais elle réussit à sortir de la bête par son dos. Le français, obstiné, finit par la décapiter pour garantir son destin funeste. Aujourd’hui, Sainte Marguerite est priée par toutes les femmes enceintes afin qu’elle leur offre une délivrance facile.

Lorsqu’elle se retourna, Augustine se lova dans les bras de sa mère qui l’avait enfin retrouvée ! Elles s’agenouillèrent devant l’autel pour prier et à la fin de leur cérémonial, la mère d’Augustine lui dit :

- J’aurai bien besoin de prier Sainte-Marguerite à présent, je le sens, un nouveau bébé est en moi !

Augustine pleura à chaudes larmes en écoutant cette révélation qui lui remplissait son cœur d’amour. Elles sortirent, main dans la main, de la chapelle ou une foule de fidèles les attendait. En effet, la mère d’Augustine n’était pas venue seule. Tous les pèlerins de la Fontaine Blanche, Saint-Claude, Saint-Languis et Sainte-Christine qui avaient suivi les pérégrinations de cette petite, que l’on prenait déjà pour une sainte dans toute la presqu’île, étaient là. Enfants, femmes et hommes entouraient la chapelle et attendaient avec ferveur la tournure des événements à venir…

Munie de son bâton de pèlerin, Augustine tourna autour de la chapelle, et à son passage, les fidèles se mettaient à genoux devant elles. Les enfants en première ligne, les adultes à la suite. Au premier tour, un jeune enfant lui tendit un morceau de bois. Elle le prit et l’inséra à la perpendiculaire, dans l’une des fentes de son bâton de pèlerin. Au fur et à mesure qu’elle tournait autour de la chapelle, son bâton se remplissait de pics qu’on lui donnait, ce qui finit par le transformer en arbre. Au deuxième passage, un autre enfant lui donna une belle pomme rouge, qu’elle piqua au sommet de son bâton. Au fur et à mesure de sa tournée, c’est une vingtaine de pommes qui recouvrit le bâton. Augustine s’arrêta alors devant le calvaire, monta les marches pour être vue et entendue de tous et proclama :

- Ceci est notre Gwezen Anaou(1). En cette nuit de Toussaint, vous le savez, les morts ne sont jamais loin. Vous qui évitez depuis la nuit des temps de sortir après minuit pour éviter de croiser les âmes en peine ou vous qui laissez une place à table, près du feu, afin de mettre les âmes en bonne disposition : soyez rassurés. Nos morts de la peste sont aujourd’hui en paix. Nous allons mettre notre Gwezen Anaou aux enchères et la somme récoltée servira à donner des messes pour le repos de leurs âmes. Faites-ceci en mémoire de ceux que vous aimez.

Augustine fit alors pour la troisième fois le tour de la chapelle Saint-Adrien, et plus elle avançait, plus les enchères montaient jusqu’à pouvoir dire des messes pendant toute l’année. Un homme, fier et obstiné, finit par remporter la dernière enchère et Augustine s’approcha de lui pour lui offrir l’arbre. En le recevant, l’homme lui dit :

- Si j’ai surenchéri au plus fort, c’était pour sauver l’âme de mon fils qui nous a quittés cette année. Mais je souhaite le partager avec votre famille. Je suis Iffic La Gell, de Saint-Claude, et mon fils Jean, n’était autre que le bien-aimé de ta sœur Marie. Je suis tellement désolé de n’avoir pas compris avant qu’ils s’aimaient d’un Amour pur. J’espère seulement aujourd’hui que Saint Michel, le Balanser an eneou(2), à la porte du paradis, a pesé davantage de bien que de mal chez nos deux petits et qu’ils sont à présent ensemble au paradis.

Prise par l’émotion, Augustine ne pouvait plus rien dire et c’est une cloche qui rompit le silence, traversant le ciel en direction du bourg, signe que le Ciel avait bien entendu leur prière.

La petite chapelle étant entourée d’écoles, les habitants de Saint-Adrien organisèrent un gîte pour les pélerins et tous purent trouver un endroit pour dormir et se mettre à l’abri de l’Ankou(3) lors de cette nuit de Toussaint.

Augustine, blottie près de sa mère endormie, peinait à trouver le sommeil. Entre les révélations de sa mère sur le futur bébé et le Pardon donné par le père de Jean La Gell, l’amoureux maudit de sa sœur Mammig. En cette nuit de pleine lune, Augustine se leva et partit errer, près de l’étang de Lauberlac’h. Malgré l’heure avancée, les oiseaux chantaient et rythmaient ses pas sur le sentier vaseux. Arrivée au fond de l’étang, Augustine se rendit compte qu’elle était déjà arrivée au kordennad de Rozegat où se trouvait la chapelle de Saint-Guénolé.


(1),Gwezen Anaou : l’arbre des trépassés

(2) Balanser an eneou : Peseur d’âmes

(3)L’Ankou : l’ange de la mort

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