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Chapitre 3. Vieille charogne !

Chapitre 3. Vieille charogne !

Veröffentlicht am 9, Aug., 2024 Aktualisiert am 12, Aug., 2024 Romance
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Chapitre 3. Vieille charogne !

Quand nous arrivons à l’agence des pompes funèbres, Louise est déjà là, à trépigner d’impatience à côté de sa cathomobile, arborant son air pincé habituel et son chignon tiré à quatre épingles. Elle n’aura jamais besoin de lifting cette vieille peau…

J’ai quand même du mal à imaginer qu’elle est sortie du même utérus que mon père. Et pourtant, la ressemblance entre eux est frappante. Il n’y a donc aucun doute quant au fait qu’ils sont frère et sœur, tout en étant tous les deux très différents.

Ma tante Louise a cinquante ans et correspond en tout point au stéréotype de la grenouille de bénitier, mère de famille catho tradi. Avec son mari Eudes, ils se sont reproduits pas moins de sept fois ces vingt-cinq dernières années et n’ont jamais raté une messe le dimanche. Mes grands-parents, épicuriens pratiquants, se sont longtemps demandé pourquoi leur fille avait préféré se tourner vers Dieu et le missionnaire pour le restant de ses jours, alors qu’il est si bon de jouir des plaisirs de la vie. Elle n’a pas toujours été comme ça pourtant, c’est le mariage qui l’a rendue chèvre.

Depuis ce jour, les relations avec leur progéniture se sont dégradées et ils n’ont que très peu profité de mes cousins et cousines, excepté au moment des fêtes de Noël, parce qu’il fallait bien se déplacer pour récupérer les étrennes.

Papa stationne la voiture sur le parking de l’agence funéraire et nous allons à la rencontre de ma tante. Elle ne me quitte pas des yeux à mesure que j’avance vers elle. Je perçois le dégoût dans son regard. Pour elle, je ne suis qu’une « bâtarde illégitime enfantée par une pécheresse. » Ce sont les mots exacts qu’elle a prononcés lors du dernier Noël que nous avons fêté tous ensemble, il y a maintenant près de seize ans.

J’avais tout juste vingt ans et je discutais dans un coin tranquille avec ma cousine Marie-Louise, première-née de la fratrie, de cinq ans ma cadette, et déjà très au fait des choses de la vie. Sous ses airs de ne pas y toucher, Marie-Louise avait des relations pas très catholiques avec son julot pendant que la tantine se lavait les mains dans le bénitier tous les dimanches.

Elle m’avait avoué qu’elle fricotait et me posait plein de questions sur la sexualité. C’est sûr que ce n’est pas sa mère qui aurait pris les devants à ce sujet. Et voilà qu’en cousine aimante et complice, j’ai expliqué à Marie-Louise l’importance de recourir aux préservatifs pour éviter le couvent, mais aussi et surtout les IST. J’ai tenté de lui en fournir quelques-uns discrètement, mais c’était sans compter sur la vigilance de l’œil de Moscou qui avait bien compris que quelque chose se tramait près du sapin.

Pour ne pas attirer davantage d’ennuis à Marie-Louise, j’ai endossé l’entière responsabilité et sa mère a vociféré des insultes à mon encontre telle une furie possédée par le diable en personne. Je ne me suis pas démontée pour autant. Un « spectacle de qualité » avait reconnu Papy, incapable de contenir un fou rire en voyant la tête de ma tante après que je lui aie suggéré qu’un bon coup de quéquette lui serait profitable.

Depuis ce fameux Noël et bien qu’elle habite en banlieue bordelaise, les relations entre Louise et moi sont inexistantes. Je sais qu’elle passait quelques appels à Babou de temps en temps, plus pour se donner bonne conscience que par réelle inquiétude.

— Ah quand même, ça fait dix minutes que j’attends. Qu’est-ce qu’elle fait là, celle-ci ? s’agace-t-elle en me fusillant du regard.

Ouh là, va pas falloir qu’elle me chauffe de trop la bigote, sinon ça va péter !

Je serre les poings et me mords les joues pour me contenir.

— C’est ma fille, Louise. Elle a le droit de m’accompagner pour organiser les obsèques de Maman.

— Si tu le dis. Allons-y, j’ai des courses à faire cet après-midi.

Mais quelle garce cette bonne femme ! Sa mère vient de mourir et tout ce qui la préoccupe, c’est de faire des achats ? Mais qu’elle la taille en biseau pour se la fourrer bien profond sa putain de liste de courses !

Je bouillonne de rage, le corps agité de tremblements. J’ai tellement envie de lui bousiller la tronche ! Je sens les doigts de mon père se refermer sur mon avant-bras pour m’intimer de ne rien dire. Je prends sur moi pour le préserver, mais elle ne perd rien pour attendre cette connasse !

— Mesdames, monsieur, comment puis-je vous aider ? nous demande poliment l’employée funéraire quand nous entrons.

— Bonjour, je suis le fils de Gabrielle Jaeger. Et voici ma sœur et ma fille. Nous venons accomplir les formalités pour l’organisation de ses obsèques.

— Ah oui, madame Jaeger. Je suis sincèrement désolée, recevez toutes nos condoléances. Veuillez me suivre dans le bureau, je vous prie.

Nous nous asseyons, Papa et moi d’un côté, Louise de l’autre. Je devine dans ses yeux que l’employée a tout de suite saisi qu’il y a de très gros problèmes relationnels entre nous.

— Madame Jaeger avait-elle souscrit un contrat obsèques ?

Le silence s’installe. Ni mon père ni ma tante ne sont au courant de quoi que ce soit à ce sujet, contrairement à moi.

— Non, nous avions simplement procédé au renouvellement de la concession auprès de la mairie, commencé-je.

Louise me fusille du regard, Papa soupire. Connaissant les dernières volontés de Babou et le voyant si éploré par la situation, je décide de prendre les choses en main.

— Souhaitait-elle une inhumation ou une crémation ?

— Inhumation, s’empresse de répondre ma tante.

— Crémation, se risque à dire mon père.

— Mais non, Gustave ! Tu sais bien qu’elle voulait la même chose que Papa.

— Justement… je te rappelle qu’il a été crématisé, observé-je en déployant des trésors de patience pour ne pas m’emporter.

— Bien, dans ce cas, partons sur une crémation alors, ponctue-t-elle en affichant une moue agacée.

— Souhaitez-vous une cérémonie d’adieux avant ?

— Oui, s’empresse de dire Louise. Une messe à l’église.

Mon père et moi échangeons un regard. Il est clair qu’il est contre cette idée. Mes grands-parents n’ont jamais été de fervents serviteurs du culte, prétendant même que le seul but de ses rituels religieux consistait à émouvoir les familles pour mieux ponctionner leurs deniers.

— Non. Simplement un recueillement.

— Gustave, peux-tu dire à ta fille de se taire, s’il te plaît ?

— Hors de question que je la boucle, tu ne sais rien de ce que Babou désirait. C’est à se demander pourquoi tu es venue avec nous ici…

Mon ton sec lui coupe le sifflet et Louise se renfrogne sans rien ajouter. La pauvre employée est terriblement gênée que nous lavions notre ligne sale devant elle.

— Voulez-vous que je vous laisse un instant pour que vous puissiez vous entendre ?

— Non, ça ira, merci. Nous optons pour une crémation, sans cérémonie. Un recueillement dans la stricte intimité au moment de la fermeture du cercueil et de la pose des scellés. Nous désirons également faire paraître un avis dans la presse dès demain et autoriser les visites à la chambre funéraire avec mise à disposition d’un registre de condoléances. L’urne sera ensuite inhumée dans notre caveau familial.

— Bien madame, me répond l’employée. Et concernant la déclaration du décès de madame Jaeger en mairie, souhaitez-vous nous mandater pour le faire ?

— Je m’en occuperai moi-même ce jour, poursuis-je en serrant la main de mon père dans la mienne.

Ma tante se tient raide comme la justice, vexée de ne pas avoir son mot à dire. L’employée achève de préparer le devis dans un silence pesant. J’ai hâte que cela se termine, le chagrin m’oppresse et les larmes menacent de couler à tout moment. Nous donnons nos coordonnées et mon père appose sa signature en bas du document. Les obsèques auront lieu dans trois jours, le vendredi en début d’après-midi.

— Pour le règlement, vous souhaitez procéder de quelle manière ?

J’attrape mon chéquier dans mon sac à main.

— Ambre ce n’est pas à toi de payer, formule doucement mon père en sortant le sien.

Je note que de son côté, la tantine ne se précipite pas pour débourser de l’argent. Par contre, pour ouvrir la succession, à coup sûr, elle sera la première à contacter le notaire…

— Tu es sûr ?

— Oui, ne t’en fais pas pour ça.

Les formalités terminées, nous remercions l’employée et quittons le magasin funéraire.

— Vous serez quand même tous présents pour dire au revoir à Babou ? demandé-je froidement à Louise.

— Bien sûr.

— À vendredi, dans ce cas. Allons-y, Papa, on doit encore se rendre à la mairie puis récupérer Tanit.

Sans un regard pour ma tante, je monte en voiture et m’installe côté chauffeur.

— Je vais conduire, tu n’es pas en état pour ça.

Je démarre le moteur. Il tombe lourdement dans le siège passager et nous partons.

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