CHAPITRE XIV
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CHAPITRE XIV
CHAPITRE XIV : Où il est indispensable de connaître l’Art de la Guerre
La meilleure façon de gagner une guerre est de ne pas avoir à la mener.
Mais cela ne fonctionne pas toujours !
Le Maire, après avoir signé différents courriers et ordres de mission d’un œil distrait, plonge dans ses réflexions.
La situation ne lui est pas des plus favorables, impliqué avec passion qu’il est dans la gestion de sa ville.
Il se doit de reconnaitre qu’il n’a pas vu venir les coups et constate qu’il est grand temps de prendre une décision.
L’alternative est simple. Il prépare le combat électoral et met en place tous les moyens nécessaires, ou bien, il fuit la bataille qui s’annonce et ne se représente pas.
D’un côté, son tempérament de lutteur, de chef d’entreprise, le porte à se battre et ce d’autant que sa vie de famille se limite aux pensions alimentaires et aux conflits tant personnels que judiciaire.
De l’autre, ce monde de la politique dans lequel il s’était engagé avec une naïveté certaine, finit par le répugner et ne lui permet pas de vivre la suite de son existence de façon égoïstement personnelle.
Se remémorant diverses attitudes, interventions ou remarques de ses adjoints, ou des agents municipaux, il lui apparait que beaucoup s’attendent à son abandon du champ de bataille.
Mais le souvenir de son entretien avec le gardien de nuit, souligne qu’il n’est pas totalement isolé et qu’il peut, peut-être, bénéficier de soutiens internes, outre, quand même, des votes de bon nombre d’électeurs de la commune.
Il sait parfaitement disposer d’une force de conviction importante et d’une image encore suffisamment positive.
Par ailleurs, il lui répugne d’abandonner et de laisser le champ libre à ces …
Il lui devient d’une aveuglante évidence, indispensable, de s’éloigner suffisamment de ses activités administratives de maire, pour trouver le temps de se montrer aux électeurs en circulant en ville et de retrouver le contact direct qu’il avait créé lors de sa première campagne.
Il lui faut, également, au regard de ses forces, dans ce cas de décision de poursuivre sa carrière d’élu, faire le tri parmi son entourage municipal.
Sans doute manipulé par le 3ème adjoint, il a trop distribué de postes et se trouve dorénavant dans l’incapacité de les favoriser plus !
Mais cette situation imposera à cet adjoint, fort probablement candidat futur, les mêmes contraintes. Sous la réserve majeure que cet individu soit disposé à tenir ses promesses !
Il lui vient, en effet, à l’esprit que, si aucun cadeau n’est plus possible aux membres actuels du conseil municipal, le 3ème adjoint a, sans doute, prévu de changer profondément l’équipe municipale[1].
Il pourra en tirer argument, contre lui, en laissant planer le doute, pour retenir certains élus de son équipe municipale d’officialiser leurs trahisons.
Il est, cependant, probable, avec son changement de parti, que l’objectif du 3ème soit de s’attirer les faveurs de ces écologistes citadins, sinon, même, de les intégrer dans sa liste, sous forme de membres de la « société civile ».
La rue Monorgueil en serait la première étape, avec, sans aucun doute, l’aide du 14ème sous-directeur de la préfecture qui, par amour, ne manquera pas d’utiliser les moyens de sa fonction…
Toujours est-il qu’il ne peut attendre la publication d’une liste pour réagir.
Il faut absolument qu’il découvre ce que voulait lui dire le gardien. Son attitude est clairement celle d’une personne détenant des informations, dont le maire ne doute pas de l’intérêt pour faire le tri dans son entourage.
Ces pensées sombres initialement, et même déprimantes, deviennent avec cette réflexion, une nouvelle motivation pour choisir de poursuivre sa mission municipale.
Il lui faudra non seulement préparer l’opinion et s’assurer suffisamment de voix, mais également et surtout, tenter d’enlever au 3ème adjoint toute velléité de se présenter, en lui coupant l’herbe, si verte, sous le pied…
Il ne doute pas, par ailleurs, que cet adversaire, presque déclaré, a le même objectif, et a déjà commencé, de le décourager de se représenter[2].
Le temps restant avant les prochaines échéances est suffisant pour, en s’installant au bord de la rivière, voir passer le cadavre de son ennemi ! Même si une crue est parfois souhaitée, pour accélérer un peu…
Le maire, sensibilisé par monsieur Dupont sur le sentiment d’incompétence des services municipaux, avait décidé de s’occuper personnellement de la question de la plaque de la rue Monclar.
Il s’agissait à l’évidence d’une intervention primordiale, au vu de l’audience et de la notoriété de l’association créée par son interlocuteur.
Cela devenait aussi important que de lutter contre le sentiment d’insécurité, pour les prochaines échéances.
Il exigea de son secrétariat, de lui apporter, séance tenante, tout le dossier et les comptes-rendus des réunions.
Dès qu’il vit le premier document, son sang ne fit qu’un tour, de constater formellement, ce que lui avait raconté monsieur Dupont, à savoir les stupidités administratives exigeant un titre de propriété ou un bail pour informer la mairie d’un besoin d’intervention.
Son ancienne sérénité fondant comme neige au soleil du mois d’août, il accumulait les lectures des réunions et se demanda comment il avait pu passer à côté de cette irrémédiable suffocation de toute efficacité…
Indirectement, cela le confortait dans sa décision de se représenter et lui donnait un axe de campagne.
Mais, parallèlement, il ne pouvait que se rendre compte que son 3ème adjoint, qui avait fermement refusé d’être le premier, pour, sans aucun doute, pouvoir agir plus discrètement et pouvoir se dissocier aisément de l’équipe actuelle, l’avait totalement non seulement manipulé mais également cloisonné dans sa tour d’ivoire et éloigné des électeurs.
Il lui fallait absolument reprendre en main l’organisation de la mairie, et analyser la situation dans son ensemble.
Dans un premier temps, il devait disposer de toutes les informations dont les organigrammes et listes des services, adjoints et autres commissions.
Il avait laissé le 3ème adjoint s’occuper de cette partie, en lui donnant par la même occasion le pouvoir de rendre redevables, nombre des élus !
La guerre semble mal engagée ! Mais le courage, la volonté et surtout le secret peuvent renverser des montagnes.
Pouvait-il faire suffisamment confiance au secrétaire de mairie pour se renseigner ?
N’allait-il pas immédiatement transmettre l’information à un candidat sérieux, à un futur maire ?
Son intention de la veille de déjeuner avec son ami commandant de police, devenait dorénavant une nécessité urgente.
Il restait persuadé que chacun trainait plus ou moins de casseroles et que nombre de cadavres remplissaient les placards.
Avant toute chose, il est indispensable de disposer d’un moyen de pression ou plutôt de contrôle sur le secrétaire de mairie, pour s’assurer d’une fidélité naturelle ou imposée.
Ensuite, il lui faut préparer des dossiers sur différents conseillers et adjoints, après avoir fait la liste des plus urgents.
Il ne peut imposer, à son ami, une enquête sur chaque, mais il est persuadé qu’une bonne soirée lui apportera quelques pistes et limitera certaines velléités de trahison.
Il prendra, ensuite, toutes les dispositions utiles.
Il téléphonera de chez lui sur son autre portable, en se souvenant que le fils du commandant vient juste de créer une entreprise de nettoyage industriel et de bureaux.
[1] On sait à quel point les politiciens ont le bien public chevillé au corps. Pour cela, il faut, parfois, sacrifier certains pour renouveler l’attrait charismatique du « chef »
[2] Il n’aura pas le même souci qu’un certain président de se retirer face à un dossier. Et d’être obligé d’attendre que l’adversaire ne puisse plus se représenter…