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Chapitre 5. La soupe à la grimace

Chapitre 5. La soupe à la grimace

Veröffentlicht am 9, Aug., 2024 Aktualisiert am 12, Aug., 2024 Romance
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Chapitre 5. La soupe à la grimace

Antoine n’a finalement eu aucun mal à dormir dans le lit conjugal. Pas un seul éternuement, ni mouchage, à croire qu’il me raconte des conneries sur ses prétendues allergies aux poils de chat… Après une nuit passée à l’hôtel du cul tourné, la sonnerie du réveil nous tire du sommeil et marque le retour du train-train quotidien.

Je n’ai pas décoléré et il n’a pas manifesté le moindre remords quant à son comportement. Autant dire que l’ambiance est plus que glaciale ce matin, mais je m’en tamponne l’oreille avec une babouche. C’est bien l’une des rares fois où je me réjouis d’habiter cet appartement, m’épargnant ainsi la promiscuité avec ce type que je ne reconnais plus depuis des mois. Nous nous préparons chacun de notre côté et c’est en silence que nous quittons notre domicile pour entamer cette nouvelle semaine de boulot.

J’ai pris soin de laisser un message à Céleste, notre employée de maison, pour l’informer de ce qui est arrivé et qu’elle ne s’étonne pas de trouver Tanit et du bazar de partout. Quand nous avons acheté ce maudit appartement bien trop grand, j’ai tout de suite su que je ne pourrais pas m’en sortir seule avec les tâches ménagères. J’aurais préféré un logement bien moins spacieux avec un petit extérieur, toutefois, Antoine n’étant pas un manuel, acquérir un bien avec un bout de jardin était exclu. En bonne compagne conciliante et amoureuse, j’ai cédé aux desiderata de monsieur et nous avons donc opté pour ce loft immense et sans charme, mais en adéquation parfaite avec sa folie des grandeurs.

C’est Elias qui m’a présenté Céleste et grâce à elle, je dois dire que mon quotidien est considérablement facilité. J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette femme, si gentille et consciencieuse. Si au début, Antoine n’était pas vraiment d’accord pour que nous l’embauchions, étant donné qu’elle nous était recommandée par Elias, j’ai fini par obtenir gain de cause et cela fait maintenant plusieurs années que Céleste travaille pour nous.

Toutefois, fidèle à lui-même, Antoine n’est pas spécialement agréable avec elle et ne rate pas une occasion de faire des reproches à son sujet, alors que je n’ai jamais eu à m’en plaindre, bien au contraire. « Ma pauvre Ambre, tu es bien trop gentille avec elle ! », « Nous devrions faire appel à une entreprise, le service serait bien meilleur ! », « Je n’ai pas confiance en cette femme, elle va nous la mettre à l’envers un jour ».

Au début, j’ai tenté de lui démontrer qu’il se trompe et que Céleste est une excellente employée, sans rencontrer le succès escompté. Il l’a prise en grippe et rien ne pourra le faire changer d’avis, têtu comme il est. Aussi, nous avons adopté nos petites habitudes toutes les deux et nous nous sommes organisées pour qu’elle n’ait jamais affaire à lui.

Nous arrivons au cabinet et partons chacun en direction de nos bureaux respectifs, sans échanger un mot. Elias m’a prévenue durant le week-end que je n’ai pas de rendez-vous prévus en ce début de semaine, ce qui, du reste, m’arrange bien. Après ma descente aux enfers, j’ai besoin de retravailler pour sortir la tête de l’eau, mais je ne me sens pas prête à me confronter à nos clients dès aujourd’hui. Babou aimait la vie et si elle le pouvait, je sais qu’elle m’inciterait vivement à avancer, car la vie continue. Néanmoins, apprendre à demeurer sans elle marque un tournant dans mon existence.

Bien que je sois discrète et pas du genre à m’épancher sur ma vie personnelle au boulot, les collaborateurs croisés ce jour me saluent et prennent quelques minutes pour s’enquérir de mon état et me transmettre leurs condoléances, ce qui m’apporte un peu de baume au cœur, même si j’ai conscience que, pour la plupart d’entre eux, cela répond avant tout aux convenances sociales. D’une manière générale, je m’entends bien avec tout le monde, et nous échangeons des banalités du quotidien, mais il n’y a qu’avec Elias que j’ai développé une réelle amitié.

Plongée dans le dossier que j’ai laissé en plan la semaine passée, je farfouille dans les étagères en quête d’un document quand je suis interrompue par des petits coups sur la porte.

— Bonjour Ambre.

— Oh, bonjour Charles.

Il entre dans la pièce et vient à ma rencontre, un sourire bienveillant sur les lèvres, pour me donner une accolade chaleureuse.

— Comment te sens-tu ?

— C’est difficile, mais la vie continue.

— Si tu as besoin de plus de temps…

— Je vous remercie, mais vous savez, j’ai surtout envie de reprendre le boulot.

— En tant qu’employeur, ce n’est pas moi qui m’en plaindrais, et si cela t’aide à remonter la pente, c’est tant mieux, mais prends soin de toi avant tout.

— C’est gentil de vous soucier de moi. Ne vous inquiétez pas, je vais me remettre.

— Bien, dans ce cas, je te laisse à ton travail. N’hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit.

— Merci Charles.

Nous échangeons un sourire et il quitte mon bureau.

Depuis le premier jour, où j’ai passé mon entretien avec lui, j’ai toujours apprécié Charles Barlowski. Bien qu’il soit intransigeant dans la vie professionnelle, il n’en est pas moins doté d’une grande mansuétude à l’égard de ses proches. Tout le contraire de son fils. C’est à se demander ce qui a merdé en cours de route pour qu’Antoine se révèle si exécrable et imbu de sa personne.

Elias s’est absenté jusqu’à jeudi, en déplacement professionnel du côté de Lyon, mais il trouve le temps de m’envoyer des messages pour s’enquérir de mon état et me soutenir. Saskia en fait de même depuis Paris où elle vit et travaille depuis quelques années. Elle m’a déjà appelée trois fois depuis samedi et m’assure qu’elle est prête à redescendre au moindre signe de faiblesse de ma part. Être entourée d’amis si précieux m’apporte du réconfort en ces temps difficiles.

Néanmoins, l’ambiance reste tendue entre Antoine et moi, c’est donc seule que je pars déjeuner ce midi. J’en profite pour passer un coup de téléphone à mon père et prendre de ses nouvelles. Nous bavardons un moment tous les deux et nous donnons de la force pour avancer. Je sais qu’il s’en remettra, Papa n’est pas du genre à se laisser abattre. Il nous faudra du temps, mais nous y arriverons. Et puis, ma mère n’est jamais loin et veille sur nous également.

La journée terminée, je regagne mon domicile, sans Antoine, qui a, semble-t-il, des rendez-vous programmés jusqu’à point d’heure. Tanit vient à ma rencontre en miaulant pour se faire câliner dès que j’ouvre la porte. Pour elle aussi, c’est beaucoup de changements, toutefois, je constate qu’elle paraît s’y faire sans trop de difficultés. La maison est rangée et une odeur de propre me confirme que Céleste est passée. Elle m’a également laissé un message sur le frigo.

« Ma petite Ambre, reçois mes plus sincères condoléances. J’aimais beaucoup ta grand-mère, une femme charmante et pleine de vie. Je suis contente de voir que tu as recueilli sa chère Tanit dont elle était inséparable. Cela va être dur un moment, mais il faut que tu avances, comme Gabrielle l’aurait souhaité.

J’ai fait du rangement, ainsi que quelques courses, et je t’ai préparé le hachis parmentier que tu adores. À très vite. Céleste. »

C’est aussi pour ça que j’apprécie tant cette femme et qu’elle a toute ma confiance. Elle pense à tout et n’est pas qu’une simple employée, c’est une personne au grand cœur que j’affectionne. Céleste faisait également des heures de ménage chez Babou, ce qui soulageait bien ma grand-mère qui ne pouvait plus s’occuper seule de son intérieur. Mais maintenant qu’elle n’est plus là, j’envisage de lui proposer davantage d’heures à la maison pour lui éviter une perte de revenus. Je sais qu’elle aurait déjà pu être à la retraite si elle l’avait voulu, mais elle a prévu de travailler encore plusieurs années, le temps de finir de payer son appartement.

***

Les jours passent, le malaise entre Antoine et moi persiste. Nous n’échangeons pas un mot, seulement des regards en coin, pas franchement amicaux. C’est la première fois que nous restons fâchés si longtemps et, cela ajouté à la difficile épreuve du deuil, je suis à fleur de peau. J’ai sans cesse la boule au ventre, j’ai perdu l’appétit, n’arrive plus à dormir. Les crises de larmes et les fous rires nerveux s’enchaînent. J’aimerais pouvoir débrancher mon cerveau quelques heures pour ne plus penser à rien et sombrer dans le coma.

Le lundi soir, Antoine m’a adressé quelques mots pour me faire part de son mécontentement quant à la présence de Tanit chez nous, préférant que nous lui trouvions un autre foyer. Mais il faudra bien qu’il s’y fasse. Désormais, cette petite boule de poils fait elle aussi partie de ma vie à temps complet et il est hors de question que je l’abandonne. J’ai bien cru que j’allais l’étriper de l’entendre ne serait-ce que suggérer l’idée. Néanmoins, je me suis contentée de lui ouvrir grand la porte de notre chambre en l’invitant d’un regard noir à foutre le camp. Depuis, il dort sur le canapé dans son bureau et nous résidons tels deux étrangers sous le même toit.

La tension entre nous est palpable jusqu’au travail. Au cabinet, personne n’ose poser la moindre question et heureusement, auquel cas je me verrais dans l’obligation de les envoyer paître sans y mettre les formes. Mais j’ai conscience que les ragots vont bon train, comme partout je suppose. Sans quoi, l’humain ne serait pas ce qu’il est…

La fin de semaine approche et le vendredi matin, je me détends enfin en retrouvant Elias.

— Salut Maya ! Comment tu te sens ?

— Bof… soupiré-je en lui décrochant un sourire léger.

Je suis contente de le voir, ces quelques jours ont été éprouvants et de savoir qu’il est de retour, mon moral est en hausse.

— Tu arrives à te reposer un peu la nuit ? Tu n’as pas bonne mine du tout. Je suppose que c’est normal étant donné ce que tu traverses, mais là tu me fous carrément les jetons, choute !

C’est vrai qu’il n’a pas tort, quand j’ai vu mon reflet dans le miroir de la salle de bain ce matin, j’ai bien cru défaillir. Tous les cosmétiques du monde ne peuvent lutter contre mes yeux cernés de noir et ma tête de panda.

— Il faut laisser le temps œuvrer, philosophé-je.

Je n’ai pas trop envie de m’étaler, au risque de passer pour Calimero. Elias me connaît bien et je sais qu’il sera là si je veux me confier.

— Comment ça s’est déroulé le week-end dernier ? On a tous bien compris que tu avais besoin de solitude après les obsèques, mais il a bien dû finir par rentrer l’autre con ?

L’inimitié entre Antoine et Elias dure de longue date, avant que je les rencontre en intégrant le cabinet Barlowski. Je sais qu’ils sortent de la même promotion et qu’ils n’ont jamais pu s’encadrer dès les premières fois où ils se sont croisés sur les bancs de la fac. Pour quelle raison toutefois, je l’ignore et, à vrai dire, je m’en contrefous royalement.

— Oui, le dimanche en milieu de matinée…

— Incapable de faire l’effort d’être présent auprès de toi au pire moment, ronchonne-t-il dans sa barbe.

— Parlons d’autre chose, s’il te plaît.

Mon cœur se serre alors que je repense à ma dispute avec Antoine. Je n’ai pas envie de revenir là-dessus, mais Elias ne l’entend pas de cette oreille.

— Écoute Ambre, je sais que c’est très difficile pour toi en ce moment, mais quand vas-tu ouvrir les yeux sur ce type ? Comment peux-tu supporter de partager ta vie avec lui, alors qu’il ne te respecte pas et est incapable de te soutenir ?

— On traverse une mauvaise passe, ça finira par s’arranger, tenté-je de me justifier.

— Ça dure depuis des mois ! Regarde-toi, tu n’es plus que l’ombre de toi-même ! Tu n’as plus cette petite étincelle dans les yeux comme avant, tu es constamment à fleur de peau, à osciller entre tristesse et colère.

— Je t’en prie, arrête ! J’ai besoin d’un ami, pas d’un coach de vie ! protesté-je avec véhémence.

Le sourire sur le visage d’Elias s’est effacé, laissant la place à une mine renfrognée. L’une des principales qualités que j’apprécie chez lui, c’est son franc-parler. Pourtant, à cet instant, ses mots me meurtrissent et je me ratatine, accablée par le poids de l’abominable vérité qu’il vient de me balancer à la figure, alors même que je suis déjà au fond du trou. Je m’enfonce dans mon fauteuil et ferme les yeux en me massant les tempes. Les larmes s’amoncellent derrière mes paupières closes. Elias s’approche de moi et me prend dans ses bras, sans que je lui oppose de résistance.

— Excuse-moi Ambre, je ne voulais pas te blesser, mais Saskia et moi, on se fait du souci pour toi. Babou te manque terriblement, mais tu ne dois pas sombrer dans la déprime. Et surtout, il faut que tu arrêtes d’être gentille au point d’accepter que l’autre naze te méprise à ce point. C’est malsain !

Je lève les yeux vers mon ami et perçois sans difficulté l’inquiétude sur les traits de son visage. Je sais qu’il a raison, mais l’entendre de sa bouche n’en reste pas moins douloureux à encaisser.

— Viens Maya, allons prendre un café en terrasse, un peu de vitamine D te fera du bien.

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