Dans le jardin d’Aveleen, fleurissent la Rose, l'Orchidée, la Tulipe et la Pensée,

parmi d’autres fleurs tout aussi rayonnantes, offrant leurs couleurs aux curieux butineurs

qui, passant une tête par-dessus la clôture, s’émeuvent et projettent d’en saisir la luxure.

Mais dans le décor du jardin merveilleux, il est une Hellébore* dont personne ne veut.

Comment rivaliser avec tant de beauté, elle, dont la couleur demeure obscurité ?

Qui aimerait une fleur sombre comme la nuit quand il est tant de ses sœurs belles comme la vie ?

La Rose ricane avec l’Orchidée, la Tulipe la snobe, tout comme la Pensée.

Alors, sans espoir, au pied du saule pleureur, l'Orientale noire attend doucement son heure.

Au fil du temps, les pimpantes orgueilleuses, cumulant compliments et louanges flatteuses,

se mirent et s’admirent dans des eaux cristallines, prennent la pose et attirent de nouveaux lèche-vitrines :

papillons et bourdons s’en viennent leur faire la cour, il est même un garçon qu’en cueillit une un jour.

Elles sont célébrités au jardin d’Aveleen, au pied des cerisiers, elles passionnent, elles fascinent.

Et voilà qu’un soir, un curieux visiteur, qui passait au hasard d’une envie de douceur,

se présenta aux starlettes plantureuses, qui ne manquèrent pas de jouer les aguicheuses.

La Rose, l’Orchidée, la Tulipe, la Pensée dansèrent de la tige pour ce bel étranger,

offrant donc ainsi, au joli Colibri, le droit de choisir le fruit de ses désirs.

« Si tu cherches l’amour, cueille donc la Rose, elle est la promesse de tant de tendresses ! »

« Pour le plaisir, viens à l'Orchidée. Elle saura y faire pour te satisfaire. »

« Des émotions fortes avec la Tulipe ? Elle n’aura de cesse de repousser les limites »

« De l’admiration ? Des flatteries à foisons ? La Pensée sait les mots pour flatter ton égo »

Mais le Colibri, gentiment, déclina les invitations de ces quatre Divas.

On ne choisit pas d’avoir des sentiments comme un plat sur la carte d’un grand restaurant.

Épuisé de voler, au milieu des avances de demoiselles n’ayant pour elle que leurs belles apparences,

il alla reposer, sous l’arbre-chagrin, ses petites ailes fatiguées de battre en vain.

C’est alors qu’il la vît, voûtée dans la pénombre, la triste Hellébore, isolée du monde.

Sur ses pétales-nuit, quelques perles de pluies reflétaient la lumière de l’astre lunaire.

« Et toi l’étrangère, qu'à tu donc à offrir ? La magie, le mystère ? Ou peut-être un sourire ?

— Je n’ai rien à donner que ce que je suis, une fleur fanée, dont personne n'a envie. »

Alors, le Colibri l’entoura de son aile, et lui conta ses voyages :

« De toutes les beautés des quatre horizons, je n'ai su trouver pareille vision.

Car, même en ce lieu, ce jardin merveilleux, il n’est aucune fleur n’ayant ta couleur. »

L’Hellébore et le Colibri vécurent donc ainsi, l’amour éternel de la terre et du ciel.

Qu’importe ton apparence et ton estime de toi, quelles que soient les souffrances que tu ressentiras,

reste toi-même, petite fleur, et un jour, toi aussi, tu fleuriras le cœur d’un petit Colibri.

image créer par Chat GPT

*L'hellébore est une plante appartenant au genre Helleborus de la famille des Renonculacées. Les hellébores sont souvent connues pour leurs fleurs hivernales ou de début de printemps. Elles sont appréciées dans les jardins pour leur capacité à fleurir même en période froide. Les fleurs peuvent varier en couleur, incluant le blanc, le vert, le rose, le violet et même presque le noir. Les hellébores sont souvent utilisées dans les jardins pour apporter de la couleur pendant les mois les plus sombres de l'année.

L'hellébore noire, également connue sous le nom de rose de Noël, symbolise le mystère et la magie avec ses pétales sombres et intrigants. Elle est perçue comme une plante protectrice dans certaines traditions et est associée à la résilience et à la renaissance, car elle fleurit en hiver, surmontant les conditions difficiles. L'hellébore noire incarne une beauté sombre et élégante, représentant également l'originalité et l'individualité par sa différence marquante.

gramm. : Le mot "Hellébore" est masculin. On dit donc "un hellébore". Dans le texte, j'ai choisi de conserver "une Hellébore" pour mettre en valeur le contraste entre le féminin de la fleur et le masculin de l'oiseau, renforçant ainsi l'effet poétique et symbolique de leur amour. Cela dit, le texte aurait tout aussi bien pu être écrit au masculin.

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