chapitres VI et VII
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chapitres VI et VII
CHAPITRE VI : Où l’aventure existe au pied de chez vous
Quelques jours plus tard, juste avant l’aube, Monsieur Dupont met une pince coupante dans la poche de son treillis et rejoint son territoire d’aventure.
Il poursuit ses cercles autour du rocher et chute lourdement à cause d’un dénivelé camouflé par un roncier de belle taille. La chute est amortie par les ronces, lui évitant une blessure immobilisante, mais il en est sérieusement griffé au visage.
Il tente de se glisser derrière les ronces pour se faire une idée du trou qu’elles cachent. Il lui semble apercevoir un ensemble métallique, largement camouflé par plusieurs troènes et un laurier, encerclés par des fougères.
Il ne se résout pas à arracher les plantes épineuses et à déranger le fourré. Sans doute car ne disposant pas des gants et outils protecteurs mais également, presque consciemment, pour conserver le secret de sa découverte.
Il lui semble, en effet, déceler la main de l’homme dans cet agencement de plantes. La disposition et surtout les troènes, donc feuilles persistantes, qui ne sont du plus naturel, le lui laisse à penser !
Il définit les outils nécessaires pour sa future exploration.
Il poursuit, par acquit de conscience, ses recherches sur le plateau et découvre un autre accès fermé par une grille de forte constitution mais au cadenas beaucoup plus frêle que nécessaire.
Il ajoute une scie à métaux aux instruments à prévoir.
Il s’en retourne chez lui, pour trier les documents du carton ramené de chez sa sœur.
Sur son chemin, il fait l’acquisition d’un sac à dos dont la nécessité se fait sentir pour ses futures recherches.
En rentrant il croise sa voisine du dessous, Julie Extran, qui semble toujours aussi avenante à son égard et dont le charme ne le laisse pas indifférent non plus. Il se promet de l’inviter depuis des semaines, sans jamais avoir eu le courage de passer outre sa timidité de chômeur.
Cette dernière lui pose des questions sur l’origine des griffures qui ornent son visage, pour lesquelles sa réponse ne semble pas convaincante.
Décidément, se dit-il, la vérité n’a aucun attrait et en tout état de cause, n’est nullement crédible.
Ayant déjà engagé sa clef dans la serrure de sa porte, elle l’invite à entrer pour lui apporter les soins qu’elle assure indispensables et urgents.
Il ne peut résister à cette proposition et pénètre dans l’appartement qui lui est ouvert autant que son hôtesse.
Après les premiers soins réalisés avec une douceur de bon aloi, et un apéritif désinhibant, notre héros se laisse aller à proposer de diner en ville.
La maitresse de maison lui indique qu’elle a fait des courses conséquentes et qu’un repas pouvait être offert en quelques instants, sans avoir à sortir.
Ne trouvant plus de raison pour se refuser l’un à l’autre, les deux adultes consentants passèrent une soirée délicieuse de découverte et d’oubli.
Au petit matin, il s’échappa de la douceur des bras de sa partenaire pour rejoindre son appartement et la laisser se préparer pour ses activités quotidiennes.
Il lui laissa un petit mot tendre et tourné pour espérer d’autres soirées et nuits.
Il s’attaque, immédiatement, à un premier tri des documents du carton.
Parmi les pièces se trouve une sorte de schéma accompagnant une lettre sans date qui était adressée à son arrière-grand-père, comme le fait comprendre le prénom.
Le message à peine lisible, et aux termes camouflés, semblait vouloir communiquer un plan.
Il réussit à décrypter les mots d’une phrase dont la teneur lui restait cependant incompréhensible, où il était question d’un chemin d’accès à la cave…
De quelle cave s’agissait-il ? La discrétion des termes, et leur côté vague, pouvait faire penser à la période de la guerre et de la résistance, mais son arrière-grand-père n’avait pas eu besoin de cela pour nourrir le maquis.
Il a cependant une impression de déjà-vu. Ce dessin lui dit quelque chose.
Sa sœur et de son beau-frère étant partis en villégiature, sans, bien sûr, l’autoriser à continuer ses recherches, il ne pouvait que se consacrer aux recherches extérieures et à la lecture et étude des documents du carton.
Sa nouvelle relation le déconcentrait fortement de ses projets initiaux et l’occupait presque chaque soir, et tout le temps nécessaire pour rêvasser ou pour organiser l’accueil de Julie, chez lui ou se rendre chez elle.
Il se racontèrent leurs vies, qui n’était pas satisfaisante pour Julie dont la vie affective, inexistante depuis plus de 2 ans, n’avait été qu’une série de mensonges tant de la part de son compagnon de la longue période précédente que de ce qu’elle avait voulu se convaincre.
Arrivée à son âge, elle ne pouvait plus espérer fonder une famille et se donnait à fond dans son boulot.
De son côté, ce dernier qui, lui non plus, n’avait plus de relation durable, était devenu, grâce à de simples soins, l’enfant que tout homme rêve de rester auprès d’une femme aimante, tout en souhaitant être le protecteur indestructible de la femme qu’il aime.
Il souffrait d’autant plus de sa situation de chômage, mais Julie avait réussi à faire de lui son héros sur la foi des recherches qu’il effectuait dans ses archives.
Le lien qui les unissait se renforçait chaque jour et ils en arrivaient même à une sorte de télépathie où les mots n’étaient plus que des confirmations.
Elle lui proposa de l’accompagner pour ses 2 semaines de vacances, qu’elle avait prévu de passer sur la côte, où elle disposait d’un appartement. Elle ressentait un bien-être absolu en sa présence.
Tout en lui précisant qu’elle annulerait tout s’il avait des obligations qui leur imposeraient une séparation pour une période trop longue !
A leur retour, début septembre, il ne pouvait plus y avoir aucun doute quant aux liens qui les unissaient.
De vrais adolescents en quête d’une aventure commune, pour regarder le même horizon et chercher le rayon vert[1].
Il n’avait, pourtant, pas abordé le sujet de ses recherches de façon détaillée. Il en était resté aux grandes lignes. Ils avaient trop à se découvrir l’un l’autre.
Il disposait cependant d’un soutien indéfectible face à la lourdeur de l’administration, dont elle savait, par sa fonction importante dans l’administration d’Etat, à quel point certains profitaient pour noyer les « administrés » sous les contraintes.
Elle lui proposa de s’adresser directement au maire qu’elle connaissait personnellement. Ce qu’il refusa par fierté et en arguant de l’association.
[1] Jules Vernes le décrit dans plusieurs romans dont « Les Indes noires » 1877 et « Le rayon vert » 1882
CHAPITRE VII : Où l’aventure est à peine plus éloignée.
Quelques jours après leur retour en leurs pénates, notre explorateur du plateau, équipé, tant en boisson et barres nutritives qu’en outils, rejoint son territoire d’aventure avec une forme d’impatience déclenchée par la vue de la grille.
Le cadenas ne résiste pas longtemps, mais la grille, elle, est beaucoup plus tenace. Après avoir tiré, gratté, poussé, dégagé les cailloux et autres racines, pendant plus d’une heure, il parvient enfin à se glisser dans l’entrebâillement obtenu.
Il allume sa lampe pour lutter contre l’obscurité immédiate.
Il s’agit bien de la carrière de pierre calcaire, qui a permis la construction de nombre de bâtiments de la ville.
Les entailles et entames sont parfaitement visibles dans la roche et cela dès l’entrée.
Il avance dans le tunnel qui se divise au bout de quelques mètres. Il prend à droite pour tenter de se rapprocher de l’endroit où devrait se trouver le métal du roncier, qui lui semble logiquement, être une porte.
Il décide de toujours prendre à droite pour avoir le plus de chances de découvrir ce que cache la porte.
Il y a quelques failles et écoulements d’eau très régulièrement sur le chemin, expliquant sans doute les chandelles et autres chapeaux, renforçant les galeries.
Il prend la précaution de laisser une trace du chemin emprunté, à chaque virage ou bifurcation.
Un dernier croisement et la lueur de sa lampe se réfléchit sur une surface brillante.
En s’approchant, il s’étonne de l’état neuf de ce qui est bien une porte.
En éclairant lentement chaque partie, il remarque une sorte de levier et ce qu’il comprend être le début d’un rail.
Il n’ose manipuler cette poignée, inquiet qu’il est de déclencher une alarme. Lecteur assidu de romans policiers classiques et de Sherlock Holmes, il éclaire tous les interstices, et pourtours de la porte.
Il remarque, enfin, un fil qui dépasse à peine au bas, à gauche, de la porte. Avec sa craie, il marque l’emplacement et actionne l’ouverture.
La porte est une porte coulissante qui s’efface dans la paroi, à sa droite, presqu’en silence, seulement troublé par un chuintement hydraulique.
Le roncier, vu de ce côté est parfaitement pénétrable…
Il remarque une micro caméra dirigée vers l’extérieur et se félicite ne n’avoir pas tenté, la veille, de traverser le roncier pour atteindre cet autre accès.
Il vérifie cependant si son passage pouvait avoir été filmé, et pense que non, avec une certaine satisfaction.
Il se sent pousser les ailes d’un Benjamin Gates ou d’un Indiana Jones[1].
Il récupère le fil et après l’avoir humecté, le colle à son emplacement initial, en vérifiant que son extrémité ressort à l’extérieur, puis ferme la porte.
Il profite de l’occasion pour poser son propre repère.
Il retourne sur ses pas et traverse le croisement précédent en supposant que la porte devait être dans l’axe du chemin de celui qui l’avait installée.
Au bout d’un centaine de mètres, il parvient à un embranchement en Y, dont la barre de droite est légèrement arrondie, ce qui déclenche chez lui, une réflexion attentive.
Après quelques secondes, il comprend son hésitation et vérifie sur son portable, la photo du schéma trouvé dans le carton et de celle des plans photographiés aux archives.
Il lui faut reconnaitre une forte ressemblance, mais comparer un simple plan manuscrit et la réalité éclairée par le faisceau d’une lampe torche, n’est certes pas totalement convaincant.
Il lui faudra faire l’acquisition d’une lampe type mineur, pour avoir une vue d’ensemble[2].
Il s’avance cependant dans la branche de droite de la bifurcation qui se prolonge sur une centaine de mètres avant la fin apparente de la galerie de taille.
Les blocs, encore en place, ferment l’accès en formant des escaliers. La pierre ne devait pas offrir la qualité attendue, expliquant ces prélèvements interrompus.
Il décide de ressortir de la carrière pour déjeuner, et fait donc la chemin inverse, en hésitant à plusieurs reprises sur les directions, du fait de la difficulté à retrouver ses repères avec cet éclairage trop concentré.
De plus, en fin de parcours, il sera amené à utiliser la lampe de son portable pour faute d’énergie de sa torche.
Son autosatisfaction du début, à la Indiana, s’évanouit dans les limbes de l’inconscience d’avoir laissé les anciennes piles, sans prévoir leur fin de vie…
En sortant, il replace le cadenas en cachant sa destruction autant que faire se peut, et en fait une photo pour pouvoir le remplacer à l’identique.
Il s’éloigne, ensuite, vers la petite source dont il a découvert l’existence la veille.
Il se rend compte que les barres chocolatées ne sont définitivement pas adaptées à la poésie des lieux et à sa quête aventurière.
Le sac à dos sera organisé bien différemment la prochaine fois.
[1] J’espère que vous avez eu le plaisir de vous détendre devant ces films…
[2] Il lui faudra, sans doute, la commander ou prendre une lampe tempête.